Google ne diffusera plus de liens provenant de médias canadiens ! Pourquoi cette « censure » arrive-t-elle maintenant ?
C’est la grosse annonce de la fin du mois de juin : les Canadiens ne pourront bientôt plus avoir accès aux informations et médias nationaux sur Google. La firme américaine explique cette « décision difficile » par l’application du projet de loi « C-18 » qui contraindrait Google à payer pour exposer des liens sur sa plateforme. Meta avait déjà bloqué les médias canadiens de ses divers réseaux sociaux et voit aujourd’hui la firme de Mountain View suivre le même chemin… Focus.
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Pourquoi le Canada demande-t-il à Google de payer pour des liens ?
Ce que Google appelle « la taxe sur les liens » dans son communiqué est en fait, une taxe que l’État canadien appliquerait à chaque lien d’un média national présent sur Google. Le but affiché serait ainsi de mieux rémunérer les journalistes et auteurs qui postent sur internet.
Le ministère canadien concerné par la question estime qu’entre 2008 et aujourd’hui :
- 20 000 journalistes ont perdu leur emploi,
- 150 médias (TV, radios, journaux) ont été fermés.
Le gouvernement souhaiterait donc capter une partie des revenus générés par Google (en mettant en avant les médias canadiens) pour les redistribuer et pérenniser un secteur qui semble s’effondrer.
« La perte de revenus des salles de rédaction au Canada n’est pas seulement un problème pour les journalistes concernés, c’est un problème pour l’ensemble du pays. »
Chrystia Freeland, vice-première ministre et ministre des Finances du Canada
Les problèmes pour Google ?
Face à cette situation, Google a décidé de bloquer (lors de l’application du texte de loi) tous les médias canadiens de ses différentes interfaces : Search, News et Discover…
Le problème étant que le Canada compte tirer de cette opération environ 230 millions d’euros et que l’acceptation d’une telle demande au Canada ouvrirait le champ à tous les autres pays qui demanderaient logiquement la même chose.
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Google : des accords impossibles à trouver ?
On pourrait alors penser que Google ne souhaite tout simplement pas payer les médias et abuserait de sa position dominante pour forcer la main des États. Cependant, il convient de rappeler que certains pays – dont la France – ont réussi à obtenir gain de cause dans des cas similaires.
L’Agence de la Presse d’Information Générale (300 médias généralistes et/ou politique) et Google avaient en effet signé un accord en 2021 permettant « la rémunération des droits voisins » et ainsi de partager une partie des revenus générés avec les éditeurs.
A titre d’exemple, bien que le montant global n’ait pas été révélé, Le Monde (qui fait partie de l’APIG) expliquait gagner 1 million d’euros par an grâce à cet accord.
L’AFP a également signé un accord de 5 ans sur le même principe fin 2021.
Source : Le Monde
Le Canada sera forcément bloqué de Google ?
Le Canada essaie (avec le projet de loi C-18) de créer un système de redistribution global des revenus de Google. L’objectif est d’éviter la situation française (et australienne) où seuls quelques groupements de médias bénéficient de cette ressource.
Sans en révéler les tenants et aboutissants, Google se dit prêt à payer davantage le journalisme au Canada. On peut lire dans les FAQ dédiées à cette affaire :
« Nous sommes prêts à payer pour soutenir le journalisme au Canada. En fait, nous le faisons déjà, et nous sommes prêts à faire plus. Malheureusement, lorsque vous mettez un prix sur les liens, vous brisez la façon dont le Web et les moteurs de recherche fonctionnent. »
La balle est donc dans le camp du gouvernement canadien qui voit Google lui poser un ultimatum : renégocier les termes du projet de loi C-18 ou être bloqué de Search, News et Discover. Affaire à suivre.