Annoncé au CES 2015, le Hub Numérique de La Poste au sein de l’initiative Loggin veut écrire un chapitre important de l’histoire de l’Internet des Objets en France et à l’international.
Constatant le développement rapide de l’internet des objets en France et dans le monde, Le groupe La Poste estime que la croissance des dépenses d’IoT sera 3 fois plus rapide que tous les marchés TIC classiques.
Sponsor du CES Unveiled Paris qui s’est tenu le mois dernier, La Poste en a profité pour réaffirmer son engagement dans l’internet des objets avec l’initiative ‘French IoT ‘, qui vise à fédérer l’écosystème des objets connectés en vue de créer une filière d’excellence.
Plus qu’un simple sujet à la mode, La Poste voit dans les objets connectés une future source de croissance forte et une opportunité de replacer ses atouts historiques au centre de l’écosystème de services de proximité. Pour La Poste –et sa filiale Docapost– les objets connectés sont à la fois un tremplin vers la digitalisation de ses métiers historiques et un moyen de palier la diminution structurelle du volume de la distribution de courrier, un rôle de service public dont elle devra pourtant continuer d’assumer la charge.
Pour comprendre la philosophie de La Poste, nous avons interrogé David de Amorim, Directeur Innovation du Groupe La Poste.
Le rôle de La Poste sur le territoire
Pour comprendre d’où vient cette idée d’investir massivement dans les objets connectés, il faut s’intéresser à l’histoire de La Poste, à ses qualités et à ses défauts.
Avant d’entamer sa transition numérique, de produire d’énormes efforts humains et financiers pour établir des méthodes et un savoir-faire innovant dans un métier nouveau, La Poste est l’une des plus vieilles entreprises de France. Du moins, son rôle est ancestral.
La distribution du courrier est une mission de service-public.
Oui mais voilà, l’email est arrivé et la « diminution du volume du courrier distribué entraine le chiffre d’affaires de La Poste avec lui, de -3 à -5% par an. Et c’est inéluctable. » m’explique David de Amorim, patron de l’innovation du groupe.
[fullWidthImage id= »32941″]
Pour survivre, La Poste doit donc se réinventer tout en maintenant à flot cette activité en déclin. Or celle-ci impose une structure organisationnelle et fonctionnelle très particulière : le réseau de plus de 15.000 bureaux de Poste est une ligne de coût avec laquelle il faut apprendre à vivre.
Pour David de Amorim :
Tout l’enjeu est de transformer la contrainte qui pèse sur le Groupe en opportunité. Comme avec la création de La Banque Postale, de La Poste Mobile ou de l’outil numérique Facteo (…) nous avons pris le parti d’accompagner l’évolution de manière volontariste en développant des relais de croissance adaptés. Contrairement à d’autres entreprises, on n’a pas attendu la crise pour prendre conscience du contexte et on a très tôt anticipé la transformation structurelle de La Poste.
En cela, l’ensemble des postiers sur le terrain est un formidable atout, car ‘La Poste est un pure player de la confiance et de la neutralité’. On laisse facilement entrer le facteur chez soi et on lui fait confiance ainsi que toute l’organisation pour garantir le secret et l’intégrité des échanges, qu’il s’agisse d’une lettre importante ou d’un achat réalisé en ligne. Et pourquoi pas d’autres données ?
Loggin, le bras armé numérique
Depuis l’annonce de la stratégie numérique ambitieuse du groupe La Poste par Philippe Wahl (PDG) et Nathalie Collin (DG-a), une branche numérique est née au sein de La Poste représentant un nouveau métier à part entière aux cotés des activités Banque, Logistique ou Courrier.
