Le luxe et les l’Internet des Objets sont deux univers porteurs, pourquoi ne pas les associer ? C’est l’idée évoquée par Michaël Burke, CEO de Louis Vuitton lorsqu’il déclare que « Vuitton aime se confronter à d’autres disciplines créatives », notamment à celle des objets connectés.
Le marché mondial du luxe :
Le marché mondial des produits de luxe devrait atteindre une valeur de 223 milliards d’euros en 2014. Ce marché, dans lequel le consommateur devient primordial, s’installe dans un rythme de croissance moins soutenu mais plus pérenne selon l’étude 2014 de Bain & Company.
Le marché mondial du luxe est porté par la croissance du tourisme international et l’émergence des classes moyennes mondiales. Avec des consommateurs qui effectuent de plus en plus d’achats ailleurs que dans leur pays d’origine, on assiste à l’émergence d’un consommateur réellement global. Cécile Lochard et Alexandre Murat définissent la répartition des ventes du luxe, dans leur livre Luxe et développement durable : la nouvelle alliance :
Le luxe connecté a-t-il du sens?
C’est le CEO de Louis Vuitton, Michaël Burke, qui l’a lui même évoqué lors d’une interview lorsqu’il a annoncé que « Vuitton aime se confronter à d’autres disciplines créatives ». D’ailleurs, TAG Heuer, filiale de Louis Vuitton, a récemment annoncé la sortie d’une montre connectée de luxe.
Le luxe se caractérise par un fort consentement à payer (« customer willingness to pay ») de la part des consommateurs, consentement qui n’a souvent que peu de limite. Les profits que font les entreprises égalent la différence entre les revenues, dépendant de la quantité de produits vendus et du prix (lui même fixé pour le luxe en fonction du consentement à payer des consommateurs du luxe), et les coûts. Le marché du luxe s’octroie d’énormes marges en jouant sur la variable prix, appuyé sur la forte élasticité du consentement à payer des consommateurs du luxe.
En connectant leurs produits, les entreprises du luxe peuvent augmenter d’autant plus la valeur perçue de leurs offres d’une part, mais augmentent également leurs coûts d’autre part. Mais les consommateurs de la niche du luxe ont la caractéristique d’avoir une demande élastique au prix, autorisant les entreprises du luxe d’augmenter le prix de leurs offres plus que le coût additionnel induit par le fait de connecter l’objet. Le luxe connecté peut donc être profitable et apporter de la valeur pour les entreprises du luxe (plus de profit) et pour les consommateurs (pour lesquels la valeur perçue de l’offre augmente en conséquence).
Quel avenir pour le luxe connecté ?
Pour l’heure, ce sont essentiellement des entreprises qui développent des produits connectés qui élargissent leurs gammes pour proposer quelques produits très haut de gamme. Les produits sont limités, étant principalement réduits aux montres (par exemple Créoir Ibis), smartphones et bracelets (à l’exemple du bracelet Mica développé par Intel)
Mais les entreprises du luxe commencent à s’intéresser au marché des objets connectés, à l’image de TAG Heuer et nous pouvons imaginer dans le futur que le luxe diversifie son activité pour proposer des objets connectés haut de gamme. Il faudra pour cela acquérir des compétences qu’elles n’ont pas encore, notamment pour connecter les objets, gérer les données (stocker, traiter, utiliser à bon escient).
Merci pour cet article très intéressant. J’ai vu que vous écriviez pour l’Obs dans le même sujet, c’est tout aussi bon !
Nous verrons vers quoi nous allons, mais la modernisation du luxe peut s’avérer plus complexe qu’il n’en paraît. Là où des maisons comme Vuitton, Hermès ont mis 200 ans à développer un savoir-faire, on leur demande de totalement se diversifier pour aller vers l’inconnu. Décision très difficile à prendre sachant à quel point, une erreur peut être fatal dans ce milieu.