C’est dans le district de Yangqu en Chine que prendra place un immense barrage hydroélectrique de 180 mètres de haut. Sa particularité ? Il sera construit sans faire appel à aucune main-d’œuvre humaine. Sa conception se fera grâce à un processus de fabrication additive utilisé dans l’impression 3D. Des machines contrôlées par IA érigeront ensuite la structure couche par couche.
L’impression 3D consiste à reproduire un objet modélisé sur ordinateur grâce à la superposition de couches de matière. Alors qu’à ses débuts ce procédé utilisait des matériaux non propice à un usage intensif, depuis 2010 la précision d’impression et la typologie des matériaux augmentent et avec elles ses champs d’application. Ainsi, la fabrication additive se développe dans le monde entier et ce, dans tous les domaines comme la médecine, l’agroalimentaire ou encore la construction.
Dans le domaine de la construction justement, de nombreux projets ont pu voir le jour grâce à cette technologie. On pense notamment à l’immense mairie édifiée en 2019 à Dubaï, devenant alors le plus grand bâtiment imprimé au monde (640 mètres carré), mais aussi au premier pont rétractable imprimé en 3D dans le parc Wisdom Bay de Shangha ainsi qu’au grand pavillon de Nanjing, deux constructions érigées en Chine et qui démontrent bien l’intérêt que porte cette grande puissance pour cette technologie.
Intérêt qui ne cesse de croître puisqu’un nouveau projet est en cours, celui d’un immense barrage hydroélectrique qui fournira chaque année près de 5 milliards de kilowattheures d’électricité à la province du Henan, au centre-est du pays.
Un chantier complètement autonome grâce à l’impression 3D et l’IA
Pour ce projet titanesque, les chercheurs ont dû concevoir « la plus grande imprimante 3D du monde ». Ce système d’impression 3D utilisera « des robots intelligents pour le remplissage rapide et efficace de grands projets de construction » tel qu’il est rapporté par les chercheurs en charge du projet dans le Journal de l’Université de Tsinghua.
Ainsi c’est la combinaison de deux technologies, comme le précise le South China Morning Post qui seront à l’œuvre. Le chantier sera complètement autonome car exécuté par un système central d’IA qui sera en charge d’une chaîne de montage automatisée et complexe libre de toute intervention humaine et incluant une flotte de véhicules sans conducteurs. Des rouleaux équipés de capteurs aideront à presser chaque couche du barrage et et afin de s’assurer du bon déroulement des opérations, l’IA analysera chacun de ces capteurs.
De cette façon les chercheurs espèrent répondre à plusieurs problématiques : éliminer les erreurs humaines et supprimer le problème de sécurité pour les travailleurs.
Chine recherche main-d’oeuvre désespérément
Il est vrai que faire appel à cette technologie offre de nombreux avantages, en plus d’augmenter la vitesse de production, d’éviter les erreurs ou encore les dangers liés à ce type de construction, l’impression 3D laisse envisager un secteur du BTP plus économe et plus écologique.
Mais ce qui préoccupe surtout la Chine (dont les centrales représentent près de 31% de l’hydroélectricité produite dans le monde et 17% de la production d’électricité du pays) c’est sa main-d’œuvre qui se fait de plus en plus rare dans le secteur.
Entre une population vieillissante, des conditions de travail très pénibles et un développement économique accéléré, les conflits entre les employeurs et les employés ont pris une place significative. On comprend mieux alors l’intérêt de la Chine à développer les innovations technologiques de la fabrication additive qui devraient permettre à la fois d’apaiser les tensions mais aussi de continuer à faire tourner les industries de cette grande puissance économique.