Le multimilliardaire Elon Musk a profité d’une conférence annuelle le 30 novembre dernier pour faire l’état d’avancement des projets développés par sa start-up Neuralink. Comme à son habitude, les annonces sont prometteuses : les interfaces cerveau-machine pourraient être testées sur des humains dans seulement six mois !
Il y a tout juste deux ans, le premier cobaye présenté par Neuralink était une truie baptisée “Gertrude”… La puce de 8 millimètres The Link était directement logée dans son crâne pour en observer les activités cérébrales. Depuis, c’est au tour de chimpanzés d’être étudiés de plus près et la startup a profité de sa conférence annuelle du 30 novembre dernier pour diffuser des vidéos montrant les primates commander diverses interfaces informatiques uniquement par la pensée.
Des premiers tests humains Neuralink dans six mois
Elon Musk, propriétaire de l’entreprise – en plus de Space X et Tesla – est friand des effets d’annonce. Il avait même prédit en juillet 2019 que les premiers tests sur des patients humains auraient lieu en 2020. Cette fois-ci, l’entrepreneur à succès a présenté des pistes tangibles : des documents ont été soumis à la Food and Drug Administration (FDA) aux États-Unis pour valider la conduite d’essais sur l’homme “dans environ six mois”.
Cette annonce soulève cependant de nombreux doutes et questionnements. Selon Reuters, la pression mise par Elon Musk sur les effectifs de Neuralink pour accélérer les recherches aurait entrainé la mort de 1500 animaux depuis 2018. Le multimilliardaire aurait fréquemment menacé ses employés de provoquer une « chute sur le marché » de Neuralink si les résultats arrivaient trop lentement. Trop de pression et un manque de préparation du personnel auraient conduit à des erreurs humaines nombreuses et à la réédition d’épreuves déjà menées aux résultats inexploitables…
Quoi qu’il en soit, cela ne devrait toutefois pas retarder les plans d’Elon Musk car comme le précise Reuters : « Les réglementations américaines ne précisent pas le nombre d’animaux que les entreprises peuvent utiliser pour la recherche, et elles laissent une grande marge de manœuvre aux scientifiques pour déterminer quand et comment utiliser les animaux dans les expériences. »
Bien que les méthodes soient contestables, les bénéfices tirés de cette nouvelle technologie pourraient profiter à de nombreux patients. Neuralink présente avant tout un intérêt médical, en faisant la promesse de pouvoir guérir des maladies neurologiques comme des paralysies, Alzheimer ou des troubles de la parole. La deuxième étape serait d’implanter une autre puce sur la colonne vertébrale pour régler les problèmes liés aux lésions de la moelle épinière.
Elon Musk “à l’aise” à l’idée d’implanter ses puces dans le cerveau de ses enfants
De manière générale, tout l’enjeu reste de connecter l’esprit humain à son implant cérébral afin de pouvoir, dans un futur plus ou moins proche, contrôler n’importe quel gadget ou programme par la pensée. En avril 2021, la startup avait fait le point sur ses premières expérimentations en montrant un singe jouer à Pong grâce à ce système. Lors de la dernière conférence annuelle, un autre vidéo a été dévoilée montrant un primate dirigeant cette fois-ci un curseur de souris pour taper des mots sur un clavier virtuel.
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Convaincu de cet exploit en “saisie télépathique”, le cofondateur de Neuralink a même déclaré se sentir “à l’aise” pour implanter la puce dans le cerveau de ses propres enfants, si l’un d’entre eux était victime d’un accident grave. L’objectif de ce dispositif étant également de redonner de la mobilité aux personnes paraplégiques en leur permettant par exemple de manipuler des bras mécaniques par la pensée.
Lors de ce même événement, les ingénieurs de Neuralink ont aussi réalisé un état des lieux des autres prototypes en cours : comme son robot-chirurgien annoncé deux ans plus tôt et divers implants à insérer dans la moelle épinière ou les yeux, promettant de rendre la mobilité ou la vue.
Le fait qu’Elon Musk demande une autorisation de la FDA pour mettre en application ses implants peut sembler être inédit. Mais il est loin d’être le premier à avoir expérimenté dans le domaine du biohacking. On peut citer par exemple : Kevin Warwick, le “premier cyborg du monde”, qui a testé la cybernétique sur lui-même pendant plus de vingt ans ; l’électricien américain Jesse Sullivan, qui s’est fait greffer un bras bionique qu’il peut contrôler par la pensée ; ou encore le chercheur brésilien Miguel Nicolelis qui a installé ce dispositif sur la tête d’un jeune tétraplégique en 2014.
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Plus récemment cet été, c’est Synchron qui avait annoncé avoir implanté la première interface cerveau machine aux États-Unis. Cette même entreprise américaine qui avait déjà obtenu l’an passé le feu vert de la FDA pour lancer un essai innovant d’interface cerveau-ordinateur implantable aux États-Unis.