Pour engraisser les plantes qu’ils cultivent, les agriculteurs utilisent des tonnes de fertilisants chaque année. Une start-up hispano-cambodgienne a eu l’idée farfelue, mais innovante, d’utiliser de la paille de riz afin de fertiliser les terres.
En tant que continent le plus pollué au monde, l’Asie se doit de trouver des solutions pour être plus respectueuse de l’environnement. Un défi très complexe tant les pays asiatiques sont industrialisés et que les déchets sont mal gérés. De nombreuses personnes pensent que la technologie reste la solution pour diminuer la pollution. Même si c’est en partie le cas, certaines idées, parfois toutes simples, n’impliquent pas d’être un génie de la tech afin de les mettre en place. C’est le cas de la trouvaille écologique que nous allons vous présenter.
L’écorce de riz comme fertilisant et éponge végétale au Cambodge
Au Cambodge, pourtant un des pays asiatiques les moins industrialisés, a décidé d’appliquer des mesures plus écologiques au niveau agricole. L’entreprise HUSK a notamment remarqué que dans la région, d’énormes dunes se formaient. Aux premiers abords, on peut croire à du sable, mais il s’agit en réalité de paille de riz, aussi appelé écorce de riz. C’est un déchet encombrant, généralement brûlé, et donc à l’origine de l’émission de milliards de tonnes de CO2 dans l’atmosphère.
Comme explique Noémie Martin, ingénieure de HUSK, « On transforme l’écorce de riz fraîche en biochar, en charbon : on la pyrolyse, à haute température, avec peu d’oxygène ». Plus simplement, la paille de riz est cuite à l’étouffée, ce qui permet de ne rejeter aucun gaz à effet de serre. L’écorce de riz n’est pas réellement brûlée, mais elle permet d’obtenir une sorte de poudre noire. Le processus permet de piéger le carbone directement dans la paille de riz.
La paille de riz devient alors du « biochar » qui est utilisé en tant que fertilisant. Ce composé végétal a même la particularité de retenir l’eau comme une éponge. Dans des régions où la saison sèche dure des mois, le biochar est une bénédiction puisque les plantes utilisent l’eau stockée dans le sol, ce qui évite aux agriculteurs d’arroser constamment et donc, d’économiser de l’eau.
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Un fertilisant efficace qui pourrait avoir un impact sur l’émission de gaz à effet de serre
« Les feuilles restent bien vertes, alors que celles des autres arbres jaunissent. J’ai eu plus de rendements l’an dernier, et surtout, les noix étaient plus grosses et de meilleure qualité », explique une utilisatrice du Biochar. Pour Philippe Ciais, chercheur au Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement (LSCE), le Biochar est une substance « qui marche très bien ».
Ce qui l’inquiète un peu plus, c’est de savoir s’il est possible d’accélérer la production de ce bio fertilisant, et si son utilisation généralisée pourrait faire du bien à la planète. « Est-ce que l’on peut vraiment développer une filière biochar qui séquestrerait des millions de tonnes par an, dont on aurait besoin pour nous aider dans la lutte contre le changement climatique ? On ne sait pas encore » précise avec précaution le chercheur.
À noter que l’écorce de riz non brûlée peut également être utilisée en tant que litière pour chats, comme produit de base pour l’alimentation animale, ou encore pour le compost. Ces déchets de riz sont également utilisés pour produire des matériaux utiles à la construction de maisons. C’est une entreprise italienne du nom de Ricehouse qui a eu l’idée en construisant ces deux dernières années près d’une soixantaine de nouvelles maisons… en riz !