En Décembre 2014, la startup lyonnaise Cityzen Sciences annonçait fièrement qu’elle s’apprêtait à lever 100 millions de dollars sur le Figaro pour son t-shirt connecté « D-Shirt ».
Suite à un arrêt de sa collaboration avec son sous-traitant / partenaire / associé à près de 50% Eolane et son manque de trésorerie, la société à Cityzen Sciences a été liquidé en octobre 2017. La société n’a ensuite pas trouvé les fonds
Mais 6 mois plus tard, il semble que ce ‘coup de com’ desserve considérablement la startup, dont personne ne semble avoir vu le produit, sauf la Fédération d’Athlétisme semble-t-il. Les incertitudes demeurent nombreuses concernant Cityzen Sciences ; c’est ce que j’ai constaté en remontant la piste de ce formidable textile connecté, qu’on cite volontiers comme un exemple de réussite française.
Personne n’a vu le produit…
Selon les proches du groupe Cityzen (qui regroupe la division Sciences et Data), une centaine de t-shirts connectés sont utilisés quotidiennement par des sportifs professionnels, membres des clubs partenaires de la startup (l’ASVEL, l’ASSE, etc). Oui mais voilà, aucun client lambda n’a encore pu se le procurer. Alors que dans le même temps, des concurrents canadiens comme OMSignal ou Hexoskin proposent déjà leurs produits à base de textile connecté sous de nombreuses formes.
A force de questions, il semble que ce soit la capacité de production qui fasse défaut à Cityzen Sciences. La startup ne pourrait pas produire en masse son fameux t-shirt connecté car la capacité de production à laquelle elle aurait accès serait dédiée uniquement à la recherche et développement. Cette capacité serait dès lors totalement sous-dimensionnée pour une production industrielle.
Que développe l’entreprise depuis 3 ans ?
Fondée en 2008, il est difficile de croire que la startup a vécu jusqu’ici sans produit. Cityzen Sciences a pourtant bénéficié de premiers contrats : un partenariat avec la marque Asics (un des leaders du running) et plus généralement un grand accord avec le Japon –concédant un subvention de 300.000€–, inédit de la part de ce gouvernement pour une startup étrangère.
Interrogé par nos soins, Jean-Luc Errant précise qu’il s’agit d’un contrat d’une durée 2 ans, nécessitant de prouver techniquement ce qui a été avancé. « Après inspection, nous avons commencé à toucher une partie non négligeable de cette subvention. » nous-a-t-il confirmé, précisant au passage que grâce à ces fonds, une équipe « d’ingénieurs vient d’être recrutée (au Japon) suite au lancement des travaux de ce plan« .
Les effectifs restent flous
En tout, une quarantaine d’employés aurait été recrutée par la startup selon son PDG, sans pourtant qu’on en trouve toutes les traces sur Linkedin. Selon nos informations, la personne en charge du développement commercial aux Etats-Unis aurait par exemple abandonné sa mission après moins d’un an et quitté la startup. Le petit bureau de Cityzen Sciences à San Francisco n’existerait donc déjà plus.
Au cours d’échanges de mails, Jean-Luc Errant précise tout de même que Cityzen Sciences a accueilli quelques nouveaux la semaine dernière : « 5 ingénieurs stagiaires que nous souhaitons (employer) en fonction de l’avancer du marché« . Les 100 millions d’euros devraient donc au moins servir à ça 😉
Quel est le business model de Cityzen Sciences ?
En parallèle, beaucoup pensent que la startup compte davantage gagner de l’argent en vendant son back-end (Cityzen Data) en marque blanche plutôt que de commercialiser du textile connecté. Surtout s’il n’y a aucune capacité de production à l’heure actuelle… Malgré tout, depuis plus de 6 mois tous les représentants de Cityzen Sciences affirment à qui veut l’entendre que « la levée de 100 millions est proche… » comme j’ai pu moi même l’entendre au CES 2015, au cours d’une discussion avec Mathias Herberts, CTO de Cityzen Data.
Cityzen Sciences a semble-t-il un peu précipité sa communication depuis 1 an. Cette belle entreprise d’ingénieurs aura confondu vitesse et précipitation en annonçant trop tôt sa mise sur orbite, un évènement qui ne s’est finalement pas (encore) produit. Pourtant cette augmentation de capital ne devrait plus tarder selon Jean-Luc Errant. Au cours d’échange de mails, il nous a précisé « nous allons annoncer très prochainement une information importante en ce sens« .
L’été sera studieux
Alors soit le chemin est plus long qu’espéré (et on peut le comprendre) soit il s’agit d’une Rocancourt 2.0, comme certains commencent à le penser. Le patron de la startup continue pourtant d’affirmer travailler sur des « applications dans le domaine de la sécurité automobile (ou) de l’aéronautique avec des acteurs mondiaux » et vouloir devenir un leader mondial du Big Data dès 2016 grâce à un partenariat majeur, qui sera annoncé au mois de Septembre prochain.
Selon Jean-Luc Errant, un millier de personnes devraient avoir accès à la technologie de Cityzen Sciences d’ici la fin de l’année. Cela sera notamment possible grâce à un « événement important en novembre, avec certes un peu de retard sur notre calendrier, mais essentiellement dû (aux) consolidations des préférences de nos clients B2B« .
Une levée de fond record, un partenariat majeur et un ‘évènement important’ permettant enfin de découvrir son textile connecté en fonction : voilà le programme ambitieux de Cityzen Sciences pour la fin d’année 2015…