Vous est-il déjà arrivé de somnoler dans le train et/ou d’avoir des maux de têtes répétés ? Il y a de fortes chances que cela soit dû à la grande quantité de dioxyde de carbone présent dans l’air.
Plusieurs études ont démontré que la quantité de gaz carbonique accumulé dans un espace clos pourrait avoir des effets directs sur les performances psychomotrices des individus. En effet, des niveaux élevés de concentration de dioxyde de carbone dans l’air intérieur favorisent l’endormissement et le manque de concentration, notamment dans les classes, les bureaux et même les trains.
Plus récemment, une étude parue au mois d’avril dans la revue GeoHealth, démontre qu’à terme un taux de CO2 élevé pourrait même altérer nos capacités cognitives. Malgré les dangers, ce phénomène pourrait s’amplifier dans le futur, car les concentrations de CO2 sont en constante augmentation depuis le début de l’ère industrielle. Des 415 ppm (parties par million) atteintes l’an dernier selon les relevés, elles pourraient, selon le GIEC, grimper à 930 ppm (parties par million) d’ici à 2100.
Le CO2 omniprésent dans nos lieux de vie
L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) a réalisé différentes campagnes de mesure de la qualité de l’air intérieur réalisées dans des enceintes ferroviaires souterraines (EFS), trains, métros et RER. Ces relevés ont mis en lumière une pollution particulaire spécifique. Ces particules sont présentes à des niveaux de concentrations massiques plus élevés à l’intérieur.
En cause, une activité ferroviaire polluante, notamment à cause de l’usure du matériel (freins, frottements entre les roues et les rails) et d’autres raisons liées au type de matériel roulant, la densité du trafic des trains, la configuration des stations et la performance du système de ventilation. La présence de ces particules dans nos lieux de vie en fait un sujet éminemment sanitaire.
C’est ainsi que, depuis 2015, la SNCF conduit avec Airparif une étude de mesure de la qualité de l’air dans les gares souterraines franciliennes. L’objectif est de trouver des solutions pour réduire le niveau des particules fines résultant essentiellement de phénomènes mécaniques liés au freinage des trains.
Il s’agissait dans un premier temps d’optimiser la ventilation des gares et d’intervenir sur le traitement de l’air. Pour cela, une expérimentation proposée par Air Liquide avait été testée dans la station SNCF « Avenue Foch » sur la ligne du RER C. Il s’agissait de filtrer, par un procédé d’ionisation positive, l’air puisé à l’intérieur de six armoires sur les quais de la gare. Toujours dans le cadre de ce projet appelé « Innovons pour l’air de nos stations », la solution de la start-up Starklab avait elle aussi été retenue et proposait d’utiliser un procédé de filtration des particules par voie liquide.
Des capacités cognitives altérées
En plus de nuire à l’environnement, le CO2 nuirait aussi à nos capacités intellectuelles. En effet, respirer l’air d’un espace clos, comme lorsque nous montons dans un wagon bondé par exemple, augmente le taux de dioxyde de carbone dans le sang et diminue l’oxygène reçu par notre cerveau. Plusieurs études ont déjà démontré que ce phénomène favorise la somnolence et l’anxiété.
Plus encore, une récente étude publiée par la revue GeoHealth semble également démontrer qu’un taux élevé de CO2 peut altérer nos facultés cognitives. Kris Karnauskas et son équipe ont développé un modèle prédictif sur la relation entre les niveaux de dioxyde de carbone et leurs conséquences sur les facultés cognitives. Ils ont par ailleurs remarqué qu’une concentration en CO2 de 930 ppm en extérieur pourrait faire monter les niveaux de CO2 jusqu’à 1 400 ppm dans les espaces clos.
Résultat : les fonctions exécutives comme la prise de décision et la planification semblent directement être affectées. Selon les scientifiques, un taux élevé de CO2 pourrait réduire notre capacité à prendre des décisions simples de 25 % – et jusqu’à 50% pour les réflexions stratégiques. tandis que les réflexions stratégiques connaitraient une baisse allant de 50 % pour les réflexions stratégiques, selon les scientifiques.
Un phénomène qui n’est pas prêt de s’arranger car l’accumulation de CO2 causée par l’Homme dans l’atmosphère ne fait qu’accélérer. En 2019 déjà, les émissions de CO2 dans le monde s’élèvent à 38 milliards de tonnes (hors utilisation des terres, changement d’affectation des terres et foresterie), soit 5 tonnes par habitant, et étaient en hausse de 68 % par rapport à 1990.
Cette hausse d’émissions mondiales de CO2 est en grande partie d’origine fossile. Afin d’endiguer le problème il faudrait donc réduire un maximum les émissions générées par ces combustibles mais aussi, à plus petite échelle, trouver des processus permettant de mieux ventiler nos transports en commun.
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Que veut dire l’acronyme « ppm » ?
Qu’est-ce que le taux de ppm ?
Quels sont les différents taux de ppm ?
Au-delà d’une concentration de 1400 ppm (en intérieur ou en exterieur), le CO2 peut générer des maux de tête et une perte de concentration. Voici les seuils de pollution CO2 correspondant aux couleurs des jauges :
Blanc / Très bon : Jusqu’à 800 ppm
Jaune / Bon : 800-1200 ppm
Orange / Moyen : 1200-1400 ppm
Rouge / Mauvais : 1400-2000 ppm.