Renault, Nissan et Mitsubishi dévoilent une nouvelle feuille de route pour la décennie à venir. Cette collaboration stratégique baptisée Alliance 2030 met le cap sur l’électrique avec 35 modèles attendus d’ici 2030. Pour se faire, ce sont 23 milliards d’euros qui seront investis par l’Alliance dans l’électrification de ses véhicules.
Renault Group, Nissan Motor Co., et Mitsubishi Motors Corporation, lancent l’Alliance 2030. C’est à l’occasion d’un communiqué de presse ayant eu lieu ce jeudi 27 janvier que les trois groupes ont annoncé leur collaboration visant à construire un avenir commun et ainsi renforcer la compétitivité et la rentabilité des trois entreprises. Inscrite dans le prolongement de la stratégie Leader-Follower définie en 2020, cette nouvelle feuille de route s’étalera sur 10 ans et prévoit un investissement de 23 milliards d’euros pour l’électrification des véhicules ainsi que la création de 35 nouveaux modèles. Un renforcement de l’utilisation de plateformes communes entre les trois constructeurs est aussi prévu. En pratique, chaque constructeur partagera son savoir-faire et ses technologies permettant ainsi à l’Alliance de mieux exploiter les points forts de chacun et d’accélérer la transition électrique de ses véhicules.
Alliance 2030 : quand l’union fait la force
Une répartition des rôles
Il faut dire que les 3 groupes ont connu des temps difficiles et tentent de se relever comme ils le peuvent. Entre la chute de Carlos Ghosn (ancien dirigeant de Nissan) en 2018 qui avait entraîné des tensions entre Nissan et Renault, et la crise sanitaire ayant provoqué une pénurie de puces électroniques, la situation était au plus critique.
Afin de limiter la casse les trois constructeurs veulent repartir sur de bonnes bases en s’appuyant sur un schéma de collaboration inédit et en répartissant les rôles de chacun selon le domaine de compétence et la zone géographique: « Cela permettra à chaque entreprise de se concentrer davantage sur les besoins de ses clients, ses modèles emblématiques et ses marchés clés, tout en étendant à moindre coût les innovations à l’ensemble de l’Alliance », selon les trois constructeurs.
Ainsi, Nissan sera en charge du développement de sa technologie de batteries électriques solides « au bénéfice de tous les membres de l’Alliance », tandis que Renault sera « leader sur le développement d’une architecture électrique et électronique commune » destinée à connecter les 25 millions de véhicules de l’Alliance et à fournir des services et des fonctionnalités numériques selon le communiqué.
Quant à Mitsubishi, le constructeur renforcera sa présence en Europe avec deux nouveaux modèles dont le nouveau ASX basé sur des best-sellers de Renault.
Un partage des plateformes
Un renforcement de l’utilisation des plateformes communes entre les trois constructeurs est aussi prévu. Il devrait concerner 80 % du total de leurs modèles électriques en 2026 contre 60% aujourd’hui. Ce partage sera basé sur cinq plateformes communes de l’Alliance :
- CMF-AEV : utilisée pour la nouvelle Dacia Spring, elle sera la plateforme la plus compétitive du marché
- KEI-EV sera destinée aux véhicules électriques ultra-compacts de type Kei-Cars
- LCV-EV s’orientera sur les véhicules utilitaires tels que la Renault Kangoo et le Nissan Townstar
- CMF-EV sera la plateforme la plus polyvalente et équipera plus de 15 modèles électriques de l’Alliance d’ici 2030
- CMF-BEV : cette plateforme électrique compacte sera lancée en 2024 sur le site ElectriCity, le nouveau pôle industriel électrique du constructeur français dans le nord de la France. Elle devrait permettre de réduire les coûts de 33 % par rapport à la Renault ZOÉ, et équipera à terme 250 000 véhicules par an sous les marques Renault, Alpine et Nissan. Elle équipera également la future remplaçante électrique de la Nissan Micra.
Une nouvelle génération de voitures électriques : des voitures connectées et autonomes
En plus de vouloir se faire une place sur le marché des voitures électriques, les marques de l’Alliance veulent également mettre en commun leur expérience pour offrir aux utilisateurs des voitures connectées : « D’ici 2026, plus de 5 millions de véhicules connectés au Cloud de l’Alliance seront livrés par an, avec un total de 25 millions de voitures connectées en circulation », déclarait l’Alliance. Si l’Alliance réussit son pari, elle sera alors le premier constructeur mondial proposant l’écosystème Google dans ses voitures.
Et ce n’est pas sa seule ambition fixée puisqu’elle souhaite également développer ses technologies autonomes. Le groupe estime que d’ici 2026, ce sont plus de 10 millions de véhicules en circulation qui seront équipés de ce système de conduite. Grâce à ce logiciel, l’Alliance améliorera la performance de ses voitures et offrira une expérience optimale à ses clients. Ils se verront offrir de nouveaux services ( les véhicules pourront interagir avec les objets connectés) qui permettront à la fois de réduire les coûts de maintenance de ses clients mais aussi d’augmenter la valeur de revente de ses véhicules.
Reste à savoir si cette collaboration permettra à l’Alliance de se hisser sur le podium des voitures électriques les plus vendues. Quant on sait que la Model 3 de Tesla est la plus vendue en Europe et que des géants comme Toyota ou Volkswagen continuent d’investir des fortunes, la concurrence risque d’être très rude. Jean-Dominique Senar, le président de l’Alliance ne semble pas effrayé et annonce même être “très optimiste. »