Selon une récente étude d’OpenAI, le créateur de ChatGPT, environ 80% des emplois existants risquent d’être touchés – voire menacés – par l’arrivée des IA génératives. Pour parvenir à ces résultats, les chercheurs d’OpenAI, d’Open Research et de l’université de Pennsylvanie ont identifié plus de 1000 professions exercées aux États-Unis.
« Je pense qu’au fil des générations, l’humanité a prouvé qu’elle pouvait s’adapter merveilleusement bien à des changements technologiques majeurs« , déclarait Sam Altman, le patron d’OpenAI, dans une interview filmée par ABCnews la semaine dernière. Mais ce dernier nuance très vite son optimisme en avouant que si ce changement “se produit dans un nombre d’années à un chiffre”, cela pourrait être préoccupant, voire même faire l’objet de la suppression d’un “grand nombre d’emplois actuels”.
Car si l’IA modifie en profondeur nos pratiques et permet de fluidifier notre expérience numérique, elle peut aussi s’immiscer dans notre vie professionnelle et rendre certaines de nos tâches obsolètes. C’est ce que la nouvelle étude menée par des chercheurs d’OpenAI, d’Open Research et de l’université de Pennsylvanie s’est employée à mesurer.
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Une menace plus grande pour les hauts postes
Lors de la mise en ligne officielle de la 4e génération de ChatGPT, OpenAI a fait passer son IA à une batterie de tests censés prouver son potentiel. Dans le cadre de l’examen de métier d’avocat par exemple, GPT-4 se place dans les 10% des candidats les plus doués.
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L’étude menée par OpenAI s’est donc employée à découvrir si le recours aux IA génératives permettait de réduire d’au moins de moitié le temps nécessaire à la réalisation d’une tâche spécifique. Résultat : environ 80 % de la main-d’œuvre américaine pourrait voir au moins 10 % de ses tâches impactées. De la même manière, 19 % des travailleurs pourraient voir 50% de leurs tâches affectées par le déploiement d’IA génératives comme ChatGPT, Bard (Google) ou Claude (soutenue aussi par Google).
Évidemment, les métiers manuels sont un peu moins inquiétés et logiquement ce sont bien les postes à plus hauts revenus qui sont considérés à risque, en particulier dans les secteurs de la finance, l’éducation, le journalisme, l’ingénierie et le graphisme. Par ailleurs, l’étude propose une liste des métiers qui sont amenés à être le plus perturbés :
- Analyste de l’information,
- Analyste quantitatif en finance,
- Comptable,
- Concepteur d’interfaces web et numériques,
- Correcteur,
- Écrivain et auteur,
- Journaliste,
- Mathématicien,
- Préparateur d’impôts,
- Sténographe en direct (sous-titrage simultané).
La peur du “grand remplacement” par l’IA
On pourrait croire que “cela n’arrive qu’aux autres” mais le doute qui plane reste tout de même anxiogène. Chez Meilleure-innovation par exemple, nous avons été stupéfaits de voir que le média américain CNet s’était récemment séparé d’une douzaine de journalistes en interne et avait missionné ChatGPT de la rédaction d’une bonne partie de ses articles. Plus encore, selon un sondage réalisé par ResumeBuilder et relayé par Fortune, 25% des entreprises ont déjà mené ce type de remplacement.
Pour les auteurs de l’étude d’OpenAI, il faut toutefois prendre un peu de distance avec ce constat alarmant. « Il est difficile de savoir dans quelle mesure les professions peuvent être entièrement décomposées en tâches et cette approche omet systématiquement certaines catégories de compétences ou de tâches qui sont tacitement requises pour l’exécution compétente d’un travail », ont-ils précisé.
Pour Sam Altman, « la créativité humaine est illimitée, et nous trouvons de nouveaux emplois. Nous trouvons de nouvelles choses à faire.” Ainsi, d’après lui, il faut plutôt voir ChatGPT comme un outil, un copilote et non un concurrent direct. C’est d’ailleurs un débat très similaire à celui vécu lors de l’arrivée de l’IA en général dans le monde professionnel il y a plus de 10 ans. Et il est vrai qu’une fois le stade de la peur dépassé, bon nombre d’entreprises ont réussi à faire évoluer leurs métiers en interne plutôt que simplement les supprimer. Espérons que l’issue sera ici la même…