Quelques semaines après avoir manifesté sa volonté de rachat de Twitter en mai dernier, Elon Musk avait décidé de bloquer la procédure d’acquisition en invoquant un problème de modération sur la plateforme. Désormais propriétaire depuis fin octobre, ces mêmes griefs lui sont reprochés et inquiètent les régulateurs européens.
Cette vidéo publiée sur Twitter en mai dernier nous montre – avec un brin de mise en scène – un échange entre le serial entrepreneur Elon Musk et le commissaire européen Thierry Breton sur l’intérêt d’une régulation européenne des plateformes en ligne. Quelques mois plus tard, le ton semble avoir sensiblement changé…
Le 30 novembre dernier, Thierry Breton a tenu, via visioconférence, à mettre en garde Elon Musk sur la question de la régulation de la plateforme qu’il vient tout juste d’acquérir : Twitter. Plus précisément, le Parlement européen a adopté le Digital Services Act, et Thierry Breton a souhaité s’assurer que les règles en vigueur soient bien respectées, comme le fait pour les sites de plus de 45 millions d’utilisateurs de renforcer leurs systèmes de modération.
Une restructuration de Twitter qui inquiète
Seulement un mois après avoir finalisé l’acquisition de Twitter, Elon Musk a présenté « Twitter 2.0 », une nouvelle version de la plateforme avec un accent plus fort sur la détection automatique de contenus problématiques et de faux comptes.
Une stratégie présentée en faveur du débat public qui se veut rassurante pour les régulateurs qui scrutent l’évolution du réseau social ces dernières semaines. En France par exemple, l’Arcom (l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) avait exprimé ses craintes dans un courrier adressé à Twitter.
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Il faut dire que le multimilliardaire n’y est pas allé de main morte depuis son arrivée à la tête de l’oiseau bleu : quelques jours après sa prise de poste, ce dernier a décidé, pour des raisons de rentabilité, le licenciement de la moitié de ses effectifs. Une décision hâtive pour certains qui affaiblirait directement la capacité de la plateforme à réguler ses flux puisque environ 15 % de l’équipe « confiance et sécurité » a été licencié ainsi que 75% des prestataires externes chargés des mêmes missions (environ 5000 personnes).
Une hausse des contenus haineux depuis la Coupe du Monde
Une récente étude du Centre britannique pour la lutte contre la haine en ligne (CCDH) a comparé la moyenne des tweets par jour avant et après la prise de fonction du patron de Tesla (du 27 septembre au 26 octobre puis du 18 au 24 novembre). Résultat : plus de 30 000 tweets véhiculaient des insultes à l’encontre de personnes noires, soit en moyenne trois fois plus depuis le changement de leadership. À cela s’ajoute une hausse probante des tweets haineux contre les juifs, les latinos mais aussi les homosexuels et les transgenres.
Pire encore : cette même étude a démontré que Twitter ne serait parvenu à supprimer en moyenne que 1% des tweets racistes diffusés durant la Coupe du Monde – y compris ceux signalés aux services de modération. Sur un échantillon de 100 messages de ce type adressés à 43 footballers professionnels britanniques, un seul aurait été effectivement censuré. Ce qui confirme encore une fois la fragilité de Twitter en termes de modération, et encore plus lorsqu’une compétition d’envergure comme la Coupe du monde est en cours.
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Évidemment, comme à son habitude, Elon Musk conteste ce constat avec un aplomb irrécusable. Ce dernier défend un principe de liberté d’expression pour le moins très personnel et a permis par exemple, via des sondages auprès de ses abonnés, la réhabilitation du compte Twitter de Donald Trump. D’autres personnalités anglo-saxonnes – visiblement issues de l’extrême droite, voire conspirationnistes – ont aussi pu revenir sur le réseau social, à l’image de Marjorie Taylor Greene ou bien Carl Benjamin.
Pour Thierry Breton, cette procédure “arbitraire” fait partie du nerf de la guerre et le système de “conseil des sages” indépendant mis en place par Facebook fait figure d’exemple. L’homme d’affaires américain avait par ailleurs promis de mettre en place un système similaire pour valider les règles de modération. Une promesse qui a été rapidement balayée à la mi-novembre, de quoi inquiéter encore plus les régulateurs européens.
Qu’est-ce que Elon Musk a créé ?
Considéré comme l’homme le plus riche du monde (devant Jeff Bezos), Elon Musk est propriétaire de Space X, Tesla et Neuralink. En août 2022, il a revendu une bonne partie de ses parts dans l’entreprise spécialisée dans les véhicules électriques afin de racheter Twitter.
Comment Elon Musk a créé PayPal ?
En 1999, le jeune entrepreneur Elon Musk crée une banque en ligne intitulée X.com. Constatant que le service de paiement en ligne Paypal, qu’il a racheté en mars 2000, rencontrait un grand succès, X.com décida un an plus tard de changer de nom pour PayPal.