Objets connectés et internet des objets font le buzz du moment. Reportages à la télévision, événements de networking, nouvelles annonces sur le marché : tout est là pour faire de l’IoT l’innovation la plus attendue. Et pourtant, Gartner vous prévient : vous allez être déçus.
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L’internet des objets : buzz du moment
Les reportages télévision fleurissent sur les objets connectés (comme cet Envoyé Spécial sur France 2), les évènements de networking également (comme les meetups Internet of Things, la Connected Conference, le SIdO, le CES ou le Mobile World Congress qui cette année étaient tous portés par l’internet des objets). Les annonces de nouveaux produits, d’alliances, de levées de fonds se succèdent chaque semaine les unes après les autres (ce qui nous donne matière à écrire chez Aruco !). Chaque entreprise fait son étude dévoilant son regard sur l’internet des objets et sur les opportunités que peuvent apporter ces objets connectés : étude Cisco (avec son Internet of EveryThings), étude IBM, étude Capgemini … et même étude Aruco (avec l’IoT Book, écrit par Geoffray Sylvain, Emmanuel Fraysse, Barbara Belvisi, Vincent Macé, Olivier Desbiey, Dimitri Carbonnelle).
Chaque année, Gartner dévoile son Hype Cycle for Emerging Technologies, caractérisant les innovations technologiques émergentes selon l’espérance qu’on leur accorde sur une échelle temporelle. C’est non sans surprise que l’internet des objets se situait au sommet de ces espérances dans la dernière publication datant de juillet 2014. Mais après l’engouement se situe l’ère de la désillusion nous annonce Gartner. Nous allons donc essayer de comprendre pourquoi vous serez, dans les deux prochaines années, déçus par l’internet des objets.
Personne ne le voit arriver…
Confrontés au buzz médiatique, vous entendez forcément parler de ces objets connectés et de la révolution qu’ils promettent. Mais concrètement, pas grand chose ne change pour l’heure, mis à part ces points de ventes dédiés aux objets connectés que vous pouvez apercevoir : boutiques Lick, espaces chez la FNAC, chez Orange ou encore chez Legrand. Le marché n’étant pas mature, des objets commencent tout juste à être commercialiser et font face aux appréhensions et incompréhensions du grand public : « à quoi ça sert ? », « pourquoi c’est si cher ? », « comment mes données vont-elles être protégées ? », « quelqu’un peut-il pirater cet objet et en prendre le contrôle à mon insu ? »… En conséquence, seuls les technophiles et Early Adopters achètent pour l’heure des objets connectés. Le grand public ne voit, lui, les objets connectés qu’en magasin. Ceci peut être la première source de déception : tout le monde en parle mais vous ne voyez pas les conséquences et bienfaits que peuvent apporter les objets connectés à votre vie ou à la société.
Perception des gadgets connectés
Deuxième source de désillusion : les objets connectés sont aujourd’hui plus perçus comme des gadgets connectés, c’est à dire (et pour reprendre la définition du Larousse), un objet qui séduit par son caractère nouveau et original, mais qui n’est pas d’une grande utilité. Les objets connectés apportent donc des services innovants et originaux (transporter sur son poignet un coaching bien-être par exemple), mais qui ne sont pas perçus d’une grande utilité pour beaucoup (du moins pas d’une utilité suffisante pour justifier leurs prix).
La faible utilité perçue vient de l’unique service apporté par chaque objet. Un bracelet connecté va vous apporter un coaching bien-être en fonction du nombre de pas que vous allez faire dans la journée, une balance connectée va vous fournir un coach fitness en fonction de l’évolution de votre poids, un réfrigérateur connecté va suggérer des aliments et recettes selon vos désirs. Aujourd’hui chaque objet propose un service device-centric (centré autour de l’objet) et non autour de l’utilisateur. Un service centré-utilisateur regrouperait par exemple le réfrigérateur, le bracelet connecté et la balance connectée pour un service fitness dans lequel les conseils alimentaires du premier et les conseils sur le nombre de pas du second dépendraient des données captées par le troisième. Mais un tel service user-centric implique une communication entre les trois objets, ce qui aujourd’hui fait manque sur le marché des objets connectés, qui manque d’interopérabilité. Deux objets de marques différentes ou de différents marchés peuvent rarement communiquer entre eux, l’internet des objets manquant de technologies de standardisation. Les consortiums créés visent à standardiser ces technologies et seront nécessaires pour sortir l’IoT de la phase de désillusion promise par Gartner.
Manque de technologies de performance
Les objets connectés peuvent décevoir également par des manques de performances technologiques. Malgré leurs concepts et designs novateurs, les objets connectés peuvent parfois décevoir sur le plan technologique. L’autonomie des objets connectés est souvent critiquée, avec l’Apple Watch qui était initialement annoncée avec une autonomie perçue bien trop faible. Face à ce problème technologique, les constructeurs ne manquent pas d’imagination, en trouvant des solutions logicielles pour affronter ce problème avec notamment des modes d’économies d’énergie en cas de faible batterie (comme par exemple le mode Power Reserve de l’Apple Watch). L’autonomie fait d’ailleurs la force des réseaux cellulaires basse fréquence, basse consommation d’énergie (Sigfox & LoRa par exemple) qui consomme moins d’énergie qu’un réseau 2G/3G/4G ou qu’une autre technologie telle la WiFi.
Ces problèmes technologiques vont participer à la désillusion à venir de l’internet des objets. Mais des chercheurs développent déjà les technologies de demain qui participeront à la naissance d’un engouement second et à la phase de productivité des objets connectés. Pour l’autonomie, de nombreuses recherches se focalisent actuellement sur le développement de batterie plus puissantes avec Google X qui travaille par exemple sur une technologie de batterie longue durée, ou encore ces chercheurs de Singapour qui développent une batterie se rechargeant à 70% en 2 minutes.
Partir pour mieux revenir : après la désillusion, la productivité !
Ne restons pas pessimistes, la fracture entre le buzz médiatique et la réalité du marché d’un point de vue consommateur fait naître la déception d’aujourd’hui. Selon Gartner toujours, cette déception se suivra d’un engouement second et de la phase de productivité dans laquelle les objets connectés généreront le maximum de leur valeur chez les particuliers et les entreprises. Avec des technologies plus avancées et des standards de communication, l’internet des objets atteindra son apogée. Beaucoup pensent que les objets connectés généreront d’abord de la valeur dans le B2B (comme Sen.se qui a redéfini sa stratégie dans le B2B) avant d’arriver à convaincre le grand public. Une chose est sûr : l’internet des objets sera là et bouleversera notre société, reste à savoir dans combien de temps il le fera.