Le Métavers nous promet une immersion totale dans le monde virtuel. Pourtant, afin d’assurer l’interopérabilité entre les différents services, de grands obstacles technologiques restent à surmonter.
Avons-nous une technologie assez avancée pour que la réalité virtuelle puisse être démocratisée ? Les principaux acteurs du secteur numérique en sont convaincus : la question n’est pas de savoir si le Métavers deviendra réalité, mais quand. Avec plus 10 milliards de dollars investis, 10 000 employés travaillant à temps plein sur le projet et la création de 10 000 emplois en Europe, Facebook se donne les moyens financiers et le temps de concrétiser ce que sera le monde de demain.
Une révolution à grande échelle
Mark Zuckerberg, le patron de Méta, l’annonçait en fin juin 2021 « Si nous nous y prenons bien,» indique-t-il à The Verge, « dans les cinq ans à venir, nous ne serons plus considérés comme une entreprise de réseau social, mais de Métavers. » . Ainsi, l’arrivée à maturité d’un Métavers abouti ne serait qu’une question de temps. Il faut dire que Mark Zuckerberg met toutes les chances de son côté pour concrétiser ce projet aussi fou que titanesque. Ce sont actuellement 10.000 employés américains qui travaillent à temps plein sur le Métavers, via ses filiales dédiées à la réalité virtuelle et augmentée. Mais le groupe ne s’arrête pas là et entend doubler ses effectifs en Europe sur les 5 prochaines années en faisant appel à des profils hautement qualifiés, comme des ingénieurs, des chercheurs, des développeurs, etc.
Ajoutons à cela que Méta est déjà l’un des leaders mondiaux de la réalité virtuelle avec son casque Oculus, issu de l’entreprise du même nom rachetée en 2014 pour 2 milliards de dollars. Les casques de réalité virtuelle sont le meilleur moyen d’entrer dans le Métavers et de fournir une expérience plus humaine ces dernières années. Ces casques comme le futur Meta Quest 3, initialement élaborés et industrialisés par les acteurs du jeu vidéo, ont connu un progrès important et rapide : « C’est une évolution qui fait sens du point de vue historique et technologique », selon Frédéric Descamps, cofondateur et dirigeant de Manticore Games.
Une route semée d’embûches
Même si les infrastructures telles que la fibre, le cloud ou encore les réseaux mobiles sont présentes, il n’en reste pas moins qu’elles devront monter en puissance pour absorber le volume énorme de données que pourrait générer le Métavers s’il devait être adopté massivement. C’est ce qu’a souligné dans son blog Raja Koduri, responsable de l’innovation chez Intel : « Imaginez ce qui est requis aujourd’hui pour mettre deux personnes dans un contexte social au sein d’un environnement virtuel : des avatars convaincants et détaillés avec des vêtements, des cheveux et des teintes de peau réalistes. Le tout rendu en temps réel et basé sur des données de capteurs détectant des objets 3D dans le monde réel, des gestes, des sons et bien plus encore. Maintenant, imaginez résoudre ce problème à grande échelle — pour des centaines de millions d’utilisateurs, simultanément. » Avant de conclure : « Vous vous rendrez rapidement compte que notre infrastructure de calcul, de stockage et de mise en réseau actuelle n’est tout simplement pas suffisante pour permettre cette vision ».
Mais bien que les difficultés techniques restent nombreuses, elles ne remettent pas entièrement en cause la faisabilité du Métavers. Les technologies liées à l’edge computing sont l’un des éléments fondamentaux que devra développer Méta pour concrétiser le projet. Dans un monde virtuel où des millions de personnes connectées vivront des expériences virtuelles en temps réel, l’edge computing permettra de répartir les données efficacement afin d’éviter les problèmes de latence. Sans compter sur la 5G, qui améliorera la bande passante tout en réduisant la saturation du réseau.
Alors que de nombreux défis technologiques restent à surmonter, certains évoquent déjà les interfaces neuronales implantables des puces Neuralink comme possibilité d’étendre ses sens au-delà du réel. Autant d’avancées qui semblent petit à petit se diriger vers une refonte intégrale des rapports humains par le biais du virtuel.