« Heart on my Sleeve » est une musique entièrement générée par IA utilisant les voix de Drake et The Weeknd. Universal a réussi à la faire retirer des différentes plateformes de streaming, mais le vide juridique entourant l’utilisation des IA et l’atteinte aux droits d’auteur ne permet pas de définitivement endiguer la propagation des fakes.
Les deepfakes volant la voix de célébrités se multiplient depuis début mars. On se souvient que David Guetta avait utilisé une IA pour recréer la voix d’Eminem ou que des internautes s’étaient servi d’Eleven Labs pour détourner la voix de différents présidents américains. Si certains utilisateurs ne s’en servent qu’à des fins personnelles, d’autres n’hésitent pas à commercialiser leurs créations et profitent – pour le moment – d’un vide juridique préoccupant.
Universal parvient à retirer une musique générée par IA
Drake et The Weeknd ont fait le buzz récemment sur TikTok grâce à la musique « Heart on my Sleeve ». Malheureusement pour eux, ce ne sont pas les véritables artistes qui sont à l’origine de ce duo, mais un internaute nommé Ghostwriter qui a utilisé des IA pour créer le texte et répliquer les voix des chanteurs…
Publiée sur les plateformes de streaming comme Spotify ou Deezer, la musique a été supprimée 48 heures après sa mise en ligne. Universal Music serait parvenu à utiliser les droits d’auteur et probablement l’influence de sa société – qui représente 1/3 de l’industrie musicale à elle seule – pour retirer cette « création ». Toutefois, cette victoire pour la maison d’édition est loin d’être une généralité et de nombreuses musiques créées par IA se propagent sans être supprimées.
Droit d’auteur et IA : un vide juridique majeur
Comme l’expliquait Andres Guadamuz – professeur de droit britannique – pour 20 Minutes, la voix d’un artiste n’est que très peu protégée…
« Les droits d’auteurs protègent l’expression d’une idée, ce n’est pas réellement la voix qui est protégée. »
Andres Guadamuz
Drake et The Weeknd ne sont pas les seuls à avoir vu des deepfakes vocaux singer leur travail. On retrouve un éventail très large de copies allant de Jay Z…
…À Oasis – qui va bien plus loin que la simple musique et offre un album complet :
Le droit d’auteur est difficilement applicable, car en soi, l’IA a bel et bien créé une œuvre originale, mais pour y parvenir s’est entrainée sur des musiques qui ne lui appartiennent pas.
Les défenseurs des droits d’auteurs argumenteront qu’il s’agit d’un vol de propriété intellectuelle alors que ceux de l’IA avanceront qu’il ne s’agit que d’inspiration et que l’intelligence artificielle n’est qu’un outil musical au même titre que le sample ou les synthétiseurs.
Dans tous les cas, la législation actuelle semble bien insuffisante et ne répond pas aux différents besoins des ayants droits. Si Universal a réussi retirer une musique des plateformes de streaming, force est de constater qu’il est difficile de traquer et porter plainte contre chaque utilisateur d’IA…
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