Cela fait maintenant plusieurs semaines qu’Apple a révélé son plan pour s’adapter aux règles de l’Union Européenne. Le problème ? Ça ne suffit toujours pas et la firme de Cupertino risque de lourdes sanctions si elle n’applique pas aux plus vite certains changements.
Il y a quelques semaines, Apple annonçait la mise à jour la plus importante de son histoire (iOS18). En effet, après avoir adopté l’USB-C pour se conformer aux règles de l’Union Européenne, la firme de Cupertino a également dû faire évoluer tout son écosystème pour d’adapter au DMA.
Pour rappel, le DMA (ou Digital Market Acts) est un ensemble de textes qui doivent réguler les marchés du numérique et mettre fin au règne des gatekeepers (des géants du web en situation de monopole). Parmi eux, Apple était bien évidemment ciblé notamment pour les commissions que la société impose à tous les développeurs et qui pèse au final sur les consommateurs…
Les changements d’Apple sont insuffisants
Afin de se conformer au DMA, Apple avait proposé une deuxième formule aux développeurs qui souhaiteraient afficher leur application sur l’App Store :
- L’offre initiale d’Apple : les développeurs doivent payer 30% de commissions à Apple.
- La nouvelle offre : les développeurs ne verseraient « que » 17% de commission, mais paieraient 50 centimes à chaque téléchargement au-dessus d’un million de téléchargements.
Le but de cette nouvelle offre était de ne plus mettre un couteau sous la gorge des développeurs et de respecter le devoir des plateformes d’offrir un « accès équitable, raisonnable et non discriminatoire » à la concurrence. Et le moins que l’on puisse dire est que ce n’est pas le cas…
Apple se moque de la concurrence et maintien son monopole ?
Comme souvent depuis des mois, c’est Tim Sweeney, PDG d’Epic Games (Fortnite) qui explique point par point ce qui ne va pas avec les nouvelles conditions d’Apple. En résumé, la firme de Cupertino continuerait de percevoir des commissions sur des transactions où elle n’intervient pas.
Par exemple, avec les nouvelles règles du DMA, Apple se voit obliger d’autoriser les boutiques tierces à vendre des applications. L’un des problèmes – car il en existe bien d’autres – est qu’Apple touchera une commission sur la transaction, alors que vous ne passez pas par l’App Store…
Pire : Apple se réserve le droit de choisir ses concurrents. Ce qui lui permettrait de ne pas autoriser du tout le Play Store de Google, Steam ou l’Epic Game Store…
« Apple oblige les développeurs à choisir entre l’exclusivité de l’App Store et les conditions du magasin, qui seront illégales en vertu de la loi sur les marchés numériques, ou à accepter un nouveau système anticoncurrentiel, lui aussi illégal, qui prévoit de nouvelles taxes sur les téléchargements et de nouvelles taxes Apple sur les paiements qu’ils ne traitent pas. »
Tim Sweeney, PDG d’Epic Games
Une menace européenne à venir
Selon Reuters, Epic Games n’est pas la seule société à avoir exprimé son mécontentement… On retrouve notamment Spotify qui estime que la nouvelle offre d’Apple est une « alternative au statu quo dont personne ne veut » et Proton :
« L’autorisation de paiements alternatifs et de places de marché semble positive en apparence, mais les conditions liées aux nouvelles politiques d’Apple signifient qu’en pratique, il sera impossible pour les développeurs d’en bénéficier. »
Andy Yen, PDG de Proton
Face à cette vague de mécontentement, l’Union Européenne a réaffirmé sa position, expliquant que ses réponses attendront le 7 mars (date de la mise en place du DMA) et que les sociétés qui ne le respecteraient pas s’exposeraient à des « mesures fortes » pouvant aller jusqu’à un prélèvement de 10% du chiffre d’affaires annuel mondial.