6 ans après le carton planétaire de la Nintendo Switch, de nombreux sont les constructeurs à se relancer sur les consoles portables. Entre les nouvelles sorties et les rumeurs de consoles en préparation, le gaming nomade semble revenir au centre de l’attention.
Une console portable SONY pointe le bout de son nez ? Non, vous ne rêvez pas : cela fait près de 10 ans que le géant japonais a commercialisé sa dernière console portable pour jeux-vidéos baptisée PS Vita. Son nouveau modèle PlayStation Q Lite serait en préparation quand bien même la PS Vita fut un échec. D’autres consoles similaires comme la Wii-U sont aussi tombées aux oubliettes – à l’exception de la Nintendo Switch.
Mais 2023 pourrait bien marquer le retour en forces du gaming nomade avec de nouvelles sorties de consoles comme le Steam Deck (en vente), la Nintendo Switch 2, GPD WIN 4 ou même le très attendu Rog Ally d’ASUS. Pourquoi un regain d’intérêt si soudain ?
L’explosion du Remote Play
Tom Henderson, l’insider toujours bien informé de Insider-gaming, a révélé le 5 avril que SONY travaillerait sur une nouvelle console portable répondant au nom de PS Q Lite. Le tout en « Remote Play », autrement dit assurer la possibilité de transfert des jeux vidéos via PC vers la console mobile. Une fonctionnalité qui est d’ailleurs déjà proposée par Steam pour faire basculer ses jeux vers le Steam Deck.
Le Remote Play a sûrement contribué à l’essor de consoles portables puisqu’il permet au joueur de n’acheter qu’une seule fois un jeu pour ensuite en profiter sur n’importe quel support. Plus besoin d’en acheter deux comme autrefois ! Et pour couronner le tout : le cloud gaming conforte ce point car il est désormais possible de délocaliser l’exécution de jeux vers des serveurs à distance. Autrement dit, la possibilité de faire tourner des jeux trop gourmands sur des appareils plus fébriles (Xbox Cloud Gaming pour le Steam Deck et le Playstation Now pour la PS Q Lite).
L’essor des smartphones et une différenciation plus claire
Comme le souligne digitec.ch, les consoles portables auraient commencé à disparaitre un peu après 2007… Au même moment, Apple marquait l’histoire avec la sortie de l’iPhone. Simple coïncidence nous direz-vous, et pourtant : cette rupture dans le monde des smartphones a aussi impacté durablement la pratique du jeu-vidéo, démocratisant les jeux mobiles sans recours aux appareils dédiés comme un console portable. Pourquoi jouer au Sudoku ou aux Lemmings sur PSP quand vous pouvez le faire sur votre smartphone ?
Si l’arrivée de jeux mobiles de plus en plus sophistiqués a pu en convaincre plus d’un, au détriment de la qualité. Car force est de constater que la maniabilité n’est pas le fort des jeux sur portable… On se souvient encore de l’émulateur de PS Vita sur Android qui était simplement injouable (sans parler du manque de FPS…). Les consoles portables reviennent donc sur le devant de la scène pour les gamers en quête d’une meilleure jouabilité et de graphismes plus poussés.
Des catalogues de jeux mieux fournis mais plus gourmands
Les promesses du Steam Deck et du GPD WIN4 sont les mêmes : emmenez vos jeux en version portable partout avec vous, comme si vous étiez sur votre PC. Et pour distancer le gaming sur smartphone, les consoles portables misent justement sur des capacités proches des ordinateurs.
On y retrouve des écrans 60 Hz (voir 120 Hz pour le Rog Ally d’Asus), des dalles OLED ou LCD, une capacité de stockage allant jusqu’à 2To sur la GPD WIN 4, des processeurs AMD Ryzen, des cartes graphiques NVIDIA RTX 4080… bref, des caractéristiques bien au-dessus de ce que pourrait proposer un smartphone.
Il faut dire que les meilleurs jeux récents – a minima les triples A – sont de plus en plus gourmands et les constructeurs ont dû redoubler d’effort pour armer leur console portable comme il se doit. Si on reprend l’exemple de la PS Q Lite, il sera possible de jouer à God of War : Ragnarok en 1080p 60FPS ; chose impossible même sur un smartphone dédié au gaming.
La stagnation des consoles de salon
Simple constat : si on regarde de plus près les rumeurs concernant les prochaines consoles de salon Sony (PS5 Pro et PS6), on ne peut pas affirmer que les évolutions techniques annoncées marqueront une rupture.
- Elles seront capables d’afficher de la 8K mais cela concerne une niche de personnes ayant dépensé plus de 2 000 € dans une télévision adéquate.
- Une fonction de watercooling sera probablement intégrée et cela se traduira en une hausse du prix général de la console. Pas sûr que cela plaise aux joueurs plus « casual », qui n’y verront sans doute aucune différence (autre que dans la facture).
Le marché des consoles portables se présente donc comme un nouvel Eldorado pour les constructeurs qui disposent de plus d’espace pour faire valoir de vrais arguments techniques ; tant la marche de progression entre les anciens et nouveaux modèles est grande.
Des consoles plus faciles à construire
Une console portable coûte moins cher autant pour le consommateur que pour le constructeur. PaperGeek estimait que la construction d’une Nintendo Switch coûtait en moyenne 240 $ à son constructeur, là où une PlayStation 5 pesait plus de 450 $ dans les finances de Sony… Cette différence s’expliquant par le nombre de matériaux utilisés, qui augmente en fonction des caractéristiques techniques.
Face aux pénuries répétées de matières premières (en particulier de semi-conducteurs), se lancer dans la construction d’une console portable est une bonne solution pour proposer un appareil gaming à moindre coût et pour un prix final très concurrentiel face à celui des consoles classiques.
Les constructeurs y voient donc un intérêt stratégique évident et espèrent relancer l’intérêt chez les consommateurs. Ce n’est pas gagné d’avance, en particulier si on s’intéresse à l’exception Switch, une console qui faisait preuve d’un net avantage concurrentiel grâce à son usage hybride à la fois en nomade et dans un salon.
Alors que de leur côté, les consoles en préparation de Sony, d’Asus ou d’autres constructeurs ne semblent pas prendre cette voie et proposer une console additionnelle. Seul le temps nous dira si cette stratégie est une répétition des erreurs du passé ou une bonne lecture de la demande sur un marché déserté depuis presque 10 ans !