Sweetch Energy, acteur des énergies renouvelables spécialiste de l’énergie osmotique, et CNR (Compagnie Nationale du Rhône), premier producteur français d’électricité 100% renouvelable, signent le premier partenariat industriel français dédié à l’énergie osmotique.
Nouvelle composante d’un mix énergétique, l’énergie osmotique est générée par la différence de salinité de l’eau douce des rivières et de l’eau salée de la mer lorsqu’elles se rencontrent. 100 % renouvelable et permanente, cette solution innovante sera produite à échelle industrielle grâce à la première centrale osmotique qui devrait voir le jour dans le delta du Rhône d’ici la fin 2023.
L’énergie osmotique c’est quoi exactement ?
Chaque année, près de 30 000 TWh d’énergie osmotique sont libérés par les deltas et estuaires, soit une capacité supérieure à la demande mondiale d’électricité. Cette source d’énergie offre donc un potentiel énorme, puisque contrairement à d’autres énergies renouvelables elle n’est pas sujette aux conditions météorologiques et est capable de fonctionner 8000 heures par an (soit 3 à 4 fois plus qu’une éolienne) et n’a besoin que de peu d’aménagements des estuaires (à l’inverse d’un barrage hydraulique).
Le principe est simple : dans deux bassins séparés, sont pompées l’eau douce d’un côté et l’eau de mer de l’autre. Ces deux sources sont ensuite acheminées à travers des systèmes de membranes et d’électrodes, qui à travers un courant ionique vont générer de l’électricité.
« Nous avons impérativement besoin de nouvelles sources d’énergie renouvelable pour faire face au double défi que représentent la demande croissante d’électricité et sa décarbonation. L’énergie osmotique, disponible à grande échelle et encore inexploitée, représente une formidable opportunité pour relever ce challenge ! Cette collaboration avec Sweetch Energy permet de développer une nouvelle source d’énergie très innovante à partir du fleuve que nous gérons, complémentaire aux énergies renouvelables eau, vent, soleil que nous transformons »
Frédéric Storck, directeur de la Transition énergétique et innovation de CNR
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Une première centrale osmotique dès 2023
Malgré les avantages qu’elle offre, cette technologie est restée longtemps inexploitée et pour cause : assez peu développée pour être rentable dans le temps, l’efficacité de l’énergie osmotique était limitée par les les performances de ses membranes.
Pour répondre à ce problème, la strat-up Sweetch Energy a développé avec le CNRS et l’École Normale Supérieure, une technologie baptisée Inod. Celle-ci optimise le rendement du phénomène d’osmose en associant des électrodes à une membrane composée de nanofibres en matériaux biosourcés, permettant ainsi un transport ionique accéléré.
« Nos membranes sont vingt fois plus performantes que ce qui existait jusqu’à présent et de l’ordre de dix fois moins chères. Donc, en combinant ces facteurs, performances et prix, tout d’un coup, on arrive à rendre compétitive l’exploitation de l’énergie osmotique. »
Nicolas Heuzé, P-DG de Sweetch Energy
Avant d’ouvrir la voie à une exploitation de grande échelle, la CNR et Sweetch des tests seront réalisés dans différentes zones du delta du Rhône afin de déterminer la localisation exacte du site pilote. Les deux organismes prévoient déjà à l’horizon 2030, la production de plus de 4 millions de MWh grâce à leur centrale osmotique.
Une prévision optimiste mais réaliste compte tenu des avancées récentes des recherches publiques sur lesquelles s’appuient les deux entreprises. Alors qu’il y a quelques années encore les experts estimaient à moins de 50 % la production globale d’électricité mondiale en 2050 grâce aux énergies renouvelables, l’énergie osmotique pourrait faire passer cette part à plus de 65 %.