La console portable de Valve fait beaucoup parler d’elle. Ses premières livraisons étant attendues au tournant, il est temps de faire un récapitulatif sur tout ce que l’on sait sur le Steam Deck.
- Fiche technique du Steam Deck
- Le SoC au cœur de la bête
- Les performances attendues du Steam Deck
- Le stockage interne
- SteamOS, le logiciel exclusif au Steam Deck
- Proton, la couche de compatibilité Windows/Linux
- Performances et compatibilités de Proton
- Des problèmes de ventilateur sur le Steam Deck
- Prix et date de sortie du Steam Deck
- Un vaste catalogue de jeux
- Un Steam Deck avec Mac OS 7
Le Steam Deck n’est pas la première incursion dans la machine de jeu de la part de Valve. On leur doit notamment la Steam Machine (pour laquelle a été conçu le premier SteamOS) et le Steam Controller, qui n’ont pas été de franches réussites. Mais ont leurs doit également un casque VR autour duquel ils ont pu implanter leur écosystème SteamVR et même commercialiser leur propre jeu, Half-Life Alyx.
Non décidé à stopper cette incursion dans le domaine de l’hardware, l’été dernier Valve nous a surpris en annonçant le Steam Deck, appareil quelque part entre petit PC portatif et console de jeu. La machine tournant sous Steam OS est annoncée comme pouvant lancer la quasi intégralité du catalogue Steam et ce avec un minimum de 30 fps même sur des AAA. Le nombre de communiqué et de déclarations augmentant ces derniers temps, le moment est venu de faire le point sur ses caractéristiques et sur ce que nous savons de ses capacités.
Fiche technique du Steam Deck
Processeur
- APU AMD Aerith à 15W de TDP
- CPU Zen 2 4 cœurs (8 threads) @ 2,4 GHz – 3,5GHz (448 Gflops FP32)
- GPU : 8 UC RDNA 2 @ 1 GHz – 1,6 GHz (1,6 Tflops FP32)
- RAM : LPDDR5 16 Go intégrée (quatre canaux 32 bits, 88Go/s)
Stockage (selon version) :
- eMMC 64Go (PCIe Gen 2 x1)
- SSD M.2 2230 NVMe 256 Go (PCIe Gen3 x4)
- SSD M.2 2230 NVMe 512 Go (PCIe Gen 3 x4)
- + Port microSD « ultra rapide » sur toutes le versions
Contrôles et entrées
- Boutons : A B X Y + croix directionnelle + 4 gâchettes + 4 boutons configurables
- Sticks et trackpad : 2 sticks analogiques + 2 trackpads à retour haptique
- Gyroscope : IMU 6 axes
Ecran
- Type : LCD IPS tactile 60 Hz 7 pouces
- Définition : 1280 x 800 (format 16 :10)
- Luminosité : 400 cd/m²
Audio
- Canaux : Stéréo avec DSP intégré
- Microphone : Double réseau de microphones
- Numérique : Audio multicanal via DisplayPort par USB-C, USB-C ou Bluetooth 5.0
Connectique
- Sans fils : Bluetooth 5.0 + Wifi (double bande 2,4 Ghz et 5 GHe, MIMO 2 x2, IEEE 802.11a/b/g/n/ac
- Sortie audio : Jack 3.5
- Sortie vidéo : Port USB-C compatible DiplayPort 1.4 Alt-mode ; jusqu’à 8K à 60 Hz ou 4K à 120 Hz, USB 3.2 Gen 2
Dimensions et poids
- Dimensions : 298mm x 117mm x 49mm
- Poids : Environ 669g
Logiciel
- OS : Steam OS (basé sur Arch)
- Bureau : Plasma KDE
Station d’accueil
- Réseau : Ethernet
- Périphériques : 1 port USB-A 3.1 + 2 ports USB-A 2.0
- Sortie vidéo : DisplayPort 1.4 + HDMI 2.0
- Alimentation : via USB-C
Le SoC au cœur de la bête
Le cœur de la bête qui fait battre en rythme tout le reste de la machine – le SoC – est un APU AMD custom nommé Aerith. Il est basé sur une architecture AMD Zen 2 4 cœurs physiques + 4 cœurs virtuels. Ses cœurs GPU eux, sont basés sur la plateforme RDNA 2. Que ce soit Zen 2 (CPU) ou RDNA 2 (GPU), ces deux architectures d’AMD sont celles déployées par la firme aussi bien sur les PlayStation 5 et Xbox Series S/X que sur PC. En effet Zen 2 est entre autres l’architecture utilisée sur la gamme Ryzen 3000, et RDNA 2 est ce qui est actuellement utilisé pour les cartes graphiques Radeon RX 6000.
