Des chercheurs américains ont trouvé un procédé pour transformer des araignées mortes en robot. Cette discipline baptisée nécrobotique permet de ressusciter le cadavre des arachnides pour leur donner une seconde vie.
Nous préférons vous prévenir tout de suite : ces chercheurs ne ramènent pas ces araignées à la vie après avoir connu la mort. En réalité, ils se servent du cadavre de ces petits animaux afin de les utiliser pour la réalisation de tâches diverses et variées. La rigidité du cadavre, ses nombreuses pattes recroquevillées sur elles-mêmes font inévitablement penser… à une pince dans une machine de fête foraine ! Ou pas…
Si cette image vous a fait peur, pensez à ce détecteur d’araignées qui vous évitera de vivre quelques nuits blanches.
D’une araignée morte à une pince pour attraper délicatement des objets
Des chercheurs de l’Université Rice, aux États-Unis dans l’État du Texas, se sont servis de la dépouille d’une araignée loup, en une sorte de pince pouvant être contrôlée à distance. La méthode qu’ils ont utilisée pour y parvenir a été explicitée dans leur article publié dans la revue Advanced Science.
Pour concevoir leur necrobot, ils ont pris le cadavre de l’animal qu’ils ont décortiqué. Après plusieurs semaines d’analyse, ils ont remarqué que les huit membres des araignées – très puissants – étaient actionnés grâce à l’équivalent d’un système hydraulique. En temps normal, ces installations fonctionnent grâce à la combinaison d’un certain nombre de composants comme des vérins et amortisseurs qui compressent et détendent un fluide sous pression.
Pour les arachnides, ce système est reproduit grâce aux différentes pliures de leurs pattes, et au liquide présent dans leurs membres. Pour ce qui est des pinces de fête foraine par exemple, le système reste semblable. C’est en partant de ce constat qu’ils se sont lancés dans la création de pinces hydrauliques grâce à des araignées.
Et d’autres ont tenté de concevoir un objet pour embrasser les insectes : voici le bugkiss.
Comment fonctionne le système hydraulique imaginé par les chercheurs ?
Puisqu’elles sont mortes, les araignées ne peuvent pas bouger leurs pattes d’elles-mêmes. Il est donc nécessaire pour les chercheurs de trouver un mécanisme permettant d’actionner l’installation présente dans les membres de ces petits animaux. En insufflant une certaine quantité d’air à l’aide d’une aiguille introduite dans son céphalothorax, le corps de l’animal, les scientifiques sont parvenus à actionner ses pattes.
Le trou formé par la seringue introduite dans l’animal est imperméabilisé grâce à de la colle. Avec une légère pression sur la seringue, il est possible de déplier les pattes de l’animal. Durant leurs tests, les chercheurs ont réussi à utiliser l’araignée morte pour soulever un composant électronique et une petite boule de coton.
Les scientifiques ont calculé que cette araignée utilisée en tant que pince pouvait exercer une force de 0,35 millinewton. À titre de comparaison, en prenant en compte la gravité terrestre, le système conçu peut porter des objets d’une masse supérieure au poids de l’araignée.
Pourquoi transformer des araignées en robot ?
Si les chercheurs s’intéressent à la nécrobotique, c’est parce que les araignées sont biodégradables. Au lieu de concevoir des robots qui utilisent une certaine quantité de matières premières, l’utilisation d’un animal serait bénéfique pour notre environnement. Toutefois, dans le cadre de leurs recherches, les scientifiques ont remarqué que le corps de l’araignée avait tendance à se dégrader après deux jours d’utilisation intensive ou 1 000 cycles d’usages.
Ils ont alors tenté de durcir le corps des araignées en les enduisant de cire d’abeille, ce qui a repoussé la détérioration des arachnides au-delà de 10 jours. Toutefois, leur système s’épuise quand même après un certain temps.
Pour allonger la durée de vie du prototype, ils comptent poursuivre leurs travaux de recherche avec différents types d’enrobage ou l’utilisation d’un autre fluide que l’air. L’utilisation de l’hémolymphe, le liquide circulatoire analogue au sang chez les insectes et arachnides, est envisagée puisque c’est avec ce fluide que les araignées utilisent leurs pattes habituellement.