Malgré son déréférencement des différents moteurs de recherches et magasins d’applications en France, Wish est de retour avec des modifications très (trop) légères.
Utilisation trompeuse de nom de marque et produits dangereux, tels étaient les motifs de la DGCCRF pour sanctionner Wish en 2021. Le site d’e-commerce chinois avait alors été déréférencé – il n’apparaissait plus dans les résultats de recherche – tant qu’il ne se conformait pas aux exigences de l’État français. Un an et demi plus tard, les changements semblent infimes (il s’agit là d’un euphémisme) : pourquoi Wish a-t-il eu le droit de revenir en présentant des changements si minimes ?
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Pourquoi Wish avait été déréférencé :
« Produits dangereux et non conformes » : La DGCCRF avait étudié 140 produits provenant de Wish et avait établi que bon nombre d’entre eux étaient non conformes. De plus, 90 % des appareils électriques étaient considérés comme dangereux et le même constat pouvait être fait pour 62 % des bijoux ou 45 % des jouets…
Les produits avaient été signalés auprès du site d’e-commerce et après avoir été retiré de la vente, les mêmes articles réapparaissaient sous d’autres noms.
Wish : le retour en grandes pompes… contrefaites
Wish a pu faire son retour en France le 14 mars 2023 sur les moteurs de recherche, mais en contrepartie, le site d’e-commerce a dû accepter de régler une amende transactionnelle de 3 millions d’euros auprès de la justice française. Il était reproché à Wish de :
- Mettre en avant des réductions très attractives allant jusqu’à 90% mais se basant sur des prix trompeurs.
- D‘utiliser des produits de marques pour attirer le client sur le site sans pour autant que ces articles soient en vente sur la plateforme.
Le fondateur et ex-PDG de Wish a, lui aussi, écopé d’une amende de 250 000 € pour le même motif. Ainsi, le site de vente en ligne s’est manifestement conformé aux exigences de la DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes).
« Dans le cadre des échanges ayant eu lieu depuis, la société a notamment mis en place des mesures concernant les procédures de retrait/rappel et de limitation de la présence sur la plate-forme de produits similaires à ceux ayant été reconnus non conformes et dangereux »
DGCCRF
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Des changements trop minimes et des arnaques en pagaille
« Non toi non plus, tu n’as pas changé » voilà ce qu’a dû chantonner la DGCCRF en faisant revenir Wish sur les moteurs de recherches de l’Hexagone. Car s’il n’y a, en théorie, plus de contrefaçons grossières et de promotions extravagantes, il n’en reste pas moins que le site de vente propose toujours les mêmes produits de faible qualité à 1 €.
Et puis, au-delà de la théorie… Juste en passant sur le site quelques secondes, on est tombé sur une mise en avant d’un ensemble DC Shoes alors que le produit vendu ne semble pas issu de ladite marque… Étrange quand on sait que Wish avait écopé d’une amende le 10 mars pour ce motif :
Nous avons également trouvé assez facilement cette offre « douteuse » d’un sac Adidas ne coûtant que 20 euros sur le site officiel de la marque mais passant à plus de 100 € sur Wish parce qu’il y aurait un « Cadeau surprise !!! » dedans. Si le prix du cadeau est 4 fois plus élevé que le sac, il est curieux de voir que la surprise ne soit pas mise en avant – si tant est qu’elle existe vraiment et qu’il ne s’agisse pas simplement d’une manière de vous faire acheter un simple sac pour un prix exorbitant.
Wish revient, mais pour combien de temps ?
Une question demeure donc : si le site s’adonne toujours à des pratiques trompeuses, pourquoi a-t-il été autorisé à revenir ?
Il faut rappeler que l’un des critères majeurs de son éviction des moteurs de recherches concernait la dangerosité des produits. Peut-être que Wish a effectivement montré patte blanche auprès de la DGCCRF et retiré les produits dangereux. Cet argument reste difficile à démonter sans un achat et une analyse des articles : nous ferons donc confiance à l’instance chargée de réguler les fraudes et de prendre soin du consommateur sur ce point.
En revanche, et il s’agit là uniquement de spéculations, il est aussi possible que Wish se soit défendu en argumentant que d’autres sites comme Amazon ou AliExpress proposent également des produits aux images portant à confusion : une manière d’atténuer sa sanction ?
De nouvelles règles qui sauvent et enterreront Wish ?
Au moment de son procès en 2021, Wish avait notamment avancé qu’il n’avait « ni pour objet ni pour effet de mettre à la charge de [Wish] le contrôle de la qualité des produits vendus sur le site ». Ce point était peut-être vrai à l’époque, mais a pris un coup dans l’aile suite aux nouvelles règles du DSA (Digital Services Act).
Concrètement, le règlement européen prévoit que les sites de vente en ligne seront tenus responsables de la qualité des produits vendus sur leurs plateformes, mais auront 15 mois après l’entrée en vigueur du texte pour s’y conformer, soit aux alentours de 2024.
Il y a donc fort à parier que Wish se soit engouffré dans cette brèche et ait assuré de réguler ses articles avant la date butoir : il ne reste qu’à voir si le site de vente en ligne s’y pliera. En attendant, on ne peut que vous conseiller d’en rester le plus loin possible.
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