Web3, métaverse, réalité virtuelle, IA génératives, quantique… l’année 2022 a été marquée par des innovations non négligeables. Toutes n’ont pas un potentiel de rupture avéré et certaines technologies – anciennes – ont simplement été remises au goût du jour. On vous propose de défricher les tendances technologiques du moment et qui selon nous ont justement ce potentiel de s’imposer pendant cette nouvelle année 2023.
Des IA génératives à votre service
Vous n’êtes sûrement pas passés à côté de la “trend” autour des intelligences artificielles type ChatGPT ou encore Dall-E… À l’origine, ces IA génératives ont été développées par l’entreprise californienne OpenAI et on retrouve parmi les membres fondateurs Elon Musk (encore lui).
ChatGPT, un bot conversationnel déroutant
ChatGPT se base sur un modèle d’apprentissage profond qui est utilisé principalement dans le domaine du traitement automatique des langues (TAL). C’est ce qui lui permet d’écrire un article d’une page en quelques secondes ou vous tenir compagnie sans relâche à coups de paragraphes détaillés. Si son potentiel de disruption ne fait pas encore l’unanimité, certains analystes prédisent que la 4e version de cette IA (GPT4) – attendue cette année – pourrait bien bouleverser le modèle de Google.
Autrement dit, les algorithmes du moteur de recherche pourraient ne plus être en mesure de détecter que le contenu a été généré par l’IA en question. Mais le GPT-4 touchera un panel de cas d’usage bien plus large : dans la reconnaissance vocale, la traduction instantanée de texte, la recherche de données et même la formation de ses autres confrères chatbots. On espère tout de même que nos articles seront toujours de meilleure qualité, la bataille ne fait que commencer…
Dall-E, une IA artiste pour générer des images sans limites
Dall-E c’est l’intelligence artificielle qui célèbre l’union entre le célèbre peintre Salvador Dali et le personnage Wall-E signé Pixar… c’est encore une fois une prouesse signée OpenAI : il suffit de taper une phrase, un mot ou une idée dans la barre de recherche pour que Dall-E s’occupe de créer lui-même une image à partir des mots clés proposés.
Il peut à la fois créer de toutes pièces des objets non existants mais aussi d’autres bien réalistes. Mais ses fonctionnalités hors norme ne s’arrêtent pas là : il est aussi possible d’uploader une image et de demander à l’IA d’imaginer ce qui se passe en dehors. Certains internautes se sont par exemple amusés à étendre le décor derrière la Joconde et le résultat est déroutant.
L’avènement du Web3 et des métaverses
Si vous n’avez pas vécu dans une grotte en 2022, vous avez sûrement été abreuvés de messages redondants sur la “révolution Web3” et toutes les expériences immersives qui en découlent. Le Web3 renvoie en fait à l’idée d’un web décentralisé grâce à la blockchain et qui rejoint notamment l’idée de neutralité du net défendue par Tim Berners-Lee lorsqu’il inventa le World Wide Web dans les années 90. Ce concept reprend aujourd’hui de l’ampleur à mesure que les usages autour de la blockchain – comme avec les cryptomonnaies et les NFT – se démocratisent et il marque pour certains une nouvelle ère du Web, en opposition au précédent Web 2.0 qui englobe principalement les plateformes sociales.
Ce concept de Web3 est indispensable pour comprendre le métaverse car son infrastructure repose aussi sur un système décentralisé qui permet de certifier l’authenticité d’un objet possédé (par exemple un accessoire en NFT qui est arboré par un avatar).
Pour mieux cerner le concept : Métaverse : ce qu’il faut savoir sur le futur de l’internet et de l’expérience immersive
Le métaverse fait d’ailleurs couler beaucoup d’encre depuis que Mark Zuckerberg a annoncé le lancement officiel d’Horizon Worlds il y a un an. Les prédictions sont soit ambitieuses, soit balayées au vitriol mais à en croire le patron de Facebook, le métaverse faconnera l’avenir de nos interactions en ligne, qu’on le veuille ou non. En attendant, il faut avouer que l’expérience n’est pas si convaincante : les employés de Meta eux-mêmes ont décrit Horizon Worlds comme un monde virtuel « triste et vide ».
Réalité augmentée plutôt que virtuelle
L’avenir des technologies immersives pourrait très bien se jouer sur le terrain de la réalité augmentée plutôt que virtuelle, ou les deux. C’est en tout cas le pari annoncé par Apple en décembre 2022 qui a manifesté sa volonté de commercialiser son propre casque de réalité mixte – alliant à la fois la réalité virtuelle et augmentée. Les casques de réalité virtuelle se butant encore à des problèmes d’immersion majeurs – comme le cybermalaise – cette hybridation pourrait se présenter comme un bon compromis.
