Interrogé par un journaliste de CNBC News quant à ses activités, le PDG du grand groupe pétrolier Exxon Mobil, Darren Woods, a déclaré ne pas être inquiet quant au futur de son entreprise.
Dans un monde où l’urgence climatique appelle à changer nos comportements et à nous déplacer différemment; la mobilité électrique reste un des enjeux majeurs de cette transition. Mais dans un monde où les véhicules électriques zéro émission seront la norme, quel avenir pour les géants du pétrole ? C’est la question qui a été posée à Darren Woods, PDG d’Exxon Mobil par un journaliste de CNBC News.
D’après ses estimations, en 2040 toutes les voitures vendues dans le monde seront électriques. Loin de s’en inquiéter, Darren Woods affirme que cela ne sonnera pas le glas de l’industrie pétrolière, bien au contraire…
Quelles perspectives pour Exxon Mobil ?
La réflexion de Darren Woods illustre bien le paradoxe dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui : alors qu’on nous dépeint le déclin du secteur pétrolier, ses producteurs n’ont jamais gagné autant d’argent. La société, comme toutes ses concurrentes, bénéficie aujourd’hui de cours du pétrole dépassant les 100 dollars le baril. Le pétrole n’avait pas connu un tel emballement depuis 2014.
Bien que la société soit connue pour avoir financé des années durant, le mouvement climatosceptique américain; son PDG est obligé de reconnaître la réalité du changement climatique et l’avènement des voitures électriques . Ce nouveau tournant devrait logiquement impacter le secteur pétrolier, et bien ce n’est pas si sûr.
Premièrement, le PDG estime que les produits chimiques seront essentiels pour maintenir la rentabilité de l’entreprise pendant la transition vers une énergie propre. Ainsi, les plastiques qu’Exxon Mobil produit pourraient être utilisés dans la production de véhicules électriques, selon le PDG.
Enfin, d’après ses calculs, la demande de pétrole en 2040 serait équivalente à ce dont le marché mondial avait besoin en 2014. Mais toutes ses prédictions sont-elles aussi farfelues qu’elles n’y paraissent ?
La transition énergétique n’est pas pour tout de suite
Darren Woods peut dormir sur ses deux oreilles, la transition énergétique ne fera pas du jour au lendemain. Les compagnies pétrolières traversent une période pour le moins particulière aux États-Unis. Alors que la ministre de l’Énergie, Jennifer Granholm a demandé aux compagnies pétrolières du pays de produire davantage de pétrole pour soulager le marché, celle-ci a précisé que cela ne remettait pas en cause l’engagement du gouvernement Biden à la transition énergétique. Ainsi, le gouvernement entend augmenter la production de pétrole, tout en investissant dans les sources d’énergie propre.
«Nous pouvons faire les deux en même temps. Aujourd’hui, nous avons besoin que la production de gaz et de pétrole augmente pour satisfaire la demande.»
Jennifer Granholm, ministre de l’Énergie
Une mesure contradictoire qui rend difficile (voire impossible) le scenario selon lequel le pays pourrait envisager sa transition d’ici à 2050. L’EIA américaine (Energy Information Administration) a publié début mars son rapport Energy Outlook 2022 dans lequel elle présente des prévisions qui laissent envisager une hausse de la consommation du pétrole et du gaz. Elle envisage dans son scénario de référence que les émissions américaines de CO2 atteignent encore 4 738 Mt en 2050, soit seulement 1,1% de moins que le niveau de 2021.