Présentés pour la première fois en 2021, les jetcars continuent d’être utilisés à Dubaï. Ces voitures bateaux peuvent être louées pour 600€ l’heure, une aubaine pour le pays des excès… Prix, impact écologique et utilité, ce projet de véhicule aquatique possède toutes les caractéristiques pour être un produit désastreux.
Dubaï accueille la COP 28 (conférence sur le climat) entre le 30 novembre et le 12 décembre 2023. C’est suite à la sélection de la ville des Émirats Arabes Unis qu’Ingrid Hall, professeure à l’université de Montréal, expliquait à L’Écho « Les Émirats veulent faire partie des pays qui comptent se ‘blanchir’ en se verdissant.«
Désireuse de verdir son image aux yeux du monde, la ville de Dubaï semble avoir deux visages : une face politique pouvant apporter des solutions majeures à la crise écologique (par le biais de partenariats et collaborations scientifiques) et une beaucoup plus commerciale tournée vers les influenceurs et les touristes. C’est dans cette deuxième logique que s’insérèrent les jetcars de la marque Waterlink…
Destinés aux personnes qui roulent déjà sur l’or, les jetcars permettent également de conduire sur l’eau. Cette voiture bateau se loue pour 600€ de l’heure à Dubaï et permet à des dubaïotes et des influenceurs de voguer sur les flots en Maserati ! Au-delà du prix exorbitant de la location, une question demeure : à quoi ça sert ? (Spoiler : à rien)
Jetcar : un simple skin pour jetski ?
Quand on voit les images des jetcars Corvette ou McLaren, la première chose qui vient en tête est « Wow des voitures de courses amphibies ? » et bien non. Mettons fin à tout suspens inutile : ces véhicules ne roulent pas sur la terre.
Les jetcars ne peuvent en effet avancer que dans l’eau et sont donc beaucoup moins intéressantes qu’une amphicar – des modèles de voitures sortis dans les 60, qui permettent à la fois de rouler sur terre et naviguer dans l’eau. Le problème majeur de ces voitures amphibies ? Elles étaient relativement médiocres sur les deux surfaces, n’étant réellement ni une voiture, ni un bateau… L’invention des jetcars fait d’autant plus tiquer aujourd’hui, car à l’heure des véhicules électriques ou des inventions tentant d’être plus écologiques, cette voiture bateau possède un moteur essence tout ce qui a de plus classique.
Waterlink a donc fait le choix curieux d’importer l’esthétique des voitures de sport en se contentant de n’être qu’un jetski (qui a la fâcheuse tendance à se remplir d’eau) étiqueté Maserati, McLaren, etc. On ne comprend pas bien l’avantage par rapport à un bateau classique, si ce n’est plaire à quelques fans de tuning se prenant pour James Bond…
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Une empreinte carbone non négligeable
193 Mt de CO2 ont été rejetés par les Émirats Arabes Unis en 2019, selon countryeconomy.com, ce qui correspond à 19,47 tonnes de CO2 par habitant. Afin de mieux se rendre compte de la démesure de ce chiffre, rappelons qu’un Français émet en moyenne 4,4 tonnes de CO2 par an – soit quasi 5 fois moins…
Les Émirats Arabes Unis ne sont pas le seul pays ayant mis à disposition des jetcars, on peut notamment en voir aux États-Unis sur des marécages où vivent des alligators… Mais on aurait pu aussi espérer que, à l’approche de la COP28, les Émirats aient choisis de se débarrasser de ses artifices pour proposer aux touristes des activités bien plus éco-responsables. Et évidemment, les jetcars de Waterlink sont à bannir en premier.
Dubaï, des engagements écologiques assez minimes :
Les Émirats Arabes Unis travaillent d’ores et déjà avec des industriels et des scientifiques sur des solutions sur le stockage de carbone. De plus, ils avaient indiqué, lors de la COP 21 en 2015, qu’ils accueilleraient The Heart of Europe, le plus grand institut au monde sur l’étude de corail et qu’ils diminueraient leurs émissions de CO2. Leurs émissions ont effectivement légèrement baissé les 4 ans qui ont suivi la COP passant de +200 MtCO2 par an à 190 MtCO2.
Ces véhicules viennent ainsi s’ajouter aux nombreuses offres polluantes destinées à attirer des influenceurs et des touristes fortunés, comme les pistes de ski et stades de foot climatisés, mais aussi les îles artificielles et les parcours de golfs constamment irrigués. Au moins, ils ne manquent pas d’imagination…
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Source(s) : Source fond de l'image à la une : © Supercar Blondie