À savoir : La réalité augmentée consiste concrètement à incruster de façon réaliste des objets virtuels dans votre environnement réel.
Après le rachat du spécialiste des casques VR Oculus en 2014, Meta poursuit ses acquisitions du côté du secteur de la réalité augmentée : le groupe finalisait en fin d’année 2022 le rachat de la boite belgo-néerlandaise Lexexcel. Mark Zuckerberg ne semble donc pas buté à l’idée de tout miser sur la réalité virtuelle et planche déjà depuis plusieurs années avec Luxexcel sur des prototypes de lunettes intelligentes ou encore des lentilles connectées !
Idée prospective : peut-être que l’avenir de la réalité virtuelle et augmentée ne se limitera pas aux yeux et trouvera un moyen de mieux tromper notre cerveau ? Certaines interfaces neuronales sont déjà imaginées sérieusement pour compléter nos futurs casques et rendre l’expérience immersive encore plus puissante.
La seconde révolution quantique
Celui-là aussi vous avez dû l’entendre à toutes les sauces… mais soyons clairs, il n’est pas ici question d’ouvrir vos chakras à l’aide de médecine quantique ou augmenter votre taux vibratoire à base de cosmétique quantique (si, si, ça existe 🤦). En fait, la physique quantique est une science qui permet bel et bien d’expliquer un bon nombre de phénomènes qui dépassent notre entendement (en l’occurrence ici, l’infiniment petit, les atomes et les rayonnements électromagnétiques). Mais cela reste une discipline de recherche sérieuse qui a obtenu des résultats tangibles. Par exemple, toutes les technologies numériques d’aujourd’hui peuvent se revendiquer être quantiques (les transistors, circuits intégrés ou encore lasers).
Si l’on devait résumer grossièrement en quoi consiste la seconde révolution quantique, il faut imaginer que l’on arrive à manipuler un atome unique à la fois et sans erreurs. En informatique quantique, c’est ce qu’on appelle le qubit et il est défini dans le jargon scientifique comme une “unité élémentaire pouvant porter une information quantique”. Et force est de constater que pour l’instant, même les supercalculateurs quantiques de Google ou IBM ne sont pas parvenus à obtenir un qubit assez stable pour pouvoir amorcer la révolution de l’informatique quantique.
Une fois cette barrière franchie, de nombreux domaines de l’informatique deviendront obsolètes ; nos protocoles de chiffrement en première ligne. Mais il faut tout de même savoir que certains domaines ont déjà recours à ce champ de recherche : on peut citer par exemple la chimie avec le biomimétisme quantique (capacité à simuler des molécules du vivant pour trouver de nouveaux traitements ou vaccins).
La recherche génomique pour trouver de nouveaux traitements
On vous citait juste avant le potentiel que peut avoir le quantique dans la recherche de traitements médicaux et vous l’aurez compris, cette partie découle directement de la seconde révolution quantique dont nous parlions. La recherche génomique s’intéresse par définition aux gènes contenus dans nos cellules et celles-ci contiennent l’information nécessaire pour créer les protéines. Pour vous rendre compte : il a fallu 13 ans pour séquencer le premier génome humain alors qu’il faut aujourd’hui moins d’une semaine. C’est d’ailleurs cet exploit qui nous a permis de créer des vaccins anti-Covid « à ARN messager » en un temps record.
La biologie synthétique porte la promesse de pouvoir prévenir et guérir des maladies que les scientifiques ne sont pas encore parvenus à déchiffrer (ce satané Sida, par exemple). Le Graal serait d’ailleurs d’arriver à mieux séquencer le repliement de protéines qui peut être à l’origine des maladies dégénératives connues comme Alzheimer, Parkinson, Huntington ou encore la mucoviscidose. Google avait fait une annonce en ce sens il y a deux ans mais comme on ne va pas jouer les Fred et Jamy sur ce coup, on vous propose plutôt un décryptage très détaillé sur Youtube.
Vers une technologie durable ?
