Secteur où la technologie et la mode s’entrechoquent , la fashion Tech repense les circuits de production et nos habitudes de consommation propre à cette industrie. Véritable avancée ou tendance éphémère, on vous dévoile les dernières innovations du secteur.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il est possible d’allier mode et technologie. Souvent dissociées par méconnaissance, ces deux notions sont pourtant intimement liées depuis des décennies. En 1800, l’industrie du textile était l’une des premières à se voir équipée de machines à vapeur . Une grande avancée technique pour l’époque. Depuis, le secteur de la mode n’a cessé de se développer afin de répondre à une demande toujours plus grandissante et est peu à peu devenue malgré lui, l’un des plus polluants de notre époque. La technologie, utilisée à bon escient, pourrait être l’une des réponses au problème. Mais est-ce réellement de ce côté que se tourne la fashion tech ?
C’est quoi la Fashion Tech ?
La fashion tech est un concept très récent, qui a commencé à se démocratiser en France aux alentours de l’année 2016. C’est sous cette appellation que sont regroupées l’ensemble des innovations technologiques qui ont lieu dans l’industrie de la mode. Il peut s’agir de vêtements à l’aspect futuriste qui mêlent haute couture et technologie, on pense notamment aux créations de Clara Daguin, comme de l’apparition de robot autonome dans les entreprises, capable de manier du textile pour le coudre et l’assembler.
En passant de la conception jusqu’à l’expérience client, la fashion tech révolutionne les codes de la mode en mettant à profit les nouvelles technologies. Grandement encouragée par de nombreux salons tels que la Vivatech ou Fashion Tech Paris, la fashion tech est un secteur en pleine expansion qui conçoit la mode du futur pour le meilleur… et pour le pire.
La Fashion Tech à la conquête des jeux-vidéo
S’il y a bien une tendance qui n’a pas échappé à l’industrie de la mode, c’est celle du jeu vidéo. Avec le développement du metaverse et la valorisation des NFT, le monde de la haute couture semble avoir trouvé son nouvel eldorado.
Metaverse Fashion Week : la mode du futur sera dématérialisée
Il est difficile de faire un tour sur Google actu sans voir apparaitre au moins une fois dans son fil d’actualités le terme metaverse. Notion dont on entend souvent parler, mais dont on peine à en expliquer le sens, le métavers n’est pourtant pas si compliqué à comprendre. Pour faire simple, il s’agit d’une appellation stylisée qui sert à parler du monde virtuel. Si vous avez déjà utilisé un casque VR alors, vous vous êtes déjà rendu, peut-être sans le savoir, dans ce fameux métavers.
Nouveau et tendance, ce nouveau mot regroupe à lui seul les deux notions phares qui gravitent autour du monde de la mode. C’est ainsi qu’a eu lieu en mars dernier, la toute première fashion week dématérialisée dans l’univers Decentraland. Un défilé qui n’a certes pas attiré les maisons hautes coutures, mais qui a tout de même compté parmi ses participants l’enseigne de prêt à porter luxe Dolce & Gabbana.
Les NFT, le futur de la haute couture ?
Avec l’arrivée du metaverse, les NFT n’ont cessé de se développer. Exclusivement disponibles sur internet et longtemps réservés au monde du jeu vidéo, les NFT attirent de plus en plus les maisons de haute couture, qui semblent partager des valeurs communes. Ce qui rend si attrayant l’achat de ces objets dématérialisés aux yeux des consommateurs est leur rareté. En échange d’une somme d’argent conséquente, il devient possible pour ces derniers d’acquérir un objet unique et limité. Exactement comme avec une pièce de haut de couture.
Il aura fallu attendre septembre 2021, pour voir pour la première fois apparaitre sur le jeu Fortnite, une collection de skins Balenciaga. L’enseigne de haute couture française a ainsi créé une collection dématérialisée inspirée de ses pièces de prêt-à-porter. Disponible pour environ 10 € dans la boutique Fortnite, il faudra en débourser plus de 500€ pour vous acheter le même sweat que votre avatar dans une boutique de la marque.
La fin d’année 2021 fut riche en surprises, puisque la marque Dolce & Gabbana a quant elle mit aux enchères sa toute première collection NFT. Composée de 9 pièces, cette collection a rapporté plus de 5 millions d’euros et confirme l’engouement des marques de luxe pour cet aspect de la fashion Tech.
Des systèmes de productions repensés par la Fashion Tech
Moins glamour qu’un t-shirt connecté, les usines intéressent peu les consommateurs. Pourtant, c’est en repensant ces dernières que la fashion tech s’avère la plus utile et la plus bénéfique pour la mode du futur.
L’impression 3D pour la mode du futur
C’est au début des années 2000 que l’on utilisait pour la première fois l’impression 3D. Depuis, son utilisation s’est démocratisée et n’a cessé de se développer en rendant possible l’utilisation de nombreux matériaux. Ces nouvelles possibilités ont donné lieu à des conceptions avant-gardistes qui mêlent savoir-faire artisanal et technologie.
Anouk Wipprecht, est une créatrice néerlandaise, qui recourt à l’impression 3D pour réaliser des produits toujours plus surprenants. Après avoir collaboré en 2016 avec Audi et créé quatre pièces uniques inspirées de la marque, Anouk Wipprecht présentait en 2020 une robe permettant de respecter les distanciations sociales. Hybride, ce vêtement est à la fois composé de tissus traditionnels et de pièces imprimées en 3D qui permettent d’intégrer les technologies aux vêtements.
