Instagram préviendra dorénavant les comptes professionnels en cas de non-respect des règles de la communauté. Faisant reposer leur modèle économique sur les Reels ou Explorer, les influenceurs étaient particulièrement touchés lors d’un shadowban et pourront désormais modifier leur post avant la mise en ligne pour l’éviter.
Passer d’un millier de Likes à une centaine pour aucune raison apparente peut faire partie du quotidien des influenceurs. Rappelons qu’Instagram n’a jamais réellement confirmé l’existence du shadowban sur sa plateforme, bien que de nombreux influenceurs soient touchés par de mystérieuses chutes d’engagement. Pour résoudre ce problème majeur, Instagram propose à présent de prévenir en amont si la visibilité d’un contenu sera affectée. Qu’est-ce que cela change ? Instagram pense-t-il vraiment au bien-être de ses créateurs ?
Un message de prévention pour les influenceurs
Le modèle économique des influenceurs Instagram repose en grande partie sur la mise en avant des Reels et d’Explorer. Mais lors d’un shadowban, la publication se retrouve dénuée d’exposition sur le réseau social et prive donc l’influenceur de nouveaux abonnés (voir d’anciens si la publication n’apparait pas dans le fil d’actualité des abonnés).
Les Reels sont les vidéos qui apparaissent soit directement sur votre fil d’actualité, soit dans l’onglet dédié (le clap vidéo avec un bouton play)
Explorer est le mur de photos et vidéos affiché dans l’onglet recherche. Il contient aussi l’ensemble des « Publications suggérées » qui s’affichent lorsque vous scrollez vers le bas.
En conséquence, Instagram propose de prévisualiser la photo et de l’analyser afin d’identifier des potentiels problèmes avec les règles de la communauté. S’il existe bel et bien un risque, l’influenceur recevra un message, lui permettant de modifier son contenu et d’éviter les mesures de bannissement.
Le réseau social semble ainsi plus soucieux du bien-être de ses créateurs, mais est-ce vraiment le cas ?
Annonce de shadowban : pour le bien des influenceurs ?
Instagram serait-il devenu extrêmement soucieux du bien-être de ses créateurs ? Comme on ne déjeune pas tous les dimanches avec Mark Zuckerberg, on ne saura y répondre parfaitement. En revanche, il est bien probable que si les efforts de la part des grandes plateformes se multiplient aujourd’hui, c’est avant tout dû à l’évolution du contexte normatif européen en cours sur la régulation des marchés et services numériques.
Il faut par exemple citer l’adoption cet été du DSA (Digital Services Act) par le Parlement européen qui exige, entre autres, plus de transparence sur les algorithmes des grandes plateformes. Ce texte a eu deux répercussions majeures pour les réseaux sociaux :
- Les sites et applications comme TikTok, Netflix ou YouTube ne pourront en théorie plus proposer de « Suggestions personnalisées » sans expliquer les raisons de ces recommandations.
- Les raisons d’un bannissement devront être explicitées au créateur et ce dernier pourra faire appel de la décision selon les législations en vigueur dans son pays.
Instagram prend donc les devants des éventuels appels de décision de bannissement en faisant de la prévention. On pourrait alors penser que le problème est résolu… Mais si l’on regarde du côté de YouTube, qui pratique déjà cette mise en garde préventive, les problèmes d’avertissements litigieux n’ont pas baissé pour autant…
La prévention, une solution à deux vitesses
Les créateurs de vidéos sur YouTube le savent, la prévention ne résout pas les problèmes de bannissement. Le site est censé prévenir les créateurs au moment de l’upload sur la plateforme si des contenus utilisés peuvent être « strikables » (bannissables). Or, cette fonctionnalité présente deux défauts :
- Elle ne trouve pas tous les contenus potentiellement bannissables, et parfois des ayants droit repassent manuellement après coup sur la vidéo pour signaler des contenus leur appartenant, créant des strikes a posteriori…
- L’algorithme ne prend pas en compte l’utilisation légale de contenu appartenant à quelqu’un d’autre. La parodie, l’analyse ou juste le fait de transformer le contenu d’un autre en un nouveau contenu original ne devraient pas être soumis à des bannissements. Et pourtant, YouTube ne se gêne pas pour « striker » ses créateurs en dépit du droit national censé prévaloir.
Certes, les créateurs pourraient faire appel à chaque décision, mais il s’agit d’un processus très long et lorsqu’ils le font, ils se heurtent à la modération française de la plateforme, leur expliquant que les décisions sont prises aux États-Unis et qu’ils ne peuvent pas les aider.
Alors peut-être que la vérité de YouTube ne sera pas celle d’Instagram, mais il semble difficile de s’enthousiasmer devant cette mise à jour tant les antécédents des autres plateformes et ceux d’Instagram (qui ne reconnait toujours pas l’existence du shadowban dans ses conditions générales) ne rassurent pas les créateurs de contenu.
Comment annuler un shadowban ?
Si vous avez un compte professionnel, la technique consistant à repasser sur votre compte personnel marche parfois. Sinon, nous vous conseillons de faire une pause dans les publications durant 48h.