Quelques exemples de secteurs prometteurs pour le climat…
La séquestration et la revalorisation des émissions carbone
Il y a dans ce cas deux types de technologies qui attirent l’attention : d’une part, les filtres “à air direct” qui permettent de récupérer directement le CO2 de l’air ambiant pour ensuite le réutiliser sous d’autres formes comme du fertilisant pour plantes ou encore du gaz pour boissons. Un part du CO2 capté peut aussi être injecté dans le sous-sol, c’est d’ailleurs ce que réalise une des entreprises les plus connues dans ce domaine est Climeworks (du moins pour tout le surplus de carbone qu’elle ne revalorise pas). Son objectif est de retirer 1 % du dioxyde de carbone émis dans le monde d’ici à 2025.
D’autre part, il existe aussi des dispositifs permettant de capter le CO2 directement engendré par la combustion d’une centrale à charbon pour l’extraire et le revaloriser, notamment dans du béton. La startup Carbon8 par exemple (soutenue par EDF et le cimentier Vicat), a conçu le “CO2ntainer” : un dispositif déployable dans les usines ayant recours à de la combustion pour capturer le carbone à la source et le stocker de manière permanente dans des granulats potentiellement réutilisables par l’industrie du ciment, des aciéries ou encore des papeteries.
L’hydrogène comme alternative au carburant fossile ?
Les constructeurs d’avion se sont tous emparés du sujet ces dernières années, conscients que leur impact environnemental ne pourra perdurer ad vitam æternam. Et puisque la fusion nucléaire reste encore difficilement atteignable dans un avenir proche, la production de dihydrogène décarbonée pourrait être une solution viable. Problème, cette dernière est basée à 95% d’énergies fossiles en France – les 5% restant correspond à de l’électrolyse de saumure. Et puisque cette électrolyse nécessite de l’électricité pour fonctionner, méfiez-vous des effets d’annonce promettant un vol d’avion à hydrogène vert ou neutre en carbone.
À lire aussi : Airbus teste des moteurs à hydrogène liquide : un pas vers l’avion écologique ?
L’isolation thermique à base de low tech
Ici pas besoin de gadgets sophistiqués ou de tech à la pointe. La déperdition de chaleur nous concerne tous et c’est aujourd’hui un des plus gros défis pour réduire l’impact carbone de nos bâtiments. Pour en savoir plus, nous avons publié en décembre 2022 un dossier sur les innovations en matière d’isolation thermique.
Les alternatives au lithium dans les batteries
Le lithium est principalement présent dans nos batteries électriques et beaucoup cherchent à le remplacer par un composé plus performant en termes de stockage mais aussi plus respectueux de l’environnement. Certaines entreprises ont imaginé des prototypes de batteries en sodium, en fer, en silicium, en magnésium ou encore en chanvre. Même Elon Musk est sur le coup : son laboratoire Tesla Advanced Battery Research a mis au point en partenariat avec l’université de Dalhousie (Nouvelle-Ecosse) un prototype de batterie qui mélange du lithium avec du nickel, du manganèse et du cobalt. Cette batterie est présentée avec une durabilité de plus de 100 ans.
En finir avec le mythe du solutionnisme technologique à tout prix
Ah ce vieux mythe du progrès technique au secours d’une humanité en déclin… Face à l’urgence climatique, l’innovation présente évidemment des solutions non négligeables pour optimiser nos ressources, réduire notre consommation d’énergie et voire trouver des alternatives aux combustibles fossiles. Mais spoiler : toutes ces technologies ne sont pas sans impact et il ne faudrait pas qu’elles aggravent la situation.
Saviez-vous qu’un smartphone comporte en moyenne 40 métaux différents, souvent dispersés sous forme de nanoparticules impossibles à recycler ? Ou encore qu’une éolienne peut contenir jusqu’à 600 kilos de terres rares ? Ce n’est pas le seul exemple car aujourd’hui, nos panneaux solaires, nos voitures électriques, notre électroménager sont tous équipés de composants électroniques et semi-conducteurs.
À savoir : on parle d’effets rebonds quand l’introduction d’une nouvelle technologie provoque des effets négatifs sur l’environnement et viennent annuler les promesses d’économies d’énergie potentielles. Pour en savoir plus, voici un entretien d’un expert sur le sujet.
La dématérialisation des activités humaines portait aussi la promesse de pouvoir mieux monitorer leur consommation énergétique et donc leur impact carbone. Mais dans les faits, ces nouveaux espaces virtuels ont créé de nouveaux usages tout aussi énergivores : les envois d’email, le transfert de fichiers, le stockage dans le cloud… Tant que les inventeurs ne prendront pas en compte ces effets rebond, le transhumanisme et le solutionnisme technologique continueront de brouiller les pistes.