C’est là, la stricte vérité. La Terre tourne de plus en plus rapidement sur elle-même. De ce fait, nos journées sont techniquement de plus en plus courtes qu’auparavant. Si vous n’avez rien remarqué, cela est tout à fait normal : à notre échelle, cela n’est pas perceptible.
Selon les informations du site Time And Date, le 29 juin 2022 a été identifié comme la journée la plus rapide depuis que des mesures sont réalisées. Note planète a fini sa rotation avec 1,59 millième de seconde en dessous des 23 heures 56 minutes et 4 secondes habituelles qui compose le jour sidéral.
En réalité, tout se joue à la milliseconde près, mais ces dernières années, la Terre semble vouloir tourner un poil plus vite que cette durée moyenne. En effet, depuis plusieurs jours, des chercheurs ont vu la Terre tourner sur elle-même avec environ une milliseconde de moins qu’habituellement.
Quelles hypothèses avancées par les scientifiques pour expliquer ce phénomène ?
Mais alors, pourquoi la Terre tourne-t-elle plus rapidement ces dernières années ? En réalité, les scientifiques qui se posent la question ne le savent pas eux-mêmes. Plusieurs facteurs sont évoqués afin d’expliquer ce phénomène :
- Les forces de marée induites par la force gravitationnelle de la Lune. Notre planète étant recouverte par les océans et les mers à près de 70 %, le réchauffement climatique et la fonte des glaces polaires ont un impact sur la hausse du niveau des océans. De ce fait, le volume d’eau augmente, et la force exercée par la lune sur cette masse d’eau est plus conséquente, ce qui pourrait avoir un impact sur la vitesse de rotation de la Terre.
- Les vents à l’origine du transport de masse dans l’atmosphère. Plusieurs vents ont notamment un impact sur le courant marin, et sur l’un des plus connus au monde : le Gulf Stream. Présent dans l’Atlantique Nord, ce courant océanique a tendance à apporter de la fraîcheur lorsqu’il ralentit, et de la chaleur quand il accélère. Or, en juin 2022, un épisode caniculaire s’est déroulé en Europe, sans doute associé à une accélération de ce courant.
- L’évolution de notre couche terrestre, c’est la tectonique des plaques. Notre planète se compose de 53 plaques tectoniques, appelées plaques lithosphériques. Parfois, l’une de ces plaques passe sous une autre, c’est ce qu’on appelle la subduction. Selon les analystes, une augmentation de la vitesse de subduction entrainerait mécaniquement celle de la rotation de notre planète et pourrait être – en partie – responsable du millième de seconde perdu.
Vers le retrait d’une seconde intercalaire pour s’adapter à ces vitesses de rotation
Vous vous posez sans doute une question de taille désormais : avec une milliseconde de gagnée en moyenne, quelle est la nouvelle vitesse de la Terre ? Pour trouver le résultat, il suffit de faire un produit en croix. Le périmètre de la Terre est de 40 075km, et met 86 164 secondes, soit 86 164 000 de millisecondes pour faire un tour complet sur elle-même. En gagnant une milliseconde sur ce temps, la différence de vitesse se joue au millimètre près, passant de 465,101434 mètres par seconde en moyenne, à 465,101440 mètres par seconde.
À titre de comparaison, les fusées SpaceX qui servent à déployer des satellites Starlink autour de la Terre volent à près de 11 kilomètres… par seconde !
Une différence de taille pour les quelque 200 horloges atomiques qui ont la lourde tâche de fournir le temps universel coordonnée, connu sous le nom d’UTC, l’horaire utilisé au niveau du méridien de Greenwich. Avec ce décalage d’environ une milliseconde, il se pourrait que d’ici quelques années seulement, un écart d’une seconde puisse se créer entre l’horaire des horloges atomiques et celle dictée par la véritable rotation de la Terre.
Néanmoins, pas de panique ! Lorsque la différence entre le temps mesuré par les horloges atomiques et celle de la rotation de la Terre diffère de plus de 0,9 seconde, le Service international de la rotation terrestre et des systèmes de référence basée à l’Observatoire de Paris rajoute ou enlève ce qu’on nomme une seconde intercalaire. Cela se fait le 30 juin ou le 31 décembre, à 23 heures 59 minutes et 59 secondes. Si on ajoute cette seconde, on passe alors à 23 heures 59 minutes et 60 secondes avant de passer à 00:00:00. Si on la retire, pas de 00:00:00, nous passons immédiatement à minuit et une seconde.
Depuis 1972, cela s’est produit à 27 reprises, et à chaque fois, pour ajouter des secondes. Toutefois, avec l’accélération de la rotation terrestre, il se peut qu’en 2023, soit fin juin, soit fin décembre, une seconde soit retirée pour la première fois en plus de cinquante ans !