Le président de Google, Eric Schmidt, a récemment déclaré que l’Internet, tel qu’on le connait aujourd’hui, est destiné à disparaître face à la révolution de l’internet des objets. Quel est donc le futur de l’Internet ? Réponse dans cet article.
Pendant les débats qui se sont tenus dans le cadre du World Economic Forum à Davos en Suisse, Eric Schmidt, le patron de Google –alors interrogé sur sa vision du futur du web– a tenu une affirmation qui n’a pas manqué de surprendre son auditoire : « Je vais vous répondre très simplement, l’Internet va disparaître ». Doit-on commencer à penser à la mort d’internet ? Pas tout à fait… La vision d’Eric Schmidt est plus nuancée et à analyser par le prisme de l’internet des objets.
L’internet d’aujourd’hui ? Trop statique, trop virtuel
Le web d’aujourd’hui est d’une part trop statique alors que les tendances vont à l’inverse dans le sens d’une personnalisation dynamique et adaptative du contenu selon l’utilisateur ciblé. D’autre part, Eric Schmidt fait référence à la révolution attendue de l’Internet des objets : face à la multiplication des capteurs et des objets connectés, face aux technologies de traitement de données capables d’adresser les Big Data, la nature profonde de l’Internet est amenée à évoluer. Que sera donc l’Internet de demain auquel fait référence Eric Schmidt ? Nous avons mené notre enquête.
L’internet de demain : un internet qui vous connait
L’internet de demain sera avant tout un internet qui vous connait. Aujourd’hui, nous naviguons sur un Web qui tente d’appréhender notre personnalité au travers d’algorithmes basés sur les données des sites consultés ou des recherches réalisées. Mais pour l’heure, mis à part des publicités ciblées, le Web ne modifie pas sa structure et son contenu en fonction des données utilisateurs, alors qu’il pourrait en tirer profit.
Demain, grâce à trois types de plateformes de données, le web sera en mesure de mieux connaitre ses internautes :
1. Les plateformes sociales :
Les plateformes sociales –à l’image de Facebook, LinkedIn, Twitter– sauront appréhender les internautes au travers de leurs profils virtuels et de leurs liens sociaux. Pour connaitre leurs internautes, des algorithmes sur ces plateformes sociales se baseront sur l’information directement indiquée par l’utilisateur sur son profil, mais aussi sur l’information déduite indirectement des relations sociales de l’individu. Ces plateformes existent déjà et tirent revenus de la publicité par intérêt rapporté par les relations sociales. Elles sont, dans le futur, amenées à améliorer leurs algorithmes de ciblage utilisateur pour améliorer leurs revenus publicitaires.
2. Les plateformes IOT :
Les plateformes de l’internet des objets –rassemblant les données relatives aux objets connectés– sauront appréhender les habitudes de vie de leurs utilisateurs au travers de l’utilisation qu’ils feront de leurs objets connectés. Ces plateformes créeront de la valeur en permettant l’interopérabilité entre les objets connectés, aujourd’hui incompatibles à cause de l’hétérogénéité des protocoles de communications utilisés et à cause des volontés des entreprises de rester maîtresses des données récoltées par leurs objets. Ces plateformes généreront du revenu grâce à la contextualisation des publicités affichées : si ma station météo détecte une température élevée chez moi, aurais-je une publicité pour une boisson rafraîchissante ?
3. Les Data Management Platform :
Les « Data Management Platform« (DMP) appréhenderont les données comportementales en ligne des internautes. En utilisant les Cookies – fichiers informatiques stockés sur vos ordinateurs dès que vous vous connectez sur un site Web et contenant les informations liées à votre visite sur ce site – ces plateformes stockeront toutes les données relatives aux comportements des utilisateurs sur le Web. Grâce aux technologies de traitement des données, elles analyseront les données issues de ces Cookies pour en déduire les intérêts de l’internaute au travers des visites qu’il fait sur le Web. La nature des sites visités ne sera pas la seule donnée utilisée : le temps passé sur chaque site, l’attrait du regard de l’utilisateur plus à droite ou à gauche de l’écran, le temps moyen passé par page, la sensibilité à la publicité seront par exemple d’autres indicateurs utilisés par ces Data Management Platform. Google pourra également jouer un rôle dans ces plateformes, ajoutant ses données sur les recherches web des utilisateurs comme moyen de ciblage de leurs intérêts et comportements online.
Chacune des plateformes précédentes permet de connaitre une partie de l’internaute : son profil personnel, ses habitudes de vie offline et son mode de vie online. Une plateforme des plateformes, liant et utilisant les données récoltées par ces trois plateformes, permettrait ainsi de connaitre à la fois le profil virtuel des internautes (au travers des plateformes sociales), leurs habitudes de vie (au travers des plateformes de l’internet des objets), et comportementales sur le net (au travers des Data Management Plateformes). Toutes ces données, regroupées et utilisées à bon escient, pourraient radicalement changer la structure de l’internet.
L’internet de demain : un web personnalisé !
Connaissant plus précisément leurs internautes, les sites web chercheront à adapter le contenu de leurs sites afin de toucher plus efficacement leurs utilisateurs. Ambroise Huret, Partner au sein du cabinet de conseil eleven-strategy, nous confirmait ainsi lors d’un entretien, que les pages web – telles qu’on les connait aujourd’hui, avec un en-tête et un contenu non dynamiquement modulable et personnalisé – sont amenées à disparaître dans les cinq à dix années à venir. Grâce aux données récoltées et analysées en temps réel par les Data Management Platform, les sites web seront capables de s’adapter en temps réel à leurs internautes afin de maximiser leurs impacts.
Par exemple, si j’ai l’habitude d’interagir avec sections situées en haut à gauche des pages web, les sites marchands positionneront les publicités des produits qui seront le plus susceptibles de m’intéresser à cet endroit précis de leurs pages web. Ainsi, lorsque deux internautes se connecteront sur la même page web, ils verront tous deux une structure et un contenu de site totalement différents. Et pour cause, récoltant et analysant les données comportementales online, les Data Management Plateform permettront aux sites web d’adapter dynamiquement la structure et le contenu de leurs sections en temps réel selon les caractéristiques (habitudes online, mode de vie offline, profil social) de l’internaute qui visite la page web.
L’internet de demain : un internet physique !
L’internet de demain ne sera pas seulement modulable et personnalisé en temps réel, il quittera également le monde virtuel pour entrer dans nos quotidiens au travers de nos objets connectés. L’internet des objets va prolonger l’internet virtuel pour nous apporter de l’information jusqu’aux objets physiques que nous possédons. C’est ce que déclare Eric Schmidt lorsqu’il partage sa vision du futur de l’Internet :
« There will be so many devices, sensors, things that you are wearing, things that you are interacting with that you won’t even sense it. It will be part of your presence all the time. Imagine you walk into a room, and the room is dynamic. And with your permission and all of that, you are interacting with the things going on in the room. »
L’internet ne sera donc pas uniquement virtuel, il sera physique : les données circuleront entre les objets de notre quotidien. L’information ne sera pas seulement affichée sous format d’une page web, mais au travers de tous les objets qui nous entourent.
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