Vous ne rêvez pas. Depuis plusieurs semaines, des volontaires ont été payé pour rester alités sous surveillance du côté de Toulouse, dans une position couchée. Durée totale de l’expérience : deux mois.
Dans l’optique de préparer futures missions spatiales, le Centre national d’études spatiales (CNES) et l’Agence spatiale européenne (ESA), ont conjointement demandé à l’institut de médecine et de physiologie spatiales (Medes) de mener une expérience très particulière. Pour 60 jours, 1 440 heures très précisément, des personnes seront nourries, logées, blanchies, à moins qu’elles restent allongées dans un lit durant cette période.
2 mois allongés la tête penchée vers l’arrière pour le bien de la recherche spatiale
En restant dans cette position, les volontaires permettent aux chercheurs de recréer les conditions de l’absence de gravité dans l’espace. De ce fait, ils peuvent préparer les vols spatiaux à venir « en évaluant comment le corps s’adapte face à 60 joueurs d’impesanteur simulée » selon les dires de Marine Bernat, responsable de la communication du Medes à Ouest-France.
Si retourner sur la Lune reste l’objectif sur le court terme, poser le pied sur Mars est le défi sur le long terme.
Concrètement, les cobayes voient leur corps, disposés sur un lit, être inclinés à six degrés vers l’arrière. De cette manière, les chercheurs peuvent reproduire les effets de l’impesanteur sur les humains. « Quand on met la tête vers le bas, on peut comprendre que petit à petit les fluides vont avoir tendance à descendre vers la partie basse du corps, vers la tête et le thorax, c’est exactement ce qui se passe lorsqu’on est en apesanteur, » précise le docteur Arnaud Beck, le médecin investigateur du Medes.
Dans cette position, « le corps humain continue à fonctionner comme s’il avait toujours à lutter contre la gravité, en remontant le sang vers le cœur et le cerveau. De ce fait, il y a trop de liquide qui arrive vers la partie haute du corps… », ajoute le Dr Arnaud Beck.
Simuler au mieux les conditions de vie d’un astronaute
Malgré leur position relativement inconfortable, les volontaires auront la possibilité, et seront en réalité dans l’obligation, d’utiliser leur bras pour lire, écrire, utiliser l’ordinateur, changer de chaîne sur la télévision, etc.
Cela permet de reproduire l’activité physique musculaire d’un astronaute se déplaçant en s’accrochant un peu partout dans l’habitacle du vaisseau spatial. Les conditions sont similaires puisque les volontaires ne voient pas la pièce où ils se trouvent de la même manière, et leurs interactions sociales sont limitées, comme dans l’espace.
En parallèle, un certain nombre de tests seront réalisés : des prises de sang et d’urines, des tests psychologiques et psychomoteurs. De plus, les volontaires feront d’autres exercices comme faire du vélo tout en étant allongé, ou pire encore, faire un tour du côté de la centrifugeuse, la hantise de tous les astronautes en formation.
3 000 candidats, 12 sélectionnés, 18 000 euros à la clé !
Douze volontaires ont été choisis parmi les 3 000 candidats souhaitant se prêter à l’expérience. Pour pouvoir y participer, il fallait absolument être un homme en parfaite santé, sans traitement médical, ne pas fumer, avoir un indice de masse corporelle (IMC) compris entre 20 et 27, mesurer entre 1 mètre 58 et 1 mètre 90, pratiquer une activité sportive régulière, et ne pas avoir d’allergie, ni de restriction alimentaire.
Parmi les heureux élus, Matthieu qui affirme qu’il s’est vu « mincir de jour en jour au début de l’expérience ». De son côté, Cyprien affirme qu’il peut parfois avoir mal à la tête, comme certains de ses compères, mais que pour sa part, c’est au niveau du dos qu’il connaît ses plus grosses douleurs.
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Ces deux participants, ainsi que les dix autres dont les noms et prénoms ne sont pas connus vont toucher 18 000 euros pour participer à cette longue expérience. Cette somme leur sera versée sur quatre ans, à raison de 4 500 euros par an, comme la loi l’oblige.