Depuis le lundi 12 août, la LFP a franchi un nouveau pas dans sa lutte contre les diffuseurs illégaux (les IPTV), mais il se pourrait bien que les retombées attendues ne soient pas au rendez-vous.
Cela fait maintenant plusieurs semaines que l’accord entre la LFP (La Ligue Professionnelle de Football) et le duo DAZN/BeIN Sports a été acté. Ce deal permet notamment aux clubs de toucher des droits TV et de financer leur mercato, mais pour les utilisateurs, cela signifie maintenant qu’il faudra repasser à la caisse…
Devant ce constat, de nombreux foyers ont fait le choix de l’IPTV : une méthode illégale qui permet d’accéder aux catalogues de toutes les chaînes privées françaises, mais aussi étrangères. Cette masse de spectateurs représente donc un véritable manque à gagner pour la ligue qui compte bien les récupérer en menant une guerre légitime contre les diffuseurs illégaux, mais il se pourrait bien que cela ne suffise pas.
Une lutte inefficace contre les IPTV (ou le téléchargement en général)
La lutte contre le téléchargement a souvent été un échec cuisant, et ce, pour une raison simple : les sites illégaux se recréent dès qu’ils sont bannis et ne passent plus par un « .com » mais par un « .fr », « .io », etc. Couper l’accès à un site illégal revient donc à couper la tête d’une hydre : ça ne sert à rien.
Et le football professionnel n’avait pas besoin d’en faire l’expérience, car cela fait des années que le cinéma et la musique mènent une lutte contre le téléchargement illégal et ont déjà prouvé que s’attaquer aux sites était une méthode inefficace.
La LFP peut donc toujours espérer réussir son coup, mais il y a peu de raisons qu’une méthode qui ne marche pas dans deux autres secteurs fonctionne subitement pour le football.
Comment reconquérir ses spectateurs illégaux ?
Toutefois, le combat n’est pas sans solution et bon nombre de spectateurs ne se tournent pas de gaieté de cœur vers l’illégalité. Il existe donc une méthode pour les reconquérir, ou du moins pour en séduire une partie. Pour ce faire, il convient de se tourner vers le cinéma et la musique.
Proposer une offre abordable pour le spectateur
Le téléchargement de films et séries a connu une véritable baisse d’utilisation entre 2016 et 2020. Pourquoi ? Parce qu’une offre légale abordable était proposée par Netflix et permettait à de très nombreux utilisateurs d’accéder légalement à un large catalogue de films.
Le téléchargement connait, cependant, depuis 2020 une forte hausse, car la multiplication des plateformes (Prime Video, Disney+, Paramount+, etc.) et l’augmentation du prix des abonnements ont rendu l’offre payante moins intéressante au fil du temps, mais le constat initial reste valable : quand une offre légale abordable existe, de nombreux spectateurs délaissent l’illégal.
Le même constat peut être fait pour la musique avec Spotify qui a su attirer vers la légalité des millions de jeunes auditeurs.
Le problème de l’offre actuelle de la LFP
Engagé jusqu’en 2029, DAZN possède quasiment l’intégralité des matchs de Ligue 1… Pour s’offrir les 8 matchs de championnat proposés par la chaîne (et ainsi pouvoir suivre le club de son choix), il faudra débourser au minimum 29,99€ par mois (avec un engagement de 12 mois) ou 39,99€ (sans engagement).
30€ par mois pour n’avoir « que » la Ligue 1, là où l’offre de Prime Video (moins chère : 14,99 + 6,99 soit 21,98) comportait en plus le catalogue de films et de séries de la plateforme. Un prix exorbitant auquel il faudra ajouter l’abonnement à BeIN Sports pour obtenir le match manquant par journée, soit au total 45€ (si l’on prend l’offre Connect à 15€ par mois).
Et au-delà d’un jugement de valeur sur la Ligue 1, un coup similaire avait déjà été tenté en 2018 avec le groupe Mediapro qui proposait à l’époque un abonnement à 25€ (comportant en plus une partie de la Ligue des champions). Résultat ? Seulement 500 000 abonnements et des droits TV impayés en 2020.
Il est donc difficile de croire que le nombre d’abonnés pourrait être supérieur avec une offre plus chère et moins fournie.