Vivre éternellement, voilà un rêve vieux comme le monde… Mais peut-il se réaliser un jour ? C’est en tout cas l’une des grandes préoccupations des chercheurs.
Les progrès de la science et de la médecine nous permettent, pas à pas, d’allonger la durée de vie tout en repoussant le vieillissement biologique. Il faut dire que la plupart des décès de causes dites « naturelles » sont généralement causés par la défaillance de certains organes, qui deviennent incapables de jouer leur rôle.
Heureusement, les techniques de greffe et de « réparation » d’organes se multiplient dans l’espoir de prolonger notre espérance de vie moyenne. Mais alors, ces nouveaux moyens peuvent-ils suffire à atteindre la vie éternelle ? Existe-t-il un « âge » plafond impossible à surmonter ? Dans les faits, tout n’est pas si simple… Décryptage.
La quête de l’âge limite : un problème sans solutions ?
C’est une question qui taraude bon nombre de scientifiques, et dont la réponse semble bien difficile à définir. Y a-t-il un âge limite que les humains ne pourront jamais atteindre ?
D’après les résultats d’une étude publiée dans le journal The Royal Society Open Science, il n’y aurait – en théorie – pas de limite absolue en termes d’âge. Et pour en arriver à cette conclusion qui peut faire débat, les chercheurs affirment avoir collecté les données de plusieurs centenaires en Europe. Constatant « qu’une limite physique à la durée de vie des humains serait si élevée qu’il est très peu probable qu’on s’en approche ».
Le directeur de cette fameuse étude, Anthony Davison, a d’ailleurs fait un parallèle bien plus parlant en affirmant à l’AFP : « au-delà de 110 ans, passer un an de plus est presque comme tirer à pile ou face. Soit vous vivez jusqu’à votre prochain anniversaire, soit vous mourrez au cours de l’année qui vient ».
Mais d’un autre côté, si l’on s’intéresse aux probabilités d’atteindre un tel âge, force est de constater que les personnes âgées de 110 ans ou plus sont bien plus nombreuses qu’auparavant. De quoi augmenter, en toute logique, les probabilités d’atteindre cette fameuse barre symbolique des 130 ans d’ici les prochaines décennies.
Quel est le record de vieillesse actuel ?
L’âge le plus avancé que nous connaissions jusqu’à aujourd’hui est toujours détenu par la Française Jeanne Calment, qui nous a quittés à 122 ans. Il pourrait toutefois être détrôné par la Japonaise Kane Tanaka, actuellement âgée de 118 ans.
Cependant, de nombreux scientifiques préfèrent jouer la carte de la prudence en ce qui concerne l’âge limite que l’on pourrait atteindre. Ce rapport de la Colorado State University nous rappelle d’ailleurs qu’il est primordial de faire le distinguo entre l’espérance et la durée de vie.
En effet, les progrès de la science ont certes permis d’allonger notre espérance de vie à « 73 ans en 2019 » (contre « 48 ans en 1850 »), mais cette observation peut être biaisée par la forte baisse du taux de mortalité infantile. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, il n’était pas rare de « dépasser les 70, voire 80 ans durant l’Antiquité ».
On pourrait donc se demander si l’âge limite a véritablement augmenté au fil des années, ou si le plafond de la durée de vie a déjà été atteint par le passé. En revanche, l’élargissement de la durée de vie pourrait bien nous aider à atteindre un âge moyen plus avancé. Et pour cela, on peut compter sur bon nombre de nouvelles interventions médicales qui permettent de « réparer » ou de remplacer les organes défaillants.
Nos organes pourraient-ils être remplacés à volonté ?
Les progrès de la médecine ont déjà permis de faire des miracles chez certains patients malades, qui auraient pu connaître un destin tragique si la transplantation d’organes n’existait pas. Cette opération complexe est toutefois loin d’être une formalité à l’heure actuelle, car elle dépend de nombreux facteurs tels que la présence de donneurs ou le potentiel rejet de greffe.
Et c’est justement pour ces raisons que les chercheurs expérimentent de nouvelles solutions, qui permettraient de simplifier les interventions tout en rendant leur bénéfice plus durable. À commencer par des organes créés en laboratoire.
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1. La greffe d’organes cultivés en laboratoire
L’idée peut prêter à sourire, mais elle est sérieusement considérée par de nombreux scientifiques. D’après nos confrères du média Trust My Science, elle permettrait en effet de créer des organes synthétiques « à la demande », sans être limité par la pénurie de certains organes ou de leurs caractéristiques qui s’avèrent parfois incompatibles avec le corps du receveur.
Pour ce faire, les chercheurs tablent donc sur la création d’organes fonctionnels en laboratoire grâce à des tissus cellulaires. Un incroyable pas en avant, qui pourrait révolutionner la greffe d’organes d’ici quelques années.
2. La réparation des organes par bio-impression
On pourra également compter sur l’utilisation d’une imprimante à jet d’encre modifiée, déjà capable de créer des oreilles à partir de cellules humaines, qui projettera des tissus cellulaires en 3D afin de réparer les lésions organiques. Une solution de génie pour ne plus avoir à remplacer les organes dans leur intégralité, grâce à leur reconstitution partielle.
Mais avant de s’intéresser à ces solutions qui s’adressent aux cas les plus extrêmes, encore faut-il avoir un mode de vie sain, qui permette de repousser notre vieillissement corporel…
Vivre plus longtemps, oui, mais à quel prix ?
Le simple prolongement de la vie – quoi qu’il en coûte – n’est sans doute pas la meilleure des finalités. En effet, on pourrait se demander : à quoi bon vivre plus de 130 ans, si c’est pour passer la moitié de sa vie dans un état de souffrance ? Est-il vraiment judicieux de s’acharner sur cette question de l’immortalité ?
Eh bien pour certains scientifiques comme Éric Verdin, directeur du Buck Institute for Research on Aging, il est important de prioriser le bien-être des personnes tout au long de leur existence, plutôt que de « forcer » le prolongement de leur durée de vie.
Cela passe donc, en tout premier lieu, par un mode de vie sain avec – entre autres – une alimentation équilibrée, ainsi qu’une activité sportive régulière et une consommation modérée d’alcool. Et en suivant ces simples conseils, sachez qu’il est déjà possible de ralentir l’altération de nos cellules et donc, de repousser la venue de notre dernière heure.
Cependant, Éric Verdin n’exclut pas les bienfaits de certaines interventions médicales sur la qualité de notre santé à long terme. « Notre espérance de vie a doublé au cours des 100 dernières années grâce à l’assainissement, à la lutte contre les infections microbiennes et à l’augmentation du traitement des maladies », a-t-il expliqué dans cet article du média Bloomberg. Et cela devrait se poursuivre grâce à l’apparition de nouveaux traitements, comme ceux de la maladie d’Alzheimer.
Les résultats des études épidémiologiques chez l’homme indiquent que la vie peut être prolongée de manière significative grâce à des interventions sur le mode de vie. (…) Sur la base de ces études, on peut extrapoler que la durée de vie humaine maximale se situe entre 120 et 150 ans.
Éric Verdin (directeur du Buck Institute for Research on Aging), pour Bloomberg
Voilà donc qui devrait nous aider à y voir plus clair sur cette vaste question de la « vie éternelle », un thème qui continuera de nous fasciner pendant de nombreuses années encore…
La qualité de vie ne se résume pas à la santé. Il y a beaucoup plus.
D’abord la « qualité », puis la « quantité », et non l’inverse. Personne n’a besoin d’une vie torturée.