Connue sous le nom de Cymatioa cooki, cette palourde était connue des scientifiques sous forme de fossile. Toutefois, certains d’entre eux ont eu la possibilité de découvrir cette espèce bien en vie !
Alors qu’ils parcouraient le bassin californien à la recherche de limaces de mer, Jeff Goddard, spécialiste des bivalves, animaux de la classe des mollusques comme les huîtres, moules et palourdes, remarque un être vivant qu’il n’a pas pour coutume de voir. Il se rend compte à ce moment-là qu’il vient potentiellement de faire une découverte très surprenante.
Une palourde qu’on croyait disparue, a fait son come-back
Avec son aspect très particulier, blanc et translucide et sa taille d’à peine plus d’un centimètre, le chercheur travaillant pour l’Université de Californie s’empresse de prendre plusieurs clichés du spécimen. Sur le moment, il décide de ne pas le prélever, se rendant compte de sa rareté, bien qu’il ne sache pas sur le coup de quelle espèce il s’agit.
L’ensemble de ses photographies ont été envoyées à Paul Valentich-Scott, employé du Muséum d’histoire Naturelle de Santa Barbara, et expert en malacologie, l’étude des mollusques. En analysant ces images, il a immédiatement confirmé que cette palourde était tout à fait inhabituelle.
Pour mieux se rendre compte et en savoir plus à son sujet, Paul Valentich-Scott et Jeff Goddard se rendent ensemble, quelques jours plus tard, sur les lieux de sa découverte. Malheureusement pour eux, la désillusion est terrible : ils ne retrouvent plus aucun spécimen de cette espèce.
Des premières observations qui remontent au XXᵉ siècle
Malgré cette déconvenue, ils ne baissent pas les bras. À intervalles réguliers, ils continuent de chercher ce petit animal, dans l’espoir de le retrouver. Ce n’est qu’au terme du neuvième voyage que les deux spécialistes en retrouvent enfin un. Cette fois-ci, pas question de le laisser s’enfuir, ils le capturent afin de l’analyser.
Même si l’idée ne leur a sans doute jamais traversé l’esprit, les scientifiques se sont abstenus d’embrasser leur trouvaille. Avec le bugkiss, ils auraient potentiellement pu le faire sans danger… ou pas !
Après examen, il a été révélé que l’animal ne ressemblait à aucune autre espèce présente au sein de la baie de Santa Barbara, pourtant l’une des plus visitées et explorées dans le monde. Afin de découvrir si cet animal est une nouvelle espèce ou une qui a déjà existé, les deux scientifiques ont pris le temps de relire toute la littérature existante autour des mollusques depuis 1758.
Dans un recueil de George Willett, un taxonomiste, à savoir un biologiste spécialisé dans la classification des êtres vivants, publié en 1937, celui-ci décrivait la même palourde que celle découverte 80 ans plus tard. Cette description a été réalisée à l’aide de milliers de fossiles de cette espèce. Le taxonomiste avait également précisé qu’il n’en avait jamais vu pour de vrai, avant de la baptiser Bornia cooki.
De Bornia cooki à Cymatioa cooki, il n’y a qu’un pas
Afin d’être certain que les deux espèces, celle en vie, et celles observées en fossile par George Willett soient les mêmes, les scientifiques ont récupéré le fossile holotype, celui qui sert de référence pour présenter une espèce. Après avoir comparé ses caractéristiques avec le spécimen capturé en mer, il s’est avéré qu’il s’agissait bien de la même palourde, et a été renommé pour l’occasion Cymatioa cooki.
L’espèce est donc bel et bien vivante, et a pu échapper à toute détection car elle vit très probablement sous les rochers inaccessibles de la côte californienne. Ce n’est que depuis peu qu’elle vient s’aventurer au niveau de récifs plus accessibles aux bateaux, sans doute à cause des vagues de chaleur qui se multiplient ces dernières années. La découverte de Jeff Goddard et Paul Valentich-Scott a fait l’objectif d’un article scientifique qu’ils ont rédigé et qui a été publié sur ZooKeys.