Un Néerlandais paraplégique de 40 ans remarche pour la première fois grâce à la pensée ! Cette interface cerveau-moelle – co-inventée par des centres de recherche en France et en Suisse – est une première mondiale.
Paraplégique depuis 10 ans à cause d’un accident de vélo, Gert-Jan Oskam a enfin pu retrouver le contrôle naturel de ses jambes grâce à un « pont digital » entre son cerveau et sa moelle épinière. Cette innovation pourrait améliorer le quotidien de nombreuses personnes handicapées.
C’est quoi un « pont digital » ?
Ce pont digital est en fait la combinaison de deux dispositifs médicaux :
- WIMAGINE : développée par le CEA (Commissariat à l’Énergie Atomique et aux Énergies Alternatives) cette interface cerveau-machine- qui se place à la surface du cortex cérébral – permet de capter les signaux électriques du cerveau et de les convertir en intention de mouvement. Elle avait notamment déjà permis à un tétraplégique de piloter un exosquelette par la pensée.
- Un implant dans la moelle épinière : grâce à un neurostimulateur connecté et implanté directement dans la moelle épinière, les informations transmises par WIMAGINE sont envoyées dans les racines nerveuses, ce qui permet ensuite d’activer les muscles des jambes.
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Un grand pas vers la fin de la paraplégie
Gert-Jan avait retrouvé le contrôle naturel de ses jambes seulement quelques semaines après l’opération et avait pu retourner chez lui huit mois après l’opération. Le patient utilise encore un déambulateur pour avancer, mais contrôle le rythme et l’amplitude de ses pas uniquement grâce à sa pensée.
Véritable symbole d’espoir, les résultats après 6 mois semblent démontrer la création de nouvelles connexions nerveuses, ce qui devrait théoriquement permettre à Gert-Jan de gagner en équilibre et en contrôle de sa motricité.
Un premier pas, loin d’être le dernier
Comme le précise Anna Leonard pour Nature, une neuroscientifique à l’université d’Adélaïde en Australie :
« Il y a certainement encore de la place pour d’autres domaines de recherche qui pourraient aider à améliorer les résultats ».
Anna Leonard
En effet, cette innovation – déjà exceptionnelle – ne permet pas pour le moment de retrouver une motricité des bras ou le contrôle de la vessie et des intestins, l’opération est risquée et le périple avant de pouvoir monter une marche est « long » selon Gert-Jan (environ 6 mois).
Guillaume Charvet, chercheur au CEA, explique qu’il « faudra encore de nombreuses années de recherche » avant d’aboutir à une solution idéale mais ce dispositif franco-suisse constitue un motif d’espoir important pour les chercheurs et les personnes souffrant de paraplégie.