D’autres marques ont quant à elle décidé d’utiliser l’impression 3D pour créer des pièces à part entière. L’Adidas 4DFWS en est un bon exemple, puisqu’il s’agit de la deuxième chaussure entièrement confectionnée par la marque à l’aide d’imprimante 3D. Outre l’aspect esthétique et futuriste que l’impression 3D permet de donner à ces créations, cette technique agit également en faveur de l’environnement puisqu’elle évite la production de matières premières.
Des robots autonomes dans les entreprises
Lorsque l’on parle d’avancée technologique, grand nombre d’entre nous voient apparaitre dans leur imaginaire l’image d’un robot. Déjà utilisé dans de nombreuses entreprises, les bras robotiques commencent également à émerger dans l’industrie textile. Les raisons pour lesquelles le secteur de la mode a mis plus de temps à voir apparaitre ce type de machine dans ses usines, relève de questions techniques.
Contrairement à d’autres secteurs, la mode nécessite de manipuler des tissus fins et délicats qui risqueraient d’être abimés s’ils étaient manipulés par des bras robotiques. Pour répondre à cette problématique, certaines entreprises ont décidé d’innover en en créant des tables automatisées. Voici comment est née Sewbot. Ce robot peut manipuler le tissu sans problème, mais également coudre et couper ce dernier. Plus précis qu’un humain, car relié à un ordinateur, ce robot textile permet de réaliser un grand nombre de t-shirts en un temps record.
Malheureusement, comme toute avancée technique celle-ci comporte également des aspects négatifs. Si l’industrie du textile choisit de s’équiper de tables robotiques, elle tirera un trait sur une grande partie de sa main d’œuvre ouvrière. Cette décision pourrait s’avérer catastrophique, notamment dans les pays en développement tels que l’Inde qui permet à un grand nombre de ses citoyens de vivre de cette activité.
Des étiquettes RFID pour des vêtements connectés, un concept pas si innovant
Utilisée dans nos cartes bleues ou même dans nos badges au travail, la technologie RFID se trouve partout dans notre quotidien. Cette puce, qui ne nécessite aucun scanner pour être lue, contrairement aux codes barres par exemple, permet aux entreprises de textiles de contrôler leurs stocks et d’éviter une surproduction. La première marque à avoir recouru à cette technologie en France est Moncler, un géant du luxe français. En cousant des puces RFID dans ses étiquettes, la marque évite les risques de contrefaçon et peut également mieux contrôler ses stocks. Plus récemment, c’est l’entreprise Décathlon qui a intégré cette technologie à ses produits.
La réalité augmenté pour changer l’expérience client
La réalité augmentée est un système qui permet de superposer un élément fictif à une entité réelle. Les filtres Snapchat ou Instagram en sont de bons exemples.
Veesual, essayer des vêtements en ligne sur des mannequins
Qui n’a pas rêvé en voyant le film Clueless de posséder tout comme Cher, un appareil permettant de visualiser sa tenue sur sois avant de la porter ? Intégrer ce type de technologie dans un film en 1995 était très avant-gardiste, mais pas irréaliste puisque 30 ans plus tard, ces technologies commencent à voir le jour.
L’application Veesual s’inspire de ces techniques et vous permet d’essayer virtuellement des vêtements sur des mannequins similaires à votre morphologie. Pour se faire il suffit de choisir l’individu qui vous correspond le plus et de faire défiler à l’aide des flèches, les vêtements sur ce dernier. Les produits sélectionnés apparaissent sur le côté droit de votre écran et disposent de fonctionnalités vous permettant de définir leur taille et de les ajouter au panier. Cette innovation vous évitera ainsi d’acheter une robe bohème chic qui finalement ressemble davantage au napperon de votre grand-mère. Merci la fashion tech.
La Fashion Tech donne vie au miroir en réalité augmentée
Essayer des vêtements d’un simple coup d’œil et sans effort, c’est ce dont rêvent les fashions addicts pour la mode du futur et leurs rêves pourraient bien devenir réalité. Plus besoin de faire la queue aux cabines ou encore de se contorsionner dans la cabine d’essayage pour enfiler ce pull trop serré quand un simple miroir suffit. Déjà utilisée pour l’essayage de lunettes en ligne ou de maquillage sur certaines applications mobiles, la réalité augmentée permet grâce à une caméra d’identifier votre corps et d’y superposer une version dématérialisée du produit à essayer.
C’est la marque de prêt-à-porter japonaise Uniqlo, qui fut la première à inaugurer dans sa boutique à Los Angeles, un miroir capable de changer la couleur d’un produit porté, afin que vous puissiez l’essayer dans différents coloris. En 2015 Amazon déposait un brevet pour concevoir un miroir similaire, mais cette fois-ci pour les particuliers. La technologie serait ainsi plus aboutie puisqu’elle permettrait aux consommateurs d’essayer des vêtements depuis leur domicile. Une sorte de filtre Snapchat géant rendu possible grâce à des caméras 3d et des projecteurs.
Comment sera la mode dans 50 ans ?
D’après les récentes avancées technologiques, il semblerait que la mode du futur se tourne de plus en plus vers le metaverse et parfois même quitte à perdre de vue l’essentiel. Bien qu’on espère un avenir réellement plus vert pour l’industrie du textile sans greenwashing, les géants du secteur ne semblent pas encore prêts à sauter le pas. Plutôt que de se concentrer sur une tendance qui commence à avoir du plomb dans l’ail, il serait judicieux de la part des marques de cesser de détourner le regard face à leurs responsabilités environnementales.