C’est l’actualité massue de la semaine : Microsoft a racheté Activision Blizzard. Nul doute que Sony réagira bientôt, mais comment ? Voici les 4 choses que nous pensons ou aimerions voir de la part de PlayStation.
Depuis que Phil Spencer a repris la direction de Xbox du côté de chez Microsoft, l’entreprise n’a de cesse que de réaliser de grands coups de poing dans le secteur du jeu vidéo. Il faut dire qu’après la victoire non négligeable de Sony et de sa PlayStation 4 sur la génération précédente, l’entreprise a eu le temps de réfléchir à un plan de reconquête. Elle a d’abord racheté Mojang, l’éditeur de Minecraft, pour 2,5 milliards de dollars. Puis elle a lancé son abonnement Xbox Game Pass, dans lequel elle a inclut l’intégralité de ses productions first party, pour mettre en avant ses jeux sur les consoles, les PC, et même le mobile via le cloud gaming. S’en est venu ensuite le rachat de Bethesda pour 8,1 milliards de dollars, qui lui a permis de récupérer l’exclusivité de titres phares. Et cette semaine, rebelotte avec Activision Blizzard pour 69 milliards de dollars.
Face à tant d’acquisitions et de mouvements des pièces de l’échiquier du jeu vidéo, on attend encore une réponse de Sony et de sa PlayStation. Si l’entreprise a déjà annoncé les rachats de Bluepoint, le studio derrière le remake de Demon’s Souls, ou encore Housemarque, le créateur derrière Returnal, rien de ce qui a été fait jusque là n’a été une véritable réponse directe. Son compétiteur ne le considère même plus comme un rival, et veut plutôt s’attaquer à Google et Facebook dans les GAFAM. Alors, que pourrait bien faire PlayStation pour contrer Xbox dans les semaines, mois et années à venir ? C’est le petit exercice mental auquel nous nous prêtons avec vous aujourd’hui.
Développer le cloud PlayStation sur mobile
Cela ne fait aucun doute : Xbox abandonne petit à petit l’idée de définir ses plateformes comme des « consoles de jeu vidéo » au sens qu’on l’entend actuellement. Plus que d’être une « Xbox Series X », la Xbox Series X est en vérité simplement l’un des appareils sur lequel on retrouve le Game Pass aujourd’hui. Cette approche fait la force de Microsoft, et Sony doit s’en rapprocher. La situation est frustrante : après avoir été novateur en lançant le PlayStation Plus, et avoir eu le nez creux en se lançant dans le cloud gaming avant tout le monde avec le PlayStation Now, Sony est aujourd’hui à la traîne.
Nous savons qu’un nouveau service qui fusionnera le PlayStation Plus et le PlayStation Now en une seule et même entité innovante ne devrait plus tarder à arriver. Son nom de code : le projet Spartacus. Il devrait rattraper tous les points sur lesquels l’entreprise est en retard : la rétrocompatibilité, l’accessibilité des dernières productions PlayStation, et aussi l’accès au cloud gaming. Cependant, il est un point sur lequel on a encore peur que Sony loupe le coche : rendre son service compatible avec le plus de plateformes possibles, dont le mobile.
PlayStation Now a après tout abandonné l’idée, alors qu’il aurait pu être le fer de lance de cette technologie qui aujourd’hui est vue comme le prochain grand terrain de bataille des éditeurs de jeu vidéo. Au point que de nouveaux acteurs se sont engouffrés dans la brèche avant lui, du grand nom Nvidia et son GeForce Now à la start-up française novatrice Shadow. Il est absolument temps que Sony se réveille sur ce point, et fasse en sorte que ses jeux exclusifs soient disponibles pour de plus en plus de joueurs, y compris sur mobile. Sans quoi, l’approche de Xbox prévaudra, car elle est incroyablement populaire.
Pousser le PC plus encore
C’est dans ce même ordre d’idée que Sony devrait ouvrir un peu plus ses portes à l’univers PC. Là encore, c’est l’approche de Xbox, et elle est parfaitement cohérente pour l’entreprise qui propulse également Windows. Du côté du constructeur japonais, on comprend un peu plus l’hésitation, d’autant que ce dernier a abandonné sa marque VAIO il y a bien longtemps de cela. Mais Xbox pousse l’industrie entière à considérer que les jeux priment sur la console, et au temps de Netflix et Spotify, cette philosophie s’implante incroyablement rapidement dans l’esprit des consommateurs.
On sait que Sony fait plusieurs pas en ce sens. Les sorties de Death Stranding, Horizon Zero Dawn et God of War sur PC en sont la preuve, particulièrement eût égard de la qualité de leurs portages. Le japonais a même investi en ce sens, puisque le dernier studio racheté par ses soins n’est autre que Nixxes, spécialisé dans le portage console vers PC. Là où on attend une évolution de la part de PlayStation, c’est sur la temporalité de ces portages. Horizon Zero Dawn est sorti sur PC trois ans après sa sortie console. God of War est sorti sur PC presque quatre ans après sa sortie console. Seul Death Stranding, un projet indépendant malgré le soutien financier de Sony, est sorti sur PC seulement un an après sa sortie console.