[fullWidthImage id= »32933″]David de Amorim m’explique ainsi que « auparavant, les compétences et savoirs-faire numériques étaient disséminés au sein des différentes divisions du Groupe La Poste, nous avons voulu les rassembler et les organiser de manière à pouvoir pousser efficacement l’offre de services numériques de La Poste.«
Des services qui représentent tout de même près de 500 millions d’euros d’investissements de la part de La Poste au cours des prochaines années. Le Groupe mise sur son rôle de tiers de confiance pour promouvoir l’offre ‘Loggin‘, composée d’un ensemble d’outils :
- L’utilitaire de gestion de l’identité numérique de La Poste,
- Digiposte, un service de e-gestion des papiers importants du foyer,
- Hub Numérique, pour simplifier sa vie numérique connectée.
En s’intéressant aux attentes des français dans l’IoT, grâce notamment à une étude OpinionWay dévoilée au dernier CES, La Poste a confirmé son idée que « les personnes attendent des objets connectés des services de proximité » m’indique David de Amorim « or nous sommes le premier acteur de services de priximité au quotidien ».
La Poste pousse donc une vision singulière mais intelligente de l’objet connecté : il serait un outil pour créer une relation plus forte avec le consommateur.
Le Groupe La Poste se voit ainsi comme le tiers de confiance idéal, capable de faire tomber les nombreuses inquiétudes relatives au respect de la vie privée ou à la protection des données personnelles. Dans le discours de David de Amorim, j’entends une nouvelle expression : l’internet des services !
Plutôt que de créer des services supplémentaires, La Poste compte donc exploiter son implantation locale pour proposer les services à valeur ajoutée de ses partenaires, en les aidant à les intégrer dans la vie réelle des gens.
Le Hub Numérique
Le Hub Numérique est une plateforme mutualisée, universelle et interopérable conçue pour cela par La Poste afin de simplifier la vie connectée des clients et de leurs familles.
Le Hub Numérique connecte tout à la fois les objets liés à l’individu (montres connectés, bracelets de sport, smartphone), les objets de la maison (sécurité, consommation électrique, station météo connectée), les objets de la ville (transport, pollution, stationnement) et les objets du monde postal (boîte aux lettres, véhicules, bâtiments).
La Poste promet pour le Hub Numérique une interface unique d’accès à l’ensemble des informations issues des objets connectés, la capacité de les rendre interopérables et d’en garantir la continuité d’usage lors d’un changement d’accessoire ou de marque.
Selon David de Amorim, le Hub Numérique est un peu comme un coffre-fort personnel qui collecte et centralise vos données personnelles. Il permettra de maîtriser le partage de ces informations avec des services tiers et de conserver une copie de ses propres données lors de la résiliation d’une offre.
La Poste à l’international
Finalement, les besoins identifiés et les réponses apportées par La Poste n’ont que très peu d’aspects spécifiques à la France. La Poste vise donc l’international et se prend à rêver d’être à l’initiative d’une nouvelle brique importante de l’internet des objets avec sa plateforme universelle et sécurisée.
Pour y parvenir, La Poste veut pouvoir fédérer largement les acteurs nationaux autour de son initiative et a pour cela lancé un programme d’accompagnement de startups à 3 niveaux (IoT 100, IoT 30, IoT 10) pour favoriser l’émergence d’une filière française des objets connectés.
[embedArticle id= »24747″ align= »right »]
C’est aussi le sens du programme « French IoT », qui vise à rassembler une pluralité d’acteurs de toutes tailles (privés et collectivités). Ce programme a abouti à la création sur 5 territoires de pôles de compétitivité en lien avec les acteurs territoriaux dans le but de mutualiser les compétences françaises de l’Internet des Objets. Docapost est par exemple actionnaire de la Cité de l’Objet Connecté à Angers.
En substance, c’est ce qu’ira présenter La Poste au prochain CES de Las Vegas, sur un stand commun partagé avec 15 startups, 4 grands groupes partenaires (Legrand, Atol, Malakoff Médéric et BNP Paribas Real Estate) et 3 écoles : la WebSchool Factory, l’Ecole Centrale et Supélec.