Vous en avez sans doute entendu parler : Bard, l’intelligence artificielle façon Google, aurait appris toute seule le Bengali. Qu’est-ce que cela signifie vraiment ?
Nous l’avons évoqué récemment, Google chercherait à faire de son IA appelée Bard un champion de la traduction. Pour y parvenir, la firme de Mountain View l’entrainerait à traduire 1000 langues. Si cette nouvelle n’avait pas manqué de faire réagir, c’est l’apprentissage d’une langue en particulier qui a retenu l’attention des spécialistes de l’IA : le bengali.
En effet, selon le responsable technique de Google, Bard aurait été capable d’apprendre cette langue indienne sans l’aide de ses concepteurs, ou presque. James Manyika déclarait ainsi : « Nous avons découvert qu’avec très peu d’incitations en bengali, il peut désormais traduire tout le bengali« .
Pour les spécialistes, cet apprentissage est le signe d’une propriété émergente.
C’est quoi une propriété émergente ?
Il s’agit d’un concept évoqué pour la première fois par Philip Anderson, prix Nobel de physique en 1972. Selon lui, une propriété émergente repose sur l’idée que des changements quantitatifs dans un système (ici, la quantité de données sur laquelle se base Bard), entraînent des changements qualitatifs (ici, la capacité de l’IA à apprendre une nouvelle langue par elle-même). En d’autres termes, c’est la quantité d’information fournie à l’IA qui lui permet de développer de nouvelles compétences.
À lire aussi : Dézoomer les images grâce à une IA : la nouvelle fonctionnalité de Photoshop divise
Un comportement partiellement inexpliqué
De son côté Sundar Pichai, PDG de Google, explique dans la même interview à CBS que certains mécanismes de l’IA Bard ne sont pas encore totalement compris par les équipes en charge de son développement. Face à cela, Scott Pelley, surpris par cette information, a alors demandé à Sundar Pichai comment Google pouvait laisser Bard se développer sans en comprendre parfaitement le fonctionnement.
Pichai répondit alors « Laissez-moi le formuler ainsi : je ne pense pas non plus que nous comprenions parfaitement comment fonctionne un esprit humain« .
La mise en place d’une réglementation est plus que jamais d’actualité
Si Bard surprend par ses capacités d’apprentissage, c’est un autre aspect qui pourrait poser problème à moyen et long terme : les répercussions de l’intelligence artificielle sur notre quotidien et en particulier sur le marché de l’emploi. Selon le CEO d’Alphabet (le groupe qui détient Google), celle-ci pourrait notamment avoir d’importantes répercussions sur une catégorie de métiers qu’il nomme « travailleurs du savoir », c’est-à-dire les écrivains, les comptables ou les architectes par exemple.
Ces déclarations vont dans le sens d’un besoin de réglementation qui a déjà été demandé par de nombreux acteurs du marché par le biais d’une lettre signée, entre autres, par Elon Musk. Même Sam Atman, PDG et cofondateur d’OpenAI, est allé dans le sens de cette lettre en déclarant : « Il y a des parties de la lettre avec lesquelles je suis d’accord. Nous avons fait une pause de six mois entre la fin de l’entraînement de ChatGPT-4 et sa sortie par exemple. Il faut prendre le temps d’étudier les systèmes de sécurité« .
Sur le même sujet : L’IA dans les jeux vidéo : vers un jeu plus intelligent