A voir ces chiffres, on croirait presque que l’éditeur japonais suit la chronologie des médias française, où les films sortis au cinéma doivent attendre trois ans avant de sortir sur les plateformes de VOD. Cette temporalité n’a plus de raison d’exister : les consommateurs finissent leurs jeux vite et passent au suivant tout aussi rapidement. Il a été prouvé depuis plusieurs années maintenant que le marché PC était un cousin du marché console, et non son rival. Il faut que la marque PlayStation existe au-delà des consoles PlayStation si elle veut résister à l’empire que se crée Microsoft dans son coin.
Créer une alliance japonaise
Il existe un terrain sur lequel Sony peut évoluer facilement, quand Xbox n’est pas de taille à lutter : le milieu japonais du jeu vidéo. Microsoft a beau avoir essayé de nombreuses fois par le passé, que ce soit sur Xbox, Xbox 360 ou Xbox One, les Japonais ne veulent pas entendre parler de sa console. C’est dommage pour eux, mais c’est un point sur lequel Sony pourrait se baser pour trouver du renfort dans ce marché du jeu vidéo consolidé vers lequel nous nous dirigeons doucement.
Sans même parler de rachats, des alliances pourraient se former pour contrer le géant américain. Il est après tout le seul à faire partie des GAFAM, ce qui explique son portefeuille si bien fourni. Dans ce contexte où Xbox dévore les studios américains un à un, les constructeurs et éditeurs japonais pourraient décider de se rallier pour former une entité aussi puissante qu’un GAFAM. A titre d’exemple, bien que le scénario puisse paraître grandiloquent en y pensant de nos jours, Nintendo et Sony ont plus en commun qu’on ne veuille bien l’admettre. Les deux sont des éditeurs qui misent en premier lieu sur le jeu vidéo, et en deuxième lieu sur le divertissement au sens large du terme. Quand Nintendo développe ses parcs d’attraction, Sony a une belle activité dans le milieu cinématographique.
Nintendo s’allie aujourd’hui avec Universal pour créer son futur film Mario. Rien ne dit que face aux mouvements du géant américain, il ne choisisse pas de tendre la main à Sony Pictures à l’avenir pour se renforcer l’un l’autre. Que les deux entreprises rivales trouvent un point d’entente face à un ennemi commun. Et qu’à termes, les deux enterrent la hache de guerre pour aller se frotter au colosse. Ce serait d’autant plus difficile de racheter Nintendo que l’entreprise japonais a passé ces dernières années à racheter ses propres actions pour éviter une prise de contrôle ; une alliance serait bien plus probable et profitable. Sans même partir sur un scénario aussi fou, Sony a de nombreuses cartes à jouer pour trouver des alliances japonaises du côté des éditeurs tiers, sans avoir forcément à sortir la carte du rachat. Il l’a après tout déjà fait pour trouver ses exclusivités ces dernières années.
Racheter des studios forts à moindre coût
Le rachat est à la mode, on le sait. Mais Sony n’a tout simplement pas le même poids que Microsoft sur ce terrain. Rendez-vous compte d’un fait : Microsoft est évalué à 2,335 milles milliards de dollars, et Sony à 142,47 milliards de dollars à l’heure de l’écriture de ces lignes. Dans cette situation, Sony est David, Microsoft est Goliath, malgré tout ce que vous pouvez penser des deux entreprises. C’est un fait. Jouer sur les mêmes platebandes que son adversaire est donc quasiment impossible pour Sony… ce qui ne veut pas dire qu’il ne pourrait pas jouer finement avec les entités restantes sur le marché. Geoff Keighley nous en a d’ailleurs donné les valeurs :
Dans cette liste, deux noms ressortent particulièrement lorsque l’on considère un éventuel rachat effectué par PlayStation. Le premier est beaucoup plus évident que l’autre : Capcom. Nous parlons ici d’un éditeur qui a souvent été lié à Sony et Nintendo, et qui sur ses derniers développements s’est déjà beaucoup rallié à Sony. Après tout, Street Fighter V n’aurait jamais vu le jour s’il n’avait pas été financé en partie par Sony. En prime, PlayStation a récemment racheté les droits de l’EVO, le plus grand tournoi de jeux de combat au monde ; s’assurer l’exclusivité de la plus grande licence au monde n’est qu’un pas de plus en ce sens. En prime bien sûr de nombreuses licences qui sont déjà pour beaucoup des semi-exclusivités PlayStation, comme Resident Evil ou Devil May Cry. Capcom paraît simplement évident.
L’autre nom qui attire notre regard n’est autre que celui de Square Enix. Là encore, les entreprises ont une histoire en commun et une bonne entente. La sortie de Final Fantasy VII Remake en est la preuve, tout comme l’exclusivité console de Final Fantasy XIV sur les PS4 et PS5. Final Fantasy XVI, prochain grand titre de la série, a déjà été annoncé comme une exclusivité. Et si Dragon Quest, son autre licence phare, est plus liée historiquement à Nintendo, cela ne l’empêche pas d’être un partenaire fort de Sony. Les ponts sont déjà érigés entre les deux entreprises : il ne s’agirait que de les traverser. Ces deux investissements auraient le mérite de faire tout autant de bruit que ceux de Xbox dans le milieu du jeu vidéo, mais à bien moindre coût.