De ce fait, Aerith est une puce x86. Détail important, puisque Valve a comme ambition pour son Steam Deck de pouvoir faire fonctionner la quasi-intégralité de son catalogue Steam, qui est donc un catalogue PC. Bien évidemment, ce n’est pas parce que l’architecture est la même que pour les PS5, Series X et Radeon RX 6900 XT que la puce est la même ou se retrouve à avoir la même puissance, loin de là. Mais aux vues de son processeur x86 et de son OS Linux, la machine de Valve peut être considérée comme un PC. Avec un TDP de 15W, la puce reste un SoC basse consommation, mais dont la partie graphique aurait été boostée. Et les composants issus du monde PC ne doivent pas être étrangers à l’autonomie de 2 à 5 heures de la batterie 40 Wh relevées par certains développeurs. Bien que ça ne soit pas énorme, c’est comparable à ce qu’offre la Nintendo Switch qui est pourtant équipée d’un SoC ARM bien moins puissant.
Les performances attendues du Steam Deck
Là où Valve rééquilibre la chose, c’est avec son écran. Avec une définition de 800p, les demandes en ressources ne seront pas très élevées. Et la société promet que la quasi-totalité du catalogue sera jouable, et ce au moins à 30 fps. Avec la configuration qu’on lui connait, et la définition de l’écran, on peut s’attendre à avoir entre 40 et 60 images par secondes sur une majorité des jeux. Mais quid des options graphiques.
Dans tous les cas, il a été confirmé que le Steam Deck ne serait pas plus performant une fois relié au dock « Nous avons estimé qu’il était en fait préférable de ne pas modifier en fonction du statut amarré ou du statut mobile […] Nous n’avions pas vraiment l’impression que nous devions cibler également le scénario du dock à des résolutions plus élevées. Nous voulions un objectif de conception plus simple et lui donner la priorité », Valve veut lui prioriser l’utilisation mobile.
Le stockage interne
Pour ce qui est du stockage, afin de proposer un prix d’appel accessible, plusieurs options seront disponibles. Si le Steam Deck « standard » est équipé d’un SSD M.2 de 256 Go ou 512 Go, la version la plus financièrement accessible aura une puce interne (eMMC) plus petite et moins performante de 64 Go. Pour ce qui est des SSD, la version 512Go est annoncée comme 1,25% plus rapide que l’eMMC. Pour l’instant le peu de retours de développeurs montrerait qu’il n’y a pas vraiment de différence en jeu. Ces SSD NVMe seront au format M.2 2230, et interfacés en PCI Express 3 x4. Valve indique qu’ils sont techniquement interchangeables, mais déconseille fortement de le faire. Valve a publié une vidéo du démontage de la machine, où l’on pouvait entre autres voir le SSD.
À noter que Valve a effectué fin mai 2022 un changement de pièce pour ses SSD internes. Les nouveaux modèles sont compatibles avec la norme PCI Express x2, contre x4 sur le Steam Deck d’origine. Si la nouvelle a généré son lot d’inquiétudes, l’un des concepteurs de la machine, Lawrence Yang, a assuré au site PCGamer que les différences en terme de performance sont en réalité minimes et qu’il n’y a donc pas lieu de protester. On attend bien sûr des tests plus poussés !
SteamOS, le logiciel exclusif au Steam Deck
Comme mentionné plus haut, le Steam Deck utilisera SteamOS 3.0 comme système d’exploitation. Il s’agit en fait de Linux avec une distribution Arch, et utilisant un bureau Plasma de KDE. L’OS, qui date (pour sa première version) de presque 10 ans déjà, fonctionne exclusivement sur plateforme X86_64. Comme pour le Steam Deck, SteamOS a été conçu pour pouvoir faire fonctionner tout le catalogue disponible sur Steam. Raison de plus pour le choix de cette architecture processeur sur le Steam Deck. La boucle est bouclée. Mais à l’heure actuelle, il ne serait pas encore totalement au point et demanderait encore beaucoup de développement. Certaines fonctionnalités absentes ont été soulevées : la possibilité de mettre un jeu en veille, ou le fait de savoir si un jeu est natif ou utilise Proton.
À ce stade vous vous demandez peut-être comment une machine fonctionnant avec un OS Linux fera pour faire tourner des jeux Windows ? C’est là que Proton entre en jeu.
Proton, la couche de compatibilité Windows/Linux
Si vous vous êtes déjà un peu penché sur l’univers GNU/Linux, peut être que vous avez déjà entendu parler de Wine. Ce logiciel libre existant depuis 1993 a été créé dans le but de faire fonctionner des logiciels conçus pour Windows sur une plateforme Linux. Bien que la signification de son nom (Wine Is Not an Emulator) indique le contraire, il fonctionne comme un émulateur Windows pour PC Linux. Mais quel est le rapport me direz-vous ? Et bien Proton a été créé sur le code source de Wine. Dans le jargon, on dit que Proton est un fork de Wine. Lancé en 2018 par Valve, il est lui aussi totalement gratuit et open source. Valve ayant toujours soutenu et promu le logiciel libre et notamment Linux (l’entreprise a même menacé de retirer Steam de la plateforme Windows il y a quelques années), il a voulu développer un outil pour pouvoir faire fonctionner n’importe quel jeu Windows sur n’importe quelle distribution Linux.
Performances et compatibilités de Proton
Proton utilise l’API Vulkan (qui est lui aussi open source), les jeux utilisant nativement cette API ont donc plus de chance de fonctionner correctement. Pour les autres, c’est l’outil de traduction Direct3D (Direct X) vers Vulkan qui sera fourni. Proton est aujourd’hui largement utilisé et soutenu par la communauté Linux, et le site ProtonDB a même été créé pour répertorier les jeux compatibles et leurs niveaux de compatibilité. Proton étant énormément suivi et mis à jour par Valve, la différence de performance entre les jeux émulés sur Linux et ceux natifs sur Windows s’amenuise de plus en plus.
Il arrive même que certains jeux fonctionnent mieux avec Proton que sur Windows, mais de manière générale on peut noter une différence d’une dizaine de pourcents en défaveur de Proton (ce qui est déjà exceptionnel). Nul doute que Valve ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, et les performances de Proton vont probablement continuer à progresser, surtout si le Steam Deck est un succès. Mais pour l’instant Proton semble poser problème avec certains anti-cheats, notamment le système Easy Anti-Cheat qui rentre en conflit avec la solution de Valve.
Des problèmes de ventilateur sur le Steam Deck
Sur les forums d’utilisateurs, plusieurs bugs ont déjà été signalés. Il y a tout d’abord eu un problème de drift des joysticks mais qui peut être réglé directement depuis les paramètres du Steam Deck. Le deuxième problème paraît plus majeur, le ventilateur de la console fait trop de bruit. Pour être précis, cela dépendrait du fabricant de la pièces. Les Steam Deck équipés d’un ventilateur Delta souffrirait davantage de ce problème par rapport à ceux avec un Huyaing.
Une mise à jour de SteamOS a permis de réduire les nuisances. Valve affirme ainsi avoir ajouté « une courbe de ventilateur contrôlée par le système d’exploitation pour améliorer l’expérience dans les scénarios de faible utilisation et ajuster la façon dont le ventilateur réagit à différents scénarios et températures ». Concrètement, Valve a modifié la courbe du ventilateur pour que celui-ci arrête de faire un bruit fou à certains moments. Cela contribuerait à réduire la gêne mais certains jugent que c’est encore insuffisant.
Attention toutefois, sur le forum Reddit, des utilisateurs proposent une méthode pour réparer soi-même le Steam Deck avec des morceaux de scotch d’électricien derrière le ventilateur. Si cela semble efficace, Valve déconseille d’y avoir recours. En effet, « nous ne recommandons pas de changer le chemin du flux d’air car nous ne savons pas quel impact cela aurait sur les thermiques », souligne le designer Lawrence Yang. En clair, le Steam Deck pourrait surchauffer.
Prix et date de sortie du Steam Deck
Trois prix différents sont disponibles aujourd’hui sur le site de Steam pour ceux qui souhaitent acheter le Steam Deck. Une version à 419 euros, une seconde à 549 euros et une dernière à 679 euros. La différence se trouve principalement de la taille du stockage mais aussi de son type (SSD pour les deux versions les plus chères). Il est aujourd’hui possible de se connecter pour réserver. Mais la commande ne sera effectivement possible qu’à partir du 3e trimestre 2022. Le site précise que vous pourrez commander l’équipement au mois d’octobre ou plus tard.
- 419 € pour la version 64Go
- 549 € pour la version 256 Go (avec étuis + bundle)
- 679 € pour la version 512 Go (avec étuis + bundle + verre antireflet de qualité supérieure + thème virtuel exclusif)
Un vaste catalogue de jeux
Selon un état des lieux dressé début avril, soit un mois après son lancement, le Steam Deck de Valve comptait déjà plus de 2.000 jeux compatibles nativement. Si on se penche sur les jeux 100% compatibles, le total a triplé depuis le lancement. Il y en avait 400 au début du Steam Deck, le total est désormais de 1.200. Le site ProtonDB précise que c’est possible grâce à Proton, un outil qui permet de jouer « aux jeux Windows sous Linux aussi simplement qu’en appuyant sur le bouton Jouer dans Steam ». De son côté Valve aurait considérablement accéléré le temps de validation des jeux sur la console.
Ces chiffres, quelques mois après le début du Steam Deck sont la preuve d’un véritable succès selon les utilisateurs. Puisque le Steam Deck possède son propre OS, les jeux demandent un effort d’adaptation pour qu’ils puissent être joués de façon native sur la console. La compatibilité du catalogue constitue un objectif majeur pour Valve qui devrait donc continuer ses efforts dans cette direction. L’entreprise veut d’ailleurs aussi étendre le Steam Deck à d’autres catalogues de jeux. Une collaboration avec Microsoft permettra ainsi l’accès au Xbox Cloud Gaming, grâce au navigateur Microsoft Edge.
Un Steam Deck avec Mac OS 7
SteamOS ne vous convient pas ? L’initiative d’un passionné d’informatique devrait vous séduire. Il a réussi à faire tourner Mac 0S 7 sur son Steam Deck. Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux le 11 mai, il a donc montré la mise en place du système d’exploitation d’Apple. Le choix peut d’ailleurs surprendre puisqu’il date des anciens ordinateurs Macintosh, de 1991 précisément. Il avait été en activité jusqu’en 1997 et le lancement de MAC OS 8.
À noter que Valve a aussi lancé une beta avec Windows 11 afin de permettre aux joueurs de bénéficier de plus de souplesse à l’usage.
Quelle est la puissance du Steam Deck ?
Pour le moment il est difficile de savoir précisément la puissance du Steam Deck de Valve, mais le constructeur a indiqué que la quasi-totalité de la bibliothèque Steam serait jouable à au moins 30 fps. Bien que la puce utilisée soit proche de certaines existantes, elle est spécifique au Steam Deck, et dans un environnement particulier. Donc spéculer sur ces performances concrètes serait assez hasardeux à l’heure actuelle.
Où sera-t-il vendu ?
La vente du Steam Deck ne se fait que sur le site de Valve actuellement, mais n’est en revanche pas exclusive aux États-Unis. Et pour l’instant la vente est réservée à ceux ayant fait une précommande en juillet 2021. Les concernés n’auront que 3 jours pour confirmer et finaliser la commande, sous peine de voir la console portable être attribuée au client suivant sur la liste d’attente. Les réservations sont toujours disponibles, mais pour une livraison à partir du deuxième semestre 2022.
Sera-t-il possible d’augmenter le stockage ?
Valve a expliqué que le SSD interne était techniquement changeable, mais qu’il déconseillait de le faire. En revanche un port microSD est présent pour pouvoir augmenter la taille du stockage à souhait.
Le Steam Deck est-il réservé exclusivement aux jeux vidéo ?
Bien qu’il soit conçu et vendu pour ça, il n’est pas bridé à un usage exclusif pour les jeux vidéo. L’équipe de Valve explique qu’il est possible d’aller sur internet et qu’« en gros vous pouvez faire la même chose dessus qu’avec un PC. »