La Migros pourrait bien être la première chaîne de supermarché à commercialiser de la viande 100% artificielle dans ses magasins, mais son désir d’alimenter les personnes véganes pourrait bien être freiné par plusieurs facteurs.
Aleph farms est une start-up israélienne qui travaille depuis des années sur l’agriculture cellulaire et qui s’apprête à envahir le marché européen avec ses lamelles de bœuf 100% artificielles. À l’origine, une viande cultivée presque sans eau, sans céréales, sans antibiotiques et si l’on en croit les études menées par la marque, cette innovation pourrait réduire les consommations de :
- CO2 de 92%,
- D’eau de 78%,
- Et l’utilisation des terres arables de 95%.
Vous l’aurez compris en apparence, cette innovation sent la révolution alimentaire à plein nez alors comment fonctionne-t-elle ? Est-elle vegan-friendly ? Et surtout pourra-t-elle être commercialisée ? On voit ça ensemble.
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Comment crée-t-on de la viande artificielle ?
Comme dit précédemment, il s’agit d’agriculture cellulaire, ce qui signifie qu’au lieu d’exploiter et tuer des animaux, on utilise leurs cellules pour recréer artificiellement leur chaire à la façon d’une fécondation in vitro.
Cette création est ensuite enrichie avec de la graisse et des céréales pour en améliorer la texture.
Où trouve-t-on les cellules ?
Aleph Farms n’utilise à l’heure actuelle qu’une seule vache, nommée Lucy, pour trouver ces cellules. Celles-ci viennent d’une collection d’ovules fécondés à partir de laquelle la start-up pourra ensuite créer des milliers de tonnes de steak.
Est-ce vegan-friendly ?
Techniquement, non. Les produits bien qu’artificiellement crées n’en reste pas moins de la viande animale. Même si Aleph Farms ne tue pas d’animaux pour générer sa production, il n’en reste pas moins qu’une vache, Lucy, est exploitée.
Certes, les défenseurs de ce système argumenteront, à raison, qu’il s’agit d’une réduction conséquente de l’exploitation animale étant donné que l’on passerait de champs entier de vaches exploitées à une seule. Toutefois, il n’en reste pas moins qu’une vache est toujours utilisée, ce qui peut également être considéré, à raison, comme de l’exploitation animale excessive.
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Quand et où sera commercialisée cette viande artificielle ?
Pour le moment, Aleph Farms compte commercialiser sa viande artificielle en Suisse via les supermarchés Migros (qui ont investi dans la start-up). Cependant, cette viande artificielle ne devrait pas voir le jour en Europe avant 2030 étant donné qu’elle doit encore passer de nombreux tests auprès de l’OSAV (l’Office fédéral de la Sécurité Alimentaire et des affaires Vétérinaires).
Il faut également prendre en compte que le public à qui s’adressera ce produit sera avant tout issu d’un milieu aisé, car les coûts de production sont extrêmement élevé ce qui devrait mécaniquement se répercuter sur le prix final.
« 74 % des consommateurs suisses sont ouverts à l’idée d’essayer de la viande cultivée »
Selon une étude menée par Aleph Farms et Migros
En même temps, il faut dire que pouvoir s’acheter de la viande classique en Suisse est déjà un luxe : pas sûr que celle de synthèse soit tellement plus chère. Et si ce produit venait à rencontrer un franc succès en Helvétie, Aleph Farms pourrait bien se tourner ensuite vers le marché français :
« Il y a des intérêts financiers très forts, notamment en France, autour des élevages bovins »
Didier Toubia, CEO d’Aleph Farms