Quand on aime la technologie, on aime l’innovation, qui signifie aller toujours plus loin, explorer les possibles en transformant sans cesse la nature. Mais pour innover, il faut investir dans la recherche, utiliser de nombreux matériaux, voire en chercher de nouveaux. Puis, quand un produit fonctionne, il faut le répliquer à échelle industrielle afin de le rentabiliser. Et que fait-on des bénéfices ? On les réinvestit afin d’améliorer la version beta de notre invention. Sauf que les nouvelles recherches ont un coût qu’il faut rapidement amortir. Alors on sort régulièrement des mises à jour du produit en question, dans une fièvre qui nous fait oublier des effets pervers tels que la pollution ou le gaspillage. On en est même venu à organiser l’obsolescence des objets. Aujourd’hui, nous allons tenter d’éclairer les mécanismes de ce phénomène et comment lutter à notre échelle contre l’obsolescence programmée.
- à voir aussi : Produits Reconditionnés vs Black Friday : que choisir ?
Obsolescence programmée : exemple historique
À la fin du XIXe siècle, Thomas Edison a commercialisé les premières ampoules à incandescence, d’une durée de vie d’environ 1 500 heures. Puis, dans les années 20, leur longévité est passée à 2 300 heures en moyenne. En 1924, cependant, les grands fabricants d’ampoules ont décidé, lors d’un rassemblement connu sous le nom de Cartel Phœbus, d’assurer l’avenir du secteur en réduisant artificiellement la durée de vie des ampoules.
L’idée étant de les faire passer à 1 000 heures d’autonomie seulement, prétextant au public une meilleure sécurité d’usage. Pourtant, les ingénieurs ont très vite été capables de faire dépasser les 100 000 heures à leurs prototypes. Mais comment faire tourner une industrie si elle n’a plus besoin de produire à cause de ses objets trop performants ?
Quels problèmes avec l’obsolescence organisée ?
Faire tourner l’économie en maintenant le rythme de production, c’est une bonne idée sur le papier, mais cela occasionne au moins trois problèmes majeurs :
- l’utilisation d’un grand nombre de ressources polluantes pour fabriquer des produits neufs ;
- l’accumulation des déchets liés à la durée de vie limité des appareils ;
- cela coûte cher aux consommateurs.
Bien sûr, cela assure des emplois et favorise le cycle de l’innovation, puisque la société entière va contribuer à la financer en rachetant régulièrement des produits.
C’est pourquoi de grandes marques comme Apple, Samsung et LG y ont eu recours à maintes reprises.
Quels sont les différents types d’obsolescence ?
Pour y voir plus clair, il s’agit de distinguer trois types d’obsolescence :
- l’obsolescence matérielle, qui désigne un objet strictement hors d’usage ;
- l’obsolescence psychologique, qui concerne l’envie donnée à un utilisateur de changer d’équipement alors que le sien fonctionne encore très bien (mode, marketing, design, etc.) ;
- la combinaison des deux : quand, par exemple, on fait en sorte de sortir un produit attractif incompatible avec des dispositifs antérieurs (chargeur différent, connectivité nouvelle génération, etc.).
Tout cela fait qu’on se voit très souvent sollicité·e·s, soit par un appareil qui flanche juste après sa date de fin de garantie, soit par une publicité qui nous met l’eau à la bouche, soit quand l’achat d’un bien matériel nous oblige à remplacer des équipements auxiliaires.
Comment lutter contre l’obsolescence programmée ?
Pour ce qui est de l’obsolescence psychologique, d’abord, il faut déjà savoir l’identifier quand elle se présente. Est-ce qu’un nouveau modèle vous apportera, sur le long terme, bien plus de satisfaction que l’ancien, juste parce qu’il est un peu plus joli et qu’il intègre deux ou trois gadgets ? Cédez-vous à un achat compulsif à cause d’un coup marketing qui vous a retourné le cerveau ? Enfin, la nouveauté qui vous fait tant envie nécessite-t-elle un équipement complémentaire ?
Quant à l’obsolescence matérielle, il existe moult moyens de vous en prémunir : par exemple, sélectionnez des appareils avec une période de garantie plus élevée que la moyenne et un indice de réparabilité fort. En outre, pour faire des économies, essayez les produits reconditionnés ! Des sociétés récupèrent des objets déjà utilisés pour les remettre à neuf et leur donner une deuxième vie. Par défaut, les appareils sont moins chers, comme chez Back Market qui s’oppose au Black Friday et à l’effet d’urgence que l’événement suscite sur les esprits. En outre, vous obtenez une remise dès que vous leur envoyez votre ancien modèle.
Conclusion : rendre obsolète n’est pas innover…
Au contraire, c’est servir toujours le même schéma économique. C’est aussi porter notre émerveillement sur des progrès parfois minimes, dont les conséquences mal maîtrisées portent atteinte à notre environnement. Peut-être la véritable innovation peut-elle venir de l’utilisateur lui-même, s’il ne reste pas passif devant les lueurs d’une caverne de Platon marketing et se met à chercher des alternatives, à l’instar de Back Market ou d’autres acteurs qui inventent de nouveaux cycles pour valoriser plus longtemps le produit des travailleurs.