Après Facebook Research et Google Screenwise, Amazon se lance également dans la monétisation de votre activité web. L’objectif ? Traquer les liens sur lesquels vous cliquez et vous faire participer à des sondages pour affiner les recommandations publicitaires.
2$ par mois ! C’est la nouvelle proposition d’Amazon pour acheter les données personnelles de ses clients. Disponible au Royaume-Uni et aux États-Unis, Amazon Shopper Panel échange un suivi des publicités contre une maigre somme d’argent. Les consommateurs se transforment donc en petites mains au service de la société américaine.
Car si vous pensiez qu’internet fonctionnait de manière totalement autonome, vous vous trompez. Parfois appelés « Forçats du clic », certains utilisateurs complètent leur salaire en effectuant des petites tâches rapides comme des sondages, des encadrements de photos ou des traductions de mots contre de maigres compensations financières. L’Amazon Shopper Panel semble reproduire ce format de travail. Alors : comment fonctionne-t-il ? Y a-t-il une chance qu’il arrive en France ?
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L’offre Amazon : gagner de l’argent sans rien faire ?
Avant de tomber sur la rémunération de son offre, observons ce qu’Amazon demande en échange à ses clients.
Comment gagner de l’argent avec Amazon Shopper Panel ?
La première consigne d’Amazon consiste à activer la vérification de publicités sur votre application. Le client n’a ensuite plus rien à faire, mais sera scruté par le site d’e-commerce 24h/24. Pourquoi ? Le but d’Amazon est d’observer sur quelles pubs ses clients cliquent, s’ils arrivent sur Amazon depuis d’autres sites et si oui lesquels et à quelle heure. En d’autres termes, Amazon monnaye l’espionnage de sa clientèle pour 2$ par mois.
Autre manière de financer sa surveillance, Amazon vous échange un bon d’achat de 10$ contre 10 tickets/factures d’achats en ligne sur des sites et articles éligibles. Enfin, vous pourrez remplir de courts sondages qui vous feront gagner 0.5$ chacun.
Bien que le site arbore un visuel mettant en scène un client parfait qui donne toutes les informations nécessaires, réalise tous les sondages et envoie tous les reçus éligibles pour 75$, Amazon précise tout de même en bas de page que les participants ne seront pas éligibles à tous les programmes… De plus, tous les clients ne peuvent pas participer au programme. Seuls quelques « chanceux » recevront une invitation et pour les autres, il faudra télécharger l’application dédiée et patienter dans une liste d’attente.
Une offre rentable pour les clients Amazon ?
Obtenir les données de ses clients est devenu le nerf de la guerre pour les sociétés œuvrant sur internet. Google Screenwise échangeait ses informations contre 5$ en carte-cadeaux Amazon par mois, plus 100$ si les clients installaient un routeur fourni par Google chez eux. De son côté, Facebook – via Facebook Research – « offrait » 20$ à des internautes entre 13 et 25 ans pour suivre leurs activités sur les sites d’e-commerce.
Alors, quand Amazon propose de gracieusement payer les données confidentielles de ses clients 2$, on est en droit de trouver la proposition légère… Au-delà de la rémunération, cette offre Amazon soulève des questions sur l’utilisation des données.
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L’offre Amazon : un cadeau empoisonné
Toutes deux financeuses de votre activité web, les offres Google et Facebook possèdent un autre point commun : elles n’existent plus depuis 2019. Les sociétés n’ont pas décidé d’elles-mêmes de mettre fin au programme, mais y ont été contraintes pour irrespect des normes de sécurité concernant les données confidentielles des utilisateurs…
Amazon entre donc sur un terrain glissant et se confrontera inévitablement à l’Union Européenne s’il désire étendre son offre aux pays membres. Récemment, sur un sujet similaire, Elon Musk a dû répondre directement aux questions du commissaire européen Thierry Breton pour évoquer la nouvelle modération de Twitter…
Très regardant sur ses normes RGPD (protection des données) mais aussi dans le cadre de ses nouveaux textes de régulation des plateformes (DSA et DMA), l’Union Européenne risque de ne pas autoriser le service d’Amazon. Certes, le site certifie dans son communiqué qu’il ne collecte que les informations que les panélistes acceptent de partager, mais vu les pratiques des grandes plateformes en la matière ces dernières années, on aurait tendance à ne pas accorder une confiance totalement aveugle.
Alors, si certains argumenteront qu' »ils n’ont rien à cacher« , cela ne doit pas nécessairement aboutir à la conclusion que vous avez tout à montrer… encore moins pour 2$.