C’est officiel : Ubisoft se lance dans les NFTs. Avec sa nouvelle plateforme Quartz, il permettra aux joueurs de Ghost Recon Breakpoint de gagner des « Digits » qu’ils pourront librement revendre en ligne. Un premier pas fait à la demande de… personne, mais qui aura un large impact sur le marché du jeu vidéo.
Les cryptomonnaies explosent dans les milieux tech, mais sont encore largement incomprises du grand public. De cette nouvelle technologie basée sur la blockchain est né un second concept encore plus nébuleux : celui des NFTs. Dans l’idée, le principe est assez simple : il s’agit d’une œuvre dont vous êtes théoriquement le seul possesseur, puisque son jeton dans la blockchain est à vous une fois l’achat effectué. Dans les faits, encore faut-il que la blockchain représente une quelconque valeur aux yeux du possesseur… C’est dans ce contexte qu’Ubisoft a décidé d’être un pionnier dans le secteur du jeu vidéo.
Ubisoft intègre la blockchain
Le développeur francophone a décidé de lancer sa plateforme « Quartz ». Derrière ce nom se cache plusieurs choses, à commencer par des NFTs baptisées « Digits » qui pourront être gagnées en jeu. Pour le moment, seul Ghost Recon Breakpoint est intégré à ce premier test grandeur nature, et uniquement en version PC. Pour en profiter, vous devrez être majeur et avoir un compte Ubisoft Connect. Les premiers NFTs que l’éditeur mettra en ligne, et ce gratuitement, seront un fusil, un pantalon et un casque. Cependant, les premiers arrivés seront les premiers servis, et pour chaque objet, il faudra justifier d’avoir joué longuement au jeu : le fusil réclame d’être niveau 5, le pantalon d’avoir joué au moins 100h, et le casque au moins 600h. Le premier drop sera fait le 9 décembre.
Tout passe par une nouvelle application mobile, dans laquelle vous pourrez retrouver vos NFTs. L’idée d’Ubisoft est que ces skins puissent ensuite être utilisés dans de multiples jeux, de l’éditeur ou non par ailleurs. Si ce premier drop est gratuit, les futurs « Digits » propulsés sur la plateforme ne le seront pas forcément. Cependant, les joueurs pourront les revendre sur d’autres sites tiers. Pour ce qui est de la consommation énergétique du maintien de cette blockchain, Ubisoft annonce utiliser Tezos qui fonctionne sur le proof of stake, bien moins énergivore qu’une blockchain basée sur le proof of work comme peut l’être Ethereum pour ne citer qu’elle.
Merci Ubi, je présume
Pourquoi s’être lancé sur les NFTs ? Pour Ubisoft, il s’agit avant tout de récompenser les joueurs les plus engagés avec des objets en édition limitée qu’ils pourront revendre par la suite. Et pour cette première expérimentation, il faut avouer que l’éditeur a fait plus d’un effort. Entre la gratuité des premiers drops, le fait de devoir prouver son temps passé sur le jeu, et surtout l’attention portée à la consommation énergétique de sa solution, difficile de lui jeter la pierre sur les différentes polémiques entourant cette technologie de nos jours.
Pourquoi des NFTs ? Y a-t-il seulement une demande ? De la part des joueurs, l’opinion publique tend plutôt à dire qu’il n’y en a pas. Mais de la part des éditeurs… C’est une toute autre chose. Depuis de nombreux trimestres, les acteurs du jeu vidéo mettent en avant le fait d’utiliser la blockchain à l’avenir dans ses jeux vidéo. Ubisoft n’est que le premier à s’être lancé, comme il en a l’habitude sur les nouvelles technologies innovantes. Qu’on ne me fasse par contre pas croire que l’intérêt est de récompenser ses plus grands joueurs, puisqu’il n’y a jamais eu besoin de cela pour le faire dans ce milieu.
Bien au contraire : c’est le modèle économique de nombreux free-to-play que de récompenser ses joueurs les plus loyaux ou ses joueurs payants avec des objets cosmétiques de la sorte. Et pour aller au-delà de cela et proposer une solution cross-platform englobant plusieurs jeux, il n’y a absolument pas besoin de la blockchain. Qu’est-ce qu’elle rajoute ? Une valeur monétaire à toute l’opération. Et si les joueurs pourraient être amenés à croire que c’est en leur faveur, il n’y aura qu’à attendre la première édition collector qui contiendra des NFTs pour se rendre compte que c’est tout l’inverse. Le dématérialisé gagne du terrain sur le marché des jeux vidéo, et les NFTs ne font que s’inscrire dans la même tendance que les monnaies en jeu, les DLCs et les Battle Pass : un nouveau moyen de gagner de l’argent sur la continuité, plutôt que s’arrêter à l’achat unique.
Puisque les économies basées sur la blockchain sont spéculatives par essence, l’effet pourrait être plus insidieux qu’on ne l’imagine. Particulièrement dans un contexte où ces skins ont surtout de la valeur pour les doseurs de free-to-play, dont la majorité sont des enfants et adolescents. Reste aux joueurs de voter avec leurs portefeuilles : voulez-vous vraiment que les NFTs arrivent dans vos jeux favoris ?