Annoncée officiellement le 24 septembre 2020 et après une phase de test ayant duré quelques mois, Amazon lance enfin sa plateforme de jeux-vidéo. Disponible aux États-Unis dans un premier temps, Luna compte bien s’étendre et se faire une place coûte que coûte sur le marché ultra saturé du cloud gaming.
Certains n’y croyaient plus : après le rachat de plusieurs studios de jeux- vidéo et des années d’attente, Amazon officialise enfin le lancement de sa plateforme de cloud gaming – Luna. Lancée aux États-Unis le 1er mars, le groupe de Jeff Bezos entend rivaliser sur un marché évalué à plusieurs milliards de dollars. Et autant dire que la concurrence va être très rude : après le rachat des studios Bethesda par Microsoft, Google et sa plateforme Stadia, Nvidia et son service Geforce Now — pour ne citer qu’eux– on aurait vite fait de penser qu’Amazon se lance dans une mission kamikaze. Et pourtant, ses deux derniers jeux, « New World » et « Lost Ark » ont été couronnés de succès. De quoi encourager Amazon, qui établit son propre écosystème et qui semble avoir plus d’un tour dans son sac, à attirer les gamers du monde entier dans ses filets.
Amazon Luna du cloud gaming à petit-prix ?
L’interface d’Amazon Luna est disponible sur de très nombreux appareils : Mac, smartphones, tablettes Android, FireTV, Chromebooks et PC Windows, etc. Ce cloud se démarque de ses concurrents car il offre la possibilité aux joueurs de s’abonner chaque mois à des chaînes individuelles, elles-mêmes comprenant des lots de jeux, parmi elles :
- la Luna+ Channel qui « offre une bibliothèque croissante de nouveaux titres et de titres favoris, dont plus de 100 jeux pour tous les types de joueurs » pour 9,99 $/mois,
- la Family Channel avec des titres accessibles à tous les membres de la famille à 5,99 $/mois,
- l’Ubisoft+ Channel qui offre un accès illimité à plus de 35 des nouveaux jeux populaires de l’emblématique studio pour 17,99 $/mois
À cela s’ajouteront trois chaînes supplémentaires (dont une pour les fans de retro-gaming) et une manette de jeu dotée d’une technologie Direct Cloud . En plus de ces offres, le service annonce la possibilité de streamer ses jeux en un seul clic sur Twitch.
Une stratégie basée sur un éco-système global
Cette niche qui pour l’instant n’en est qu’à ses balbutiements, devrait avoisiner dans les dix prochaines années 30 milliards de dollars selon l’analyse de GlobalData.
«En termes de revenus, le cloud gaming représentait moins de 1% de l’industrie des jeux vidéo en 2020, mais il a le potentiel pour bouleverser la façon dont les jeux sont distribués, consommés et monétisés. Il ne fait aucun doute que dans dix ans, il n’y aura plus de nouveaux jeux PC et console sur les présentoirs, remplacés par des jeux hébergés dans le cloud et accessibles via clients légers sur PC, consoles ou mobiles.»
Rupantar Guha, chef de projet chez GlobalData
En ce sens la stratégie d’Amazon est simple : elle opère un mouvement de diversification perpétuelle sur son offre et son type de contenu. Après s’être historiquement positionnée sur le marché des livres numériques, lancé son activité d’hébergeur en cloud, son portail cinématographique IMDb, la box FireTV, sa plateforme Amazon Prime Music, c’est tout naturellement que la firme s’est positionnée sur le marché des jeux-vidéo. Rien de surprenant pour Amazon qui, en réalité, prépare son coup depuis belle lurette. Rappelez vous en 2014 lorsque la firme coupait l’herbe sous le pied de Google en rachetant Twitch pour la somme délirante de 970 millions de dollars (l’une des plus grosses acquisitions jamais réalisées par le groupe).
Pour l’heure nous savons pas encore quand l’offre sera déployée en France mais nul doute qu’avec l’élaboration d’un écosystème global regroupant du hardware et des apports de contenus variés, le jeu vidéo pourrait devenir, à terme, l’activité la plus importante du groupe et faire de lui un acteur majeur du marché si ce n’